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C’est en 1993 que sont découvertes, dans l’église Sainte-Marie à Espira-de-Conflent, dans les Pyrénées orientales, quatre toiles décoratives oubliées là depuis des lustres et dont l’usage s’était perdu. Dans le département, une dizaine d'années de recherches ont mis au jour des décors du même type dans près de 40 églises, ainsi que des objets liturgiques en usage jusque dans les années 1940 mais oubliés depuis. Une enquête mêlant ethnographie, recherche de sources photographiques, ajoutée à une campagne de restauration ont permis d’en savoir un peu plus.
Les "monuments" dont on parle ici sont des toiles peintes, déployées de façon éphémère au sein même des églises au cours de la semaine sainte dans la région du Roussillon et en Catalogne. Ils sont en général constitués de trois décors successifs. Pourquoi ce nom ? Il vient du mot latin monumentum, désignant à la fois le souvenir, la mémoire, et le tombeau.
Des décors portés par la piété populaire
L’usage de ces décors n’a jamais été prévu par la liturgie. Il semble donc bien que ce soit la piété populaire qui a suscité leur élaboration à partir du XVIe siècle. Le Jeudi saint, ils étaient déployés pour créer un espace pour le reposoir, et le Vendredi saint, le Saint-Sacrement était porté à l’autel majeur, accompagné d’un crucifix.
Les détails de ces toiles reprennent bien souvent les attributs de la passion. Rien ne manque : la bourse des 30 deniers, les fouets, les clous, l’étendard romain SPQR… Même l’oreille du serviteur du grand-prêtre, tranchée par Pierre, est visible sur un sabre du décor de la paroisse d’Estoher.
À Pâques, les décors étaient déposés, certains roulés autour d’un mât en bois ou bien entreposés grâce à l’emboîtement de châssis de taille moyenne… en attendant l’année suivante.
Pour en savoir plus
Certains de ces monuments sont classés au titre des monuments historiques. La valorisation de ce patrimoine religieux passe par des expositions, la dernière a eu lieu en 2017, ou par leur utilisation retrouvée dans la liturgie. Ainsi à Estoher, l’installation du décor se fait au début de la semaine sainte et il reste en place cette année encore jusqu’aux journées du patrimoine. L’opération de montage et de démontage mobilise une dizaine de bénévoles qui continuent ainsi de faire vivre la paroisse et son patrimoine, et partagent ensuite un temps convivial à cette occasion.