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Procla et les femmes de l’Évangile sur le chemin de la Passion

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"Le Rêve de la femme de Pilate" ("The dream of Pilate's wife"). Une gravure d'Alphonse François (1814-1888) d'après Gustave Doré.

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Christine Pellistrandi - publié le 10/04/25
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Sur le chemin du Calvaire, représentons-nous les femmes qui ont vu leur vie transformée par Jésus, et qui viennent l’accompagner dans sa Passion. Parmi elles, imagine Christine Pellistrandi, auteur de "Moi, Procla, femme de Ponce Pilate" (Cerf), l’épouse du gouverneur romain, révoltée par l’injustice et en quête de vérité.

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Matthieu est le seul évangéliste à mentionner la femme de Ponce Pilate. Alors que celui-ci siège en pleine audience pour juger Jésus, il reçoit un serviteur envoyé par son épouse pour lui demander de ne pas se mêler de l’affaire de ce juste car elle a été tourmentée en rêve à cause de lui (Mt 27, 19). Représentons-nous cette femme sur ce chemin de croix imaginaire qui rassemble toutes les personnes qui ont vu leur vie bouleversée par leur rencontre avec Jésus.

Le choc de la Révélation

Procla (son nom est cité par les Apocryphes) ne comprend pas comment son mari renie le droit romain par lâcheté. Il a compris que l’homme qu’il jugeait n’avait rien fait de mal, mais il voulait d’abord que l’ordre dans la rue soit respecté car il avait peur d’une émeute qui dégénère. Toutes les valeurs de justice et de droit qu’apporte la civilisation romaine sont bafouées par Pilate. Avec courage, Procla sort alors du palais du gouverneur, voilée et anonyme, elle se fond dans la foule pour essayer de comprendre ce rassemblement des foules devant le passage des condamnés à mort en marche vers leur supplice. 

Alors qu’appartenant à la puissance occupante elle aurait pu les mépriser et les regarder de haut, elle entre en dialogue avec ces femmes qu’elle croise dans la rue et elle écoute leur témoignage. Toutes, elles expliquent comment elles se sont vues sauvées et guéries par Jésus. Très déconcertée par ce mélange entre l’histoire, la réalité et la Révélation, la femme de Pilate découvre la révélation du Dieu unique dont elle n’avait auparavant jamais entendu parler. Et il va y avoir un choc entre la philosophie païenne, l’éthique de Procla, et les personnages de l’Évangile. Tous sont confrontés au drame qui se passe sous leurs yeux : Pourquoi Jésus, qui n’a fait que le bien autour de lui, va-t-il être condamné de manière si injuste et si terrible ?

Toutes sur le chemin du calvaire

Elle rejoint tout simplement, sur le chemin du Golgotha, tous ceux et, surtout, toutes celles qui se pressaient pour suivre le Christ en sa Passion. En route, elle va faire la connaissance de nombreux personnages qui, chacun, vont lui témoigner d'un aspect différent de celui qu'elle cherche à découvrir, cet innocent accablé sous le poids de la croix qui, dit-on, a guéri et aimé tant de gens… La femme qui était venue par-derrière toucher le manteau de Jésus, la Syro-phénicienne qui suppliait pour sa fille malade, la veuve de Naïn qui venait de perdre son fils unique, la femme adultère à qui Jésus évita la lapidation, Zilpa, la servante du grand prêtre Caïphe qui devant le reniement de Pierre décide de prendre sa place et de suivre Jésus, Salomé, la fille d'Hérodiade qui avait charmé Hérode en dansant devant lui, toutes ces femmes prennent chair et s’expriment devant la Romaine : elles lui ouvrent le trésor de leur mémoire. 

Elles sont toutes là sur le chemin du Calvaire, celles qui ont décidé d’accompagner Jésus pendant son supplice. Ces femmes marchaient ensemble cherchant à se consoler, en racontant comment la rencontre avec Jésus avait changé le cours de leur vie. Marie, la mère de Jésus, Marie de Béthanie, la sœur de Lazare, Marie de Magdala sont toutes au pied de la Croix et elles délivrent le message de leur cœur déchiré d’amour si bien que la païenne, la Romaine va être émue au point de partager leur douleur devant une telle injustice dont elle se sent à sa manière, en tant qu’épouse de Pilate, elle aussi responsable !

Une Église invisible

Les femmes de l’Évangile nous font partager le choc intérieur d’une rencontre avec quelqu’un. C’est le dialogue intime avec Jésus qui les a poussés à sortir de chez elles et à se retrouver sur le chemin du Calvaire. Et pour Procla, c’est d’abord se révolter contre la justice, incarnée par son mari, et entrer peu à peu dans le mystère de la foi. Elle va passer d’un système de valeurs abstraites, le droit, la justice et la civilisation, à une sympathie, c’est-à-dire découvrir quelqu’un, et ce quelqu’un est le Christ.

Pour la femme de Pilate, la mémoire de cette nuit de feu devenait le sanctuaire de son futur baptême. Devenir elle-même : c'est pourquoi elle a marché sur le long chemin de la conversion, ce chemin dont parlait Jésus, celui qui dure toute une vie pour pouvoir s'approcher de la vérité. Sa vie serait désormais une quête de la vérité, même si elle devait continuer à accepter son statut d'épouse du procurateur. Oui, elle allait rentrer, reprendre ses fonctions auprès de son époux, jouer son rôle au sein du protocole impérial, mais elle savait qu'elle avait gagné sa liberté intérieure. Elle avait appris par bribes à découvrir qui était Jésus, qui était le Dieu d'Israël, compatissant et miséricordieux. Elle avait désormais des amies qui se chargeraient de la soutenir et de la faire grandir dans la foi. Elles se retrouveraient, prieraient ensemble et formeraient une maison domestique, une petite communauté intime de croyants qui se réconforteraient mutuellement, une première église secrète, une église des catacombes, invisible aux yeux du monde.

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