Cette semaine, trois clubs français de football étaient engagés dans les quarts de finale de Coupe d’Europe : Paris Saint-Germain, l’Olympique de Marseille, et Lille. Et les deux premiers sont sortis vainqueurs en éliminant des grands clubs européens : le FC Barcelone et le Benfica de Lisbonne. Seul Lille a contenu la défaite d’extrême justesse durant l’épreuve des tirs au but face au grand club anglais d’Aston Villa. Pareille situation n’était plus arrivée depuis 2020 et la présence de Lyon et du PSG en demi-finale. C’est donc une situation bien réjouissante pour l’Hexagone avec les deux premières villes du pays qui donnent ainsi du bonheur à leurs supporters et donc à une large partie de la population.
Le talent des entraîneurs
Ce résultat est le fruit d’une longue expérience de ces deux clubs dans les joutes européennes depuis plus de trente ans. Et ce sont d’ailleurs les deux seuls clubs français à avoir gagné un trophée européen : Marseille en 1993, et Paris en 1996. Une éternité déjà, ce qui montre tout de même notre position d’outsider sur l’échiquier européen. Les deux aventures de 2024 sont néanmoins très différentes.
On a vu aussi plusieurs joueurs se signer pour implorer la Providence. Dans notre société où des signes visibles de fracture s’accumulent, il est bon de souligner le bonheur que procure le sport et son rôle d’évidente communion entre les hommes.
D’un côté le PSG, qui tente depuis son rachat par les Qataris de s’imposer au sommet de l’Europe avec des moyens financiers considérables. On notera néanmoins que le départ des deux stars Messi et Neymar la saison dernière ont permis au club de construire un effectif plus équilibré sans doute, et un vestiaire un peu plus solidaire. En effet, c’est bien en équipe que Paris a vaincu cette semaine le club catalan chez lui au stade olympique de Montjuic avec une éclatante victoire 4 buts à 1. De l’autre une équipe marseillaise un peu bancale, avec de nombreux blessés mais qui fit preuve d’un immense courage pour résister aux coups de boutoir lisboètes avant de vaincre lors de la séance des tirs au but dans son antre mythique du stade Vélodrome qui s’est transformé en un immense lieu de fête à la fin du match. Tout sépare également le profil des deux entraîneurs : d’un côté le catalan Luis Enrique, multiple vainqueur de coupes d’Europe comme joueur puis entraîneur, justement avec le FC Barcelone. De l’autre un entraîneur français septuagénaire, Jean-Louis Gasset, arrivé à la rescousse il y a quelques semaines pour remplacer l’entraîneur précédent en grande souffrance, et qui a réussi à redonner confiance et allant à une équipe moribonde en début d’année.
La pâte humaine
Dans un sport où la sophistication des tactiques, des entraînements, des "datas" vont toujours plus loin et dans un niveau infini de détail, c’est encore la pâte humaine qui nous touche le plus. Défait 3 buts à 2 la semaine précédente au Parc des Princes, Luis Enrique a su donner une âme supplémentaire à son équipe, en montrant sa confiance absolue dans la capacité de retournement, ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire de la coupe d’Europe pour un club français. Les mots, les regards, les accolades, les conseils donnés, c’est tout cela qui a permis la victoire. Même chose pour Jean-Louis Gasset qui a dû faire appel à des joueurs très jeunes compte tenu des blessés, et qui a su les décomplexer, leur donner de l’assurance, et leur permettre de se hisser à un niveau inattendu.
Cette glorieuse incertitude du sport existe même et surtout dans le football et ce sont les hommes qui la provoquent dans un sens comme dans un autre avec une profonde humanité ; le niveau de ces confrontations européennes est tel qu’on ne peut plus feindre, ou se cacher, car il faut tout donner pour de bon. On a vu aussi plusieurs joueurs se signer pour implorer la Providence. Dans notre société où des signes visibles de fracture s’accumulent, il est bon de souligner le bonheur que procure le sport et son rôle d’évidente communion entre les hommes.
Un incroyable scénario
Notons enfin que le hasard des tirages au sort pourrait faire que Kylian Mbappé se retrouve en finale face au Réal Madrid, très vraisemblablement son futur club, puisque celui-ci a annoncé il y a quelques semaines son départ du PSG. On serait là dans un incroyable scénario dont nul ne pourrait imaginer l’issue. En attendant, se profilent donc des demi-finales début mai, pour prolonger les rêves en cette année où le sport sera roi dans notre pays.