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Pourquoi le nombre de baptêmes d’adultes augmente en France

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Alex et Maud Lauriot Prévost - publié le 27/04/24
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Comment expliquer la croissance du nombre de baptêmes d’adultes en France ? Pour Alex et Maud Lauriot Prévost, fondateurs de la Communion Priscille et Aquila, le phénomène s’explique au moins en partie par une mutation pastorale profonde de l’Église de France.

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La forte croissance du nombre de baptêmes d’adultes en France est le signe majeur du passage d’une Église de pratiquants à une Église de confessants, d’une Église de sachants à une Église de témoins, d’une Église culturelle à une Église apostolique, et ce dans une grande diversité de formes et d’approches apostoliques. L’observation de ce phénomène — près de +50% en deux ans, +120% en dix ans, cette dynamique s’inscrivant visiblement dans la durée, avec des perspectives similaires au moins en 2025 — a été largement commentée ces dernières semaines. 

Une rencontre personnelle avec Jésus 

Que retenir en quelques mots de ce qui caractérise le profil de ces catéchumènes ? Provenance de milieux éloignés de la foi (plus du tiers), diversité sociale voire populaire, représentation importante des zones rurales, forte proportion de jeunes adultes et adolescents, importance-clé dans les "déclics" initiant leur cheminement des lieux de culte (églises, cathédrales, monastères), des communautés locales vivantes et fraternelles, de la qualité des liturgies et du silence, du témoignage vivant des grand-mères pratiquantes, d’évènements existentiels marquants (décès, maladie, séparation,...). Autre signe important : selon le témoignage de la quasi-totalité des catéchumènes, ceux-ci attestent d’une rencontre personnelle avec Jésus ; nous sommes donc loin de la primauté donnée à l’intellect, aux "valeurs" ou à des raisons d’ordre identitaire.

Que retenir d’autre qui n’a pas ou peu été développé ? D’une thématique plutôt heureuse et consensuelle dans le monde catholique, quelques commentaires ont relevé que la nouvelle évangélisation, les communautés nouvelles, voire le "marketing missionnaire" ou les "parcours-miracle" n’ont eu apparemment que peu d’impact sur ces catéchumènes ; en effet, seuls quelques-uns sont issus des parcours Alpha, ont fréquenté ces communautés ou ont été accrochés lors d’évangélisations de rue. Il n’est donc pas inutile de s’interroger sur les leviers et les causes apparents du phénomène de fond qu’exprime cette forte croissance des baptêmes d’adultes. 

Une mutation pastorale profonde

Des échanges ces derniers temps avec plusieurs personnes expérimentées dans la pastorale missionnaire, il ressort une hypothèse fort crédible pour expliquer, au moins en partie, ce phénomène  : depuis près de trente ans (a priori depuis 1997, le déclic des Journées mondiales de la jeunesse de Paris), l’Église en France a amorcé une mutation pastorale profonde, tout d’abord lente et assez marginale (fin de pontificat de Jean Paul II, pontificat de Benoît XVI), puis cette mutation s’est accélérée voici dix ans avec l’arrivée du pape François, son exhortation-programme sur la mission Evangelii Gaudium, sa mobilisation énergique des baptisés en tant que "disciples-missionnaires", ses injonctions vigoureuses pour rejoindre "les périphéries", pour "sortir du canapé" et donner la priorité à une profonde conversion pastorale, à l’annonce du kérygme [l’annonce du contenu de la foi en Jésus-Christ], au témoignage personnel en parole et en actes... C’est aussi, ces dernières années, l’arrivée en France aux postes-clé (évêques, curés de grandes paroisses, vicaires généraux, responsables laïcs divers) de la génération Jean Paul II, qui a bénéficié des premières JMJ (années 80-90), a été biberonnée depuis trente-quarante ans à la nouvelle évangélisation, au renouveau missionnaire, à la transformation pastorale, à l’orthodoxie catholique.

Un changement de culture

La dernière décennie a vu par exemple se déployer de manière incroyable le Congrès Mission (suivi très récemment par le projet Kerygma organisé par les évêques en octobre 2023) : il apparaît chaque année et de très loin comme le plus grand rassemblement ecclésial de France ; il rassemble autour de la mission d’évangéliser, de manière explicite et dans une grande diversité de formes et de styles, l’essentiel des forces vives françaises de l’Église catholique d’aujourd’hui (plus de 30 à 40.000 participants, de 8 à 15.000 chaque année). 

La dynamique et le renouveau missionnaire que nous connaissons en France est assez unique en Europe, dans son ampleur et sa créativité.

Ce changement de culture, de paradigme comme on dit aujourd’hui, ne s’illustre-t-il pas, justement, par cette forte croissance des catéchumènes en France ? S’ils sont 12.000 en 2024 (non plus 3 ou 4.000 comme il y a quelques années), c’est bien le signe d’une forte croissance de la demande à la porte des presbytères ou des aumôneries ; pour y répondre, il a bien fallu créer un contexte pour accueillir ces demandes avec bienveillance et justesse, demandes sans doute incertaines, bafouillantes, au moins dans ses débuts ; il a bien fallu préparer, entretenir et déployer un terreau propice afin que la graine de la conversion germe et que la plantule de la foi croisse à son rythme. Ce terreau, plus profond, plus fécond, plus vaste, est le fruit de cette mutation pastorale et missionnaire que connaît l’Église en France depuis deux ou trois décennies.

Une spécificité française ?

Avec d’autres observateurs, nous relevons depuis longtemps que la dynamique et le renouveau missionnaire que nous connaissons en France est assez unique en Europe, dans son ampleur et sa créativité. Le Pape lui-même l’avait exprimé voici deux ans à notre petite délégation de la Communion Priscille & Aquila : "Il y a une spécificité française qui tient à ce foisonnement missionnaire assez étonnant, avec beaucoup d’initiatives provenant de laïcs, c’est le fruit de l’Esprit saint." Même si la croissance du nombre de catéchumènes catholiques s’observe dans plusieurs pays d’Europe, la France semble aussi se singulariser des autres pays par l’ampleur de cette croissance et son amplification année après année. 

Bref ! bien plus que des outils, des parcours, des "trucs" ou des astuces missionnaires, bien plus que telle ou telle communauté ou courant, c’est avant tout une nouvelle culture missionnaire, qui s’est installée et se généralise au travers de réalités, des initiatives nombreuses et très différentes. Ce qui explique qu’aucune n’émerge clairement au travers des statistiques sur la provenance des nouveaux catéchumènes : elle renvoie à la théologie ecclésiale de saint Paul sur le corps unique, les différents membres de l’Église. Tout ceci est une excellente nouvelle en terme de richesse, de vitalité et d’unité dans la mission.

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