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Louise, petite fille de 2 ans et demi, est emportée par un cancer pédiatrique incurable en trois mois. Ni la médecine, ni les chaînes de prière n’ont pu apporter la guérison. Zéna, sa maman, livre le récit de cette traversée, depuis "le glaive" de l’annonce jusqu’à celui de la mort de son enfant, en passant par la foi sûre en un miracle, la déception et l’incompréhension devant l’inéluctable. Et l’après : l’amertume dans le chagrin, la révolte puis l’apaisement, l’espérance qui renaît, les nouvelles rencontres, la vie qui refleurit.
Aleteia. Pourquoi avez-vous voulu raconter la maladie et la mort de votre petite fille ?
Zéna Daguerre. Perdre un enfant est l’une des épreuves les plus atroces que l’on peut vivre. Les femmes qui décident d’arrêter leurs grossesses volontairement et celles dont les grossesses s’arrêtent involontairement avant le terme ne sont pas exclues. J’ai eu l’occasion de discuter avec des femmes dont les grossesses n’ont pas abouti pour des raisons diverses et j’ai réalisé que traverser ces épreuves ne dépend pas d’une recette miracle à suivre pour s’en sortir. La douleur est présente légitimement dans chacune de ces situations. L’instinct maternel qui lie naturellement chaque femme à la vie qui fleurit dans ses entrailles lui donne conscience de porter déjà un être avec un cœur qui bat avant même de pouvoir poser son regard sur lui. Ceci suffit de la rendre consciente de l’immensité de la perte. Ces femmes ont toutes été touchées par la douleur et ont passé des années à récupérer. Chacune a réagi à cette épreuve différemment. Beaucoup de dégâts au niveau émotionnel ont été recelés. En revanche, ce qui nous aide à en sortir au mieux, c’est toute l’éducation que nous avons reçue depuis notre enfance. La force et la vigueur qui nous enveloppent ne sont que le résultat de nos expériences antérieures. Il n’y a pas de recette "miracle". La perte d’un enfant se vit pleinement, on la reçoit humainement avec beaucoup de souffrance. On s’interroge sur les faits, sur notre rôle, sur la vie, sur la présence de Dieu, sur la vie éternelle mais après, on s’accomplit avec la foi que nous avons développée dès notre jeune âge et qui se confirme par le passage de l’épreuve la plus dure qui puisse exister.
Qu’est-ce que la voie de l’enfance spirituelle de la petite Thérèse vous a appris au cœur de l’épreuve ?
Pendant la maladie de Louise et même après sa mort, je ressentais la présence douce de la petite Thérèse comme si c’étaient des roses qui s’offraient à moi à travers elle. Il y a toujours eu des petites histoires en lien avec elle dans ma vie. Ceci a commencé avec ma première fille, Lucie, dont le baptême a eu lieu à l’église du couvent Sainte-Thérèse à Shayle au Liban et à qui nous avons donné "Thérèse" comme nom de baptême. J’ai fait ce choix alors que j’étais à Paris. Je voulais absolument qu’elle soit baptisée là-bas, je ne savais pas pourquoi j’étais radicale dans cette décision, alors que ce n’était pas commun de célébrer des événements dans ce lieu et mon mari Camille a aussi consenti immédiatement.
C’était un couvent plus qu’un lieu de célébrations. J’ai donc eu une autorisation spéciale pour pouvoir y célébrer le baptême. Toute jeune, j’avais lu Histoire d’une âme et j’ai été touchée par la bonté et la pureté de cette sainte que rien n’égalisait. À travers elle, j’ai appris que l’on peut persévérer dans la bonté dans n’importe quelle situation. Elle faisait tout par amour du Christ et la quantité d’amour qu’elle éprouvait envers les autres ne me laissait pas indifférente. Pendant l’épreuve, je l’ai convoquée à travers des neuvaines et après la mort de Louise, nos visites à sa basilique de Lisieux se faisaient régulières. Je ressentais un certain lien incompréhensible avec elle et j’ai toujours eu cette dévotion particulière, comme si au ciel j’ai une amie qui intercède pour moi.
Y a-t-il des étapes qu'il faut suivre pour traverser l’épreuve ? Comment s’accrocher au Seigneur en chacune d’entre elles ?
Pendant la maladie, durant l’épreuve, et après la mort, nous vivons des étapes avec des intensités et des états d’âme différents. En premier lieu, il y a le choc de l’inattendu, de l’imprévisible qui envahit notre monde sans crier gare. Après cela, il y a la conscience que ce que l’on vit est bel et bien vrai, on l’assume et on le vit pleinement. La douleur s’intensifie avec cette phase mais elle s’anesthésie car elle est présente sans répit. C’est une douleur constante qui nous colle jour et nuit. Après la mort, il y a le questionnement, c’est la phase la plus importante pendant laquelle l’intensité de la prière nous fait mal puisque l’on sait que nous avons perdu l’être cher et que la prière n'a pas abouti comme on le désirait. On commence à douter. Cependant, c’est en restant ferme et bien entouré qu’on arrive à atteindre l’ultime union avec Dieu à travers la douleur et à travers la confiance qu’on lui accorde. Nous nous relevons mais jamais seuls. Nous nous relevons en Dieu dont la présence se fait concrète par les personnes qui nous entourent et les nouvelles rencontres tout en nous disant, "Seigneur, je sais que c’était toi".
Propos recueillis par le Fr. Baptiste de l’Assomption, OCD.
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