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S’il est souvent évoqué le rôle des mères dans l’éducation des enfants, celui des pères est moins étayé dans les rayons pédagogie et éducation. Pourtant, ces derniers, depuis un demi-siècle, prennent une place de plus en plus présente et investie dans la vie de leurs enfants. Si tout papa a des attentes pour son enfant, quelles sont les attentes d’un enfant vis-à-vis de son père ? Aleteia a interrogé un panel de jeunes enfants pour avoir leur représentation d’un bon père. Petit florilège de réponses aussi adorables qu’instructives.
Il s’intéresse à ses enfants et prend du temps pour eux
"Pères, de vos enfants guidez le premier âge, ne forcez pas leur goût, mais dirigez leurs pas." Voltaire
Une grande partie des enfants interrogés estime qu’un bon père se montre attentif et intéressé par ses enfants. Camille, 8 ans, l’exprime ainsi : "c’est un papa qui ne fait pas que travailler, il fait des activités avec nous et nous demande comment ça s’est passé à l’école." L’enfant, dans le regard de son père, a besoin de se sentir reconnu et important : "un papa qui discute avec nous et s’intéresse à ce qu’on fait", souligne Siméon, 10 ans. Ce n’est pas tant la quantité de temps disponible qui semble importante mais bien sa qualité : "c'est un papa que j'aime, il m'amène à l'école, on ramasse du bois ensemble" nous raconte Roxane, 6 ans. Pour Paule, "il raconte une histoire le soir avant de dormir" et pour Lia : "Il lève la tête de son travail quand on l’appelle et prend le temps de nous écouter. Quand il ne travaille pas il est vraiment avec sa famille", poursuit la jeune fille.
Ce temps passé par le père avec son enfant permettrait à ce dernier de développer des qualités autres que le temps passé entre la mère et l’enfant. Miljkovitch & Pierrehumbert dans leur étude Le père est-il l’égal de la mère ? suggèrent que le père présente des qualités différentes en tant que figure d’attachement. Celui-ci joue un rôle essentiel dans l’autonomisation et l’ouverture de l’enfant vers l’extérieur. Ainsi, pour Foucauld, le bon père de famille "construit des cabanes, cueille des champignons, bricole, jardine, fait des cartes au trésor de pirate et fait découvrir la nature !". A contrario de la mère, qui accueille l’enfant dès sa conception et qui porte l’enfant dans sa chair, le père, lui, rencontre son enfant à la naissance. C’est naturellement qu’il sera celui qui le guide vers l’extérieur, vers le monde, vers autrui. Selon le père Pierre-Marie, le père "invite l’enfant à se dépasser et l’entraîne plus loin que la sécurité maternelle, afin qu’il puisse à terme trouver la sécurité en lui-même."
Il aime et chérit sa famille
"Un papa, c’est une présence rassurante, chaleureuse, bienveillante, à la fois pour la maman et pour l’enfant." Jacques Salomé
Enéa, du haut de ses quatre ans, a une vision bien à elle du rôle du père dans la famille : "c’est un papa qui rend la maman heureuse et comme ça tout le monde va bien !". Comme un cercle vertueux, l’amour du père pour sa femme, rejaillirait sur les enfants du foyer. L’amour est également réclamé du côté des enfants, bien sûr, en témoigne le souhait d’Arthur : "C’est un papa gentil, qui ne tape pas, ne gronde pas, fait des câlins et des bisous, qui nous endort gentiment et dit bonjour à maman."
Le souhait d’un père qui rend heureux leur mère, et réciproquement, se retrouve dans de nombreuses réponses. Elle traduit bien l’importance, quand cela est possible de prendre soin de son couple tout autant que sa vie parentale. Dans le cas des familles séparées, les attentes différent et se recentrent sur l’enfant : "C’est un père qui est content quand on vient chez lui et qui nous le montre en préparant des activités et des repas qu’on aime" raconte Eléna, 7 ans. La tendre protection du père de famille reste une idée prégnante qui revient dans beaucoup de mots d’enfants. Comme le dit Léon, "un bon papa, c’est un papa qui nous protège et nous rassure quand on a peur". Inès pense tout simplement qu’un bon papa "aime ses enfants grand comme ca !" mime t-elle les bras grands ouverts.
Il éduque, pose des limites et encourage
"Un papa, c’est l’autorité côté cour et la tendresse côté jardin." Jean Gastaldi
De leur père, les enfants attendent également des limites et des repères. S’ils souhaitent un père "qui ne crie pas et ne gronde pas trop", ils restent conscients de l’importance d’un papa "qui nous aide à bien grandir, qui nous donne des règles" selon Louis, et "qui nous apprend à devenir quelqu’un de bien" selon les mots de Thomas. Si l’image du père et de la mère de famille évolue avec le temps, cette idée d’autorité paternelle reste bien ancrée : "il n’a pas besoin de se fâcher il prend sa grosse voix et on va se coucher" comme l’exprime la petite Victoire.
Dans leur portrait du bon père, les enfants expriment aussi leur besoin de reconnaissance du père : « il n’est pas obnubilé par nos notes en maths », « il sait nous féliciter quand on réussit quelque chose », « il ne fait pas que râler, il nous encourage ». Le regard d’un père sur son enfant reste très marquant et contribue à faire grandir son estime de soi. Danielle Paquette dans sa publication « La relation père-enfant et l’ouverture au monde » parle d’une relation d’activation père-enfant, en complément à la relation apaisante d’attachement mère-enfant. Le père, en prenant sa place dans la vie de l’enfant, devient celui qui apporte la confiance en soi et en ses capacités, ainsi que la sérénité face au monde.
Le Pape Francois le rappelait dans son audience « pour encourager les pères d’aujourd’hui », en 2015 : « Les enfants ont besoin de trouver un père qui les attend quand ils reviennent après leurs échecs. Ils feront tout pour ne pas l’admettre, pour ne pas le faire voir, mais ils en ont besoin. Et quand ils ne le trouvent pas, cela ouvre en eux des blessures difficiles à cicatriser ». Il ajoutait à cela « Un bon père corrige mais n’humilie pas. Il sait attendre et pardonner, mais il sait aussi corriger avec fermeté : ce n’est pas un père faible, qui cède, sentimental. Il sait corriger sans humilier. »
Il travaille pour sa famille
"Un bon père de famille doit être partout, dernier couché premier debout." (Proverbe français)
Pour Mattéo, et pour de nombreux enfants interrogés, « un bon père, c’est un papa qui travaille pour qu’on ne manque de rien ». Les enfants sont lucides : si leurs parents travaillent, c’est aussi un acte d’amour, ils le font pour subvenir aux besoins de la famille. Si de nos jours une grande majorité des femmes travaillent, les pères restent peu nombreux à être « au foyer ». Les enfants expliquent ainsi la présence souvent moins grande du père et ne semblent pas leur en tenir rigueur. « Il part très tôt travailler même quand il n’a pas envie, parce que c’est sa mission de papa. Ma mission d’enfant c’est d’aller à l’école ! », explique Clara, 5 ans.
Un bon papa donne l'exemple
« Pour un bon fils, son père est toujours le meilleur des pères, en dehors même de toutes raisons objectives de l'admirer. » (Marcel Proust)
Un bon père, pour Foucauld, c’est un père « qui sert ses enfants et donc éduque ses enfants à rendre service. » Beaucoup d’enfants font la liste de ce qu’un bon père ne fait pas : « il ne fume pas, en tous cas pas devant nous », « il ne laisse pas les autres tout faire pour lui »… « Il ne crie pas, il dit juste les choses avec une grosse voix pour qu’on comprenne » résume Albane ! Si la notion de « bon père de famille » a disparu des textes juridiques depuis 2014, ses caractéristiques perdurent. Prudence, attention, souci de ce qui nous a été confié… Un bon père de famille prend soin de sa famille et pose des actes d’amour au quotidien, par sa présence, son travail et sa protection. Il est une présence complémentaire à celle de la mère. Comme l’exprime Maylis, 5 ans « c’est un papa qui éduque son enfant comme la maman : il gronde son enfant quand il fait des bêtises, il s’occupe de lui, il lui prépare à manger, il joue avec lui… »
Un bon père serait peut-être simplement celui qui ose prendre sa place auprès de ses enfants, selon la configuration de la famille et du travail de chacun. « Le fait d’être père s’apprend surtout dans la manière qu’a l’homme de rentrer en contact avec son enfant : c’est un processus qui tient plus de la psychologie que de la biologie », soutient le Père Pierre-Marie dans son Halte spirituelle (2005). « C’est aussi rentrer dans une logique de don de soi-même », développe t-il. Enfin, comme le rappelle le Pape dans son audience de 2015, la foi aide le père de famille dans son engagement : "Sans la grâce de Dieu, les pères se découragent… Sans cette grâce qui vient du Père qui est aux Cieux, les pères, qui vivent la paternité à la première personne, perdent courage et abandonnent la partie…"