Depuis juillet 2023, une statue de saint Nicolas, de six mètres de haut, se dresse sur une colline dominant la campagne de Moselle. C’est sur ce terrain de quatre hectares que le Mont des saints est en train de se dessiner. Un projet que le père Grégoire Corneloup nourrit depuis plusieurs années. “J’étais admiratif de la Vallée des saints, en Bretagne, et convaincu que la Lorraine devait, elle aussi, mettre en avant ses figures de saints, dans un grand projet. Nous avons mis du temps à trouver le terrain. Nous avons reçu le soutien enthousiaste du président de la communauté de communes du Saulnois. Maintenant, tout est lancé !”
Ce projet ecclésial s’ouvre à toutes les réalités humaines, aussi bien individuelles que collectives. Il unit des acteurs variés, des agriculteurs aux sculpteurs, en passant par les élus et les paroissiens. Tous saluent le dynamisme et l’attractivité que le Mont des saints veut apporter à la région. Céline et Philippe Renard sont les agriculteurs locataires du terrain sur lequel se dresseront les statues : “Nous avons été séduits par un projet qui crée de la vie dans notre secteur, parfois si fragile. Nous espérons contribuer à la vitalité de notre territoire.”
Cette conviction que l'Église a un rôle fondamental dans la redynamisation du tissu social, le père Grégoire Corneloup l’a forgée notamment pendant la crise des gilets jaunes. “Cette France périphérique, pour reprendre les mots des sociologues, a besoin de retrouver fierté et espérance ! Le statut concordataire de la Moselle permet cette collaboration avec les élus. L’idée est que l'Église sorte de ses sacristies pour investir aussi le culturel. Nous avons la joie de construire concrètement un exemple de concorde entre l'Église et les collectivités, au service du Bien commun.”
Une invitation à la contemplation
Le Mont des saints est un site qui veut donner à voir du beau. La disposition du terrain et l’ascension de la colline, d’abord, invitent naturellement à la contemplation. La vue à 360 degrés déploie le regard et rappelle l’infinie bonté du Créateur. Cette contemplation est aussi un chemin vers le sentiment de gratitude, et de responsabilité. En s’insérant dans ce paysage lorrain, les immenses statues poussent elles aussi à la contemplation du savoir-faire artisanal et artistique, de l’histoire et de la culture qui façonnent les hommes.
À contre-courant de l’époque tournée vers le virtuel et l’éphémère, ces statues se dressent comme le signe du spirituel ancré dans le charnel. “Nous savons que cette œuvre prendra des dizaines d’années, souligne le père Corneloup, mais nous n’avons pas peur du temps. Nous ne travaillons pas pour nous. Quand tout s’accélère en notre monde, nous, nous croyons au temps long.”
Le père Corneloup, par ailleurs président de l’Institut saint Benoît qui œuvre pour la béatification de Robert Schuman, aime rappeler que l’engagement politique de ce père fondateur de l’Europe, originaire de Lorraine, est venu après un appel du chanoine Collin à préserver “l’âme lorraine”. “Le Mont des saints s’inscrit dans cette volonté. Nous sommes, en quelque sorte, en train de créer le patrimoine de demain !”
Un message spirituel fort
En mêlant art, histoire et évangélisation, la disposition des statues envoie un message fort. Le Christ en ascension sera entouré des saints fondateurs des diocèses de Lorraine : saint Mansuy, saint Saintin et saint Clément. Ces statues devraient apparaître d’ici 2025, rejoignant saint Nicolas et annonçant les dizaines d’autres statues prévues par le projet. Jésus apparaît ainsi comme l’aboutissement d’un chemin, sur lequel on rencontre les saints. La démarche physique d’ascension de la colline manifeste la vie sur terre comme une montée dans l’espérance de la vie auprès de Dieu, après la mort.
Monseigneur Ballot, évêque de Moselle depuis peu, a immédiatement encouragé le projet : “Le Mont des saints met à l’honneur de belles figures de chrétiens, qui suscitent en nous générosité et abnégation.” Le sculpteur, Michel Dardaine, confie d’ailleurs revenir à une vie d'Église grâce à cet ouvrage. “Ces saints, explique le père Corneloup, sont des géants de l’amour et de l’espérance. Leur présence artistique en ce lieu veut interpeller et inspirer. Ces saints nous disent que nous sommes faits pour plus grand que nous. Nous sommes faits pour une ascension qui a pour point culminant Jésus-Christ, envoyé du Père.”