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À Souillac, un Christ plein d’indulgence pour les faiblesses humaines

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Théodore Chasseriau, "Le Christ au Jardin des Oliviers", 1844 - Souillac (Lot, France), Abbatiale Sainte-Marie.

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Sophie Roubertie - publié le 27/03/24
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Le peintre Théodore Chassériau a pris au milieu du XIXe siècle le risque d’entreprendre un immense tableau sur le thème du Christ au Jardin des Oliviers, sans commande. L’œuvre peut désormais être contemplée dans le Lot.

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C'est une histoire qui commence à la fin des années 1830. Le ministère de l’Intérieur passe commande au jeune peintre Théodore Chassériau, 21 ans et élève de Jean-Auguste-Dominique Ingres, d'un Christ au jardin des Oliviers pour l’église de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime). Ses dimensions sont imposantes, il mesure plus de 4,5 mètres sur 3,5 mètres. Présenté au Salon en 1840 à Paris, l’administration le fait aussitôt déposer dans le sanctuaire charentais.

Peut-être vous demanderez-vous quel est le rapport entre ce tableau et celui de l’église de Souillac, dans le Lot. Si le thème est identique, il ne s’agit pas d’une copie. La composition et l’esprit en sont différents. Chassériau devait être fasciné par ce thème de Jésus au jardin des Oliviers, car, après la commande pour Saint-Jean-d’Angely, il entreprend de réaliser un nouveau très grand format, en reprenant ce sujet.

"Le Christ au Jardin des Oliviers" ,1844, Théodore Chasseriau, Abbatiale Sainte-Marie, Souillac. peinture
Théodore Chasseriau, "Le Christ au Jardin des Oliviers", 1844 - Souillac (Lot, France), Abbatiale Sainte-Marie.

C'est un risque que l'artiste prend car il n’a pas de commande. Il peint par choix personnel. Cette idée peut apparaître surprenante, car la taille de l’œuvre est considérable : 5 mètres sur 3,4 mètres. Inévitablement cela entraîne des frais importants pour le peintre, sans aucune assurance qu’elle soit achetée par la suite. En 1844, le tableau, réalisé à la peinture à l’huile, est présenté à Paris, au Salon, où il fait sensation. La manière novatrice de traiter le sujet et le caractère monumental attirent les regards… et l’intérêt de l’administration royale, nous sommes sous le règne du roi des Français, Louis-Philippe Ier. 

Il faudra néanmoins attendre 1848 pour que le ministère de l’Intérieur s’y intéresse suffisamment pour l’acquérir et le déposer à Sainte-Marie de Souillac. Cette ancienne abbaye bénédictine du XIIe siècle, a subi les affres de l’Histoire, comme nombre de lieux de cultes et de monastères. Ruinée et saccagée à plusieurs reprises pendant la guerre de cent ans, puis lors des guerres de religion, elle est vendue comme bien national au cours de la Révolution. Elle devient un temps collège, puis voit ses bâtiments transformés en lieu de stockage des feuilles de tabac avant de trouver une vocation paroissiale sous le Ier empire. Le choix de déposer ce chef d'oeuvre de Chassériau à Souillac reste un mystère.

Un Christ serein et indulgent

Près de deux cents ans après, c’est toujours dans ce lieu que les fidèles et visiteurs peuvent contempler ce Christ, qui semble si indulgent pour les faiblesses humaines. Au jardin de Gethsémani, dans la lueur blafarde de la lune, Jésus découvre Pierre, Jacques et Jean endormis. "Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil" (Mt 26, 43). Sur la gauche, à l'arrière-plan, on distingue la troupe d'hommes armés, menée par Judas, qui vient pour l'arrêter. Jésus s’apprête à annoncer aux endormis : "Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre." (Mt 26, 46)

[En images] : Jésus dans l'art et la littérature :

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