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Fondateur de l'école d'évangélisation CapMissio et prêtre du diocèse de Montpellier, le père René-Luc, qui collabore avec Aleteia depuis de longues années, a été écarté de la direction de l'établissement le 3 avril 2024 à l'issue d'une visite canonique. Depuis, plusieurs voix se font entendre pour déplorer les conclusions de la visite qui a révélé l'existence de "dysfonctionnements qui ont ébranlé l’équilibre humain, spirituel, psychologique d’un certain nombre de capmissionnaires".
Dans une tribune collective, mise en ligne le 15 avril dernier, d'anciens étudiants de CapMissio prennent la parole afin "d'apporter un éclairage supplémentaire". Tout en assurant reconnaître la souffrance des personnes auditionnées, ils se décrivent "fiers" de leur année missionnaire au sein de cette école. Les signataires, des anciens capmissionnaires, regrettent notamment de n'avoir été ni informés ni consultés lors de la visite canonique ordonnée par le diocèse, et déplorent la fermeture "soudaine" de CapMissio : "Quelle sera la suite de toutes les missions portées par CapMissio ? Quelles possibilités restera-t-il en France pour la formation des jeunes catholiques à l’évangélisation alors que nous voyons ce type d’écoles fermer les unes après les autres faute de soutien de notre Église ?", s'inquiètent-ils.
À cette heure, la tribune rassemble 937 signatures et 400 témoignages de soutien. "Après avoir vécu une telle expérience, il est de mon devoir de me battre pour que d'autres jeunes puissent bénéficier des beaux fruits qu'apportent les écoles de mission, écrit ainsi Théodore, membre de la neuvième promotion CapMissio touchée par la fermeture. Si des réajustements voire une refonte sont nécessaires, fermer définitivement cette école serait une tragédie pour l'Église de France". Plus loin, Anne-Clothilde, désormais religieuse carmélite, témoigne du rôle qu'a joué CapMissio dans sa vocation. "Je pensais donner un an à Dieu en faisant CapMissio, mais c’est Dieu qui m’a fait cadeau de cette année. J’en ressors fortifié dans ma foi", assure quant à lui Joseph.
25 personnes auditionnées
Ordonnée par Mgr Norbert Turini, archevêque du diocèse, après un signalement auprès de la cellule d'écoute diocésaine, la visite canonique qui a conduit à le fermeture de CapMissio a été menée par Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire de Toulouse, et Marie-Dominique Corthier, ancienne directrice du Centre spirituel des Coteaux-Païs. Selon ces derniers, "des personnes ont été fragilisées pendant leur passage à CapMissio, d’autres en ont pris conscience dans la période qui a suivi". Cette fragilisation est imputée par le rapport de visite à la personnalité du père René-Luc. Au total, 25 personnes ont été auditionnées du 21 au 23 février 2024, parmi lesquelles huit anciens ayant eu des difficultés relationnelles avec le père René-Luc et dix jeunes de la promotion actuelle. Les autres anciens et actuels membres du Conseil d'administration de l'école n'ont pas été entendus, ce qui pousse ces derniers à déplorer un déséquilibre selon eux dans l'enquête et une "disproportion manifeste entre les dysfonctionnements soulevés, dont le père René-Luc avait conscience, et les décisions radicales prises".
Fondée en 2015, l'école CapMissio permettait à des jeunes âgés de 18 à 26 ans de consacrer une année de leur cursus estudiantin à l'évangélisation. "D’un côté, nous avons des jeunes qui demandent à être formés. Et de l’autre, nous avons une Église qui manque cruellement de jeunes assez instruits pour s’adresser aux autres", constatait le père René-Luc en 2015. Entre les temps de prière, les étudiants se forment à l'anthropologie, à la philosophie, à l'étude de la Bible ou encore à la théologie et s'investissent dans diverses missions au cœur du diocèse de Montpellier.