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Voilà une énième curiosité liturgique. Au nom trompeur qui plus est. La « séquence » est en effet la « suite » en latin, ici la suite de l’Alléluia, comme le rappelle le Dictionnaire de liturgie publié par dom Le Gall en 1987 qui ajoute qu’il s’agit du « chant rythmé qui ‘suit’ et prolonge le verset de l’Alléluia. » Pourtant, la Présentation générale du Missel romain stipule : « La séquence, qui est facultative sauf aux jours de Pâques et de la Pentecôte, est chantée avant l’Alléluia. » (PGMR, §64).
Avant ou après l’Alléluia, telle est la question ? Étymologiquement et historiquement, c’est après. Mais l’intégration liturgique de ces textes a entraîné une modification et une réduction de leurs usages. Les IXe et Xe siècles voient l’émergence et la formalisation du chant grégorien et, avec lui, d’un grand nombre de textes mélodiques. Parmi lesquels ces séquences qui prolongent l’Alléluia pour le mettre en valeur. Localement, les communautés chrétiennes composent alors cette sorte d’hymne, parfois en reprenant des parties des mystères, saynètes proto-liturgiques et populaires jouées devant les églises pour catéchiser : « Dis-nous Marie [Madeleine], qu’as-tu vu en chemin ? » demandent les apôtres qui s’entendent répondre « J’ai vu le sépulcre du Christ vivant… ».
Cinq séquences retenues
La prolifération de textes locaux appelle cependant une uniformisation, qui se fera dans le cadre de la canonisation et la généralisation de la liturgie romaine à la suite du concile de Trente. Dans le Missel alors publié, seules cinq séquences sont retenues : le Victimae paschali laudes, le Veni sancte spiritus, le Lauda Sion, le Stabat mater et le Dies irae pour honorer Pâques, la Pentecôte, la Fête-Dieu, Notre-Dame des Douleurs et les messes des défunts. Le Dies irae, sublimé notamment par Mozart, est sorti de l’usage ordinaire depuis la réforme du concile Vatican II, utilisé.
Aujourd’hui, deux fois dans l’année de manière obligatoire et deux fois de manière optionnelle, les fidèles entendent avant l’Alléluia ces textes qui permettent de méditer sur le sens de la fête célébrée. Le Victimae paschali laudes est ainsi un acte de foi : « Nous le savons, le Christ est ressuscité ; le Veni sancte spiritus est une longue supplique à la troisième personne de la Trinité pour qu’elle emplisse les cœurs ; le Lauda Sion reprend toutes les vérités de la foi catholique sur le mystère eucharistique ; le Stabat mater fait contempler la Vierge Marie au pied de la Croix.
S’il n’est plus chanté dans la messe du missel de Paul VI, le Dies irae peut encore être prié, et il est d’ailleurs proposé dans la liturgie des heures (XXXIVe semaine du temps ordinaire dans la version latine du bréviaire). D’autres séquences particulières persistent aussi localement, selon les calendriers propres. Le 11 juillet, les moins bénédictins chantent ainsi Laeta dies en l’honneur de leur père saint Benoît.