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Haut-Karabagh : une église et un cimetière rayés de la carte

arménie, haut karabagh

L'église Saint-Jean-Baptiste de Chouchi a été entièrement détruite.

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Cécile Séveirac - publié le 24/04/24
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Des images satellites datées du 4 avril 2024 montrent la destruction totale de l'église Saint-Jean-Baptiste de Chouchi, au Haut-Karabagh, ainsi que d'un cimetière. Le patrimoine chrétien arménien semble plus que jamais en danger alors que l'enclave est désormais sous domination azérie.

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Que restera-t-il de la présence arménienne au Haut-Karabagh ? Cette question se fait chaque jour plus lancinante, à l'heure où les forces russes d'interposition présentes depuis 2020 dans l'enclave ont entamé leur retrait. Le Karabagh était déjà vidé de sa population arménienne, contrainte à l'exil après la conquête éclair de la région par l'Azerbaïdjan en septembre 2023. Seul subsiste un patrimoine chrétien millénaire, dont l'avenir semble plus que jamais compromis. Ainsi, à Chouchi, haut-lieu du Karabagh sous contrôle azéri depuis l'accord de cessez-le-feu en 2020, il ne resterait plus rien de l'église Saint-Jean-Baptiste. Celle-ci aurait été totalement rasée.

C'est ce que montrent les images satellitaires publiées par le collectif Caucasus Heritage Watch, composé de chercheurs et d'analystes des systèmes spatiaux, le 18 avril 2024. Un cliché récent en date du 4 avril 2024 montre l'emplacement de l'église vide, confirmé par une vidéo au sol publiée sur le réseau social Telegram par un média azéri. Construite en 1847, cette église également appelée "chapelle verte" (Kanach Zham), avait déjà été endommagée en 2020 lors de la guerre des 44 jours. Elle avait alors été couverte d'échafaudages, à l'image de la cathédrale Ghazanchetsots de la ville. D'autres images montrent la disparition complète du cimetière accolé à cette cathédrale. Selon Caucasus Heritage Watch, il s’agit du troisième cimetière entièrement détruit depuis le cessez-le-feu de 2020. Parmi eux, le cimetière du village de Mets Tagher, anéanti en 2021.

Guerre culturelle et identitaire

Afin de préserver ce patrimoine essentiellement religieux, l'Arménie lutte avec les rares moyens dont elle dispose. Erevan a notamment intenté une action devant la Cour Internationale de justice (CIJ), qui statue en ce moment même sur les différents griefs que les deux États s'imputent mutuellement. "Après avoir menacé de le faire pendant des années, l’Azerbaïdjan a achevé le nettoyage ethnique de la région", a ainsi argué le 16 avril Yeghishe Kirakosyan, représentant du gouvernement arménien. Un nettoyage ethnique que Bakou "consolide désormais en effaçant systématiquement toutes les traces de la présence des Arméniens de souche, y compris le patrimoine culturel et religieux arménien", selon l'Arménie. Cette entreprise de destruction de l'identité arménienne trouve de nombreux exemples. Avant l'église de Chouchi, l’église de Vankasar, dans la région de Martakert, située au nord du Haut-Karabagh, avait ainsi été privée de sa croix en février 2024.

Les deux pays ont engagé de nouveaux pourparlers afin de délimiter leur frontière commune, mardi 23 avril. "Nous sommes plus près que jamais" d'un accord de paix, a ainsi déclaré Ilham Aliev, le président azéri. De son côté, Erevan a confirmé des "travaux de délimitation" de la frontière, tout en excluant "le transfert de toute partie du territoire souverain de l'Arménie". Un jour plus tôt, des manifestations arméniennes protestaient contre la cession par Erevan de plusieurs villages frontaliers abandonnés, possédés par l'Arménie depuis la guerre de 1990. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a qualifié les efforts de délimitation de la frontière de "changement significatif sur le terrain", car ces pays rivaux "ont désormais une frontière et non plus une ligne de contact, ce qui est un signe de paix."

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