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L’Église célèbre le 27 mars la fête du bienheureux Francesco Faà di Bruno, assurément moins connu que Blaise Pascal, mais dont la vie multiple n'est pas sans résonance avec celle de son célèbre devancier. Francesco (François) Faà di Bruno est né à Alexandrie dans le Piémont le 29 mars 1825. Il embrasse la carrière militaire comme officier d'état-major, spécialisé en géographie et cartographie. Il faut dire, et c'est le premier élément qui le rapproche de Pascal, qu'il est un excellent mathématicien. Mal à l'aise dans la compagnie des autres officiers dont il ne partage pas la conduite souvent brutale et anticléricale, il est envoyé à Paris pour se perfectionner dans le domaine scientifique. À la Sorbonne, il travaille sous la conduite du mathématicien Augustin Cauchy, qui s'était exilé à Turin quelques années auparavant par fidélité à Charles X et qui fut le précepteur du futur comte de Chambord. À Paris, Francesco est apprécié par son professeur pour ses connaissances mais aussi pour sa foi et sa philanthropie. Dans la capitale, il travaille également avec l'astronome Urbain Le Verrier, qu'il aide, par ses calculs, à mettre en évidence l'existence de la planète Neptune.
Revenu à Turin en 1853 à l'âge de 28 ans, il quitte l'armée pour se consacrer à ses recherches et enseigner à l'université où il souffre également, comme pendant sa carrière militaire, du climat antireligieux prévalant alors dans les milieux scientifiques. En 1859, il formule la règle mathématique qui porte désormais son nom sur la dérivation des fonctions composées. Esprit pratique comme Pascal qui avait imaginé les carrosses à cinq sols, premiers transports en commun de Paris, son émule italien conçoit, pour sa sœur aveugle, un réveil électrique scandant chacune des heures de la journée.
Un clocher de 80 mètres de hauteur
Mais avant tout homme de foi habité par la charité, tout comme Pascal qui consacra la fin de sa vie à soulager les pauvres, Francesco Faà di Bruno se lance, en 1859, dans la création d'une œuvre pour les femmes fragilisées par leurs conditions de vie (domestiques, filles-mères, prostituées, femmes âgées ou infirmes) qu'il place sous la protection de sainte Zita, patronne des personnels de maison. En 1869, il fait édifier à Turin, à partir de plans qu'il a lui-même établis, l'église de Notre-Dame du Suffrage qui présente la particularité d'avoir un clocher droit de 80 mètres de hauteur au sommet duquel chaque côté est flanqué d'une horloge visible par tous afin que les domestiques puissent faire valoir à leurs patrons le terme de leur journée de service.
Constituant toujours l'un des édifices les plus élevés de la ville, l'église devient, en 1881, le siège de la congrégation des Sœurs minimes de Notre-Dame du Suffrage vouée initialement à la prière quotidienne pour les morts de le guerre, Francesco ayant été très marqué par la bataille de Novare à laquelle il avait participé trente ans auparavant et par la mort de son frère Emilio tombé à la bataille navale de Lissa en 1866. Il faudra néanmoins attendre 1948 pour que la congrégation, qui gère désormais des centres de soins et des services sociaux dans plusieurs pays du monde, soit reconnue par le Saint-Siège.
L’union de la science et de la foi
Allant jusqu'au bout de sa vocation, Francesco Faà di Bruno, sous l'influence de son maître Don Bosco, est ordonné, en 1876, prêtre à Rome. Il exercera son ministère jusqu’à sa mort en 1888 à l'âge de 63 ans. Une différence toutefois le distingue de la figure tutélaire de Pascal. On ne trouve pas chez ce dernier d'intérêt particulier pour la musique même si certains ont cherché à trouver dans ses travaux mathématiques une application possible dans ce domaine. Pour donner une illustration musicale aux Pensées, l'opéra-théâtre de Clermont-Ferrand a ainsi dû, le 24 mars dernier, en appeler à un autre Pascal, Paschal de L'Estocart, musicien du XVIe siècle, auteur des Octonaires de la vanité du monde. En revanche, Faà de Bruno était aussi un compositeur de mélodies simples et pacifiantes qui eurent l'heur de plaire au grand Franz Listz.
En fait, le grand point commun entre Blaise Pascal et Francesco Faà di Bruno est leur vision commune de l’union de la science et de la foi. Plus qu'une conciliation, il s'agit d'une pleine indissociabilité vécue par chacun dans deux siècles bien différents : un XVIIe siècle religieux méfiant de la science et un XIXe siècle scientiste hostile à la foi. Mais l'un et l'autre ont tenu, pour la vérité de la science et la plus grande Vérité de Dieu.