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Le père Pierre-Marie Salingardes (1922-2004) a laissé dans le paysage du Carmel francophone le vivant souvenir d’un religieux exemplaire, vrai fils de Notre Dame du Mont Carmel et de sainte Thérèse. Il était autant passionné pour la prière silencieuse que donné à l’apostolat de la vie intérieure. Une personnalité, ce père Pierre-Marie, que ses frères appelaient PPM ! Ancien maquisard, il ne ménageait jamais sa peine. Les frères qui l’ont connu ne peuvent oublier cet homme sensible, artiste, et si investi dans la vie communautaire, toujours en travail, du matin au soir. Le plus édifiant fut sa fidélité quotidienne à la chapelle, assis en tailleur, les yeux clos ou penchés sur sa Bible ouverte sur ses genoux : "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !" Initiateur en 1960 de la revue Vives Flammes, il a cherché à guider les amis du Carmel sur le chemin de l’esprit d’oraison, entre les obstacles qui se dressent parfois pour les décourager.
Gagner les âmes à l’oraison
"Nous vivons du grand désir des saints du Carmel de voir le monde s’enflammer par l’oraison, écrivait-il. Dans l’oraison, c’est la vie du Christ qui, insensiblement, s’écoule en nous ; gagner une âme à l’oraison, c’est donc la gagner au Christ. “Une âme qui fait oraison est perdue pour le démon” disait sainte Thérèse… Éveillons donc partout l’idée, le goût, l’effort de l’oraison." Une véritable passion se dégage de ses écrits, souvent courts, où brûle invariablement l’amour de l’échange intime d’amitié avec Jésus ! "L’éminence brune", comme il signait parfois, transmit son feu pour l’enseignement des saints docteurs du Carmel, répondant souvent à des questions concrètes posées par les lecteurs : "Y a-t-il un livre pour l’oraison ? Peut-on faire oraison partout ? Puis-je continuer à méditer l’Évangile ? L’oraison rend-elle meilleur ?"
L’oraison du pauvre
La ligne forte de sa prédication tenait en trois mots : "l’oraison du pauvre".
"N’allez pas à l’oraison avec des projets à mesure d’homme, avec l’arrière-pensée d’y “gagner” ceci ou cela. Allez-y plutôt pour “perdre”, pour donner, pour pénétrer dans le grand silence de Dieu, pour vous dégager des petitesses humaines et tomber dans l’abîme infini de son Amour. Allez à Dieu pour Dieu."
La vie d’oraison purifie de toute prétention, elle sait, dans la longueur du temps, décaper toutes nos fausses richesses, nos appuis humains qui retiennent encore l’abandon complet, et l’action transformante de la grâce divine. "Dieu est vérité, et je ne puis le rencontrer que dans la vérité de ma pauvreté."
Désencombrer son cœur
Pour le père Pierre-Marie, "de détachements en dépouillements, l’oraison se libère de toutes ces richesses qui l’appauvrissaient, et c’est ainsi que, ô patience de Dieu, la “pauvre oraison” de celui qui avançait péniblement se mue en “oraison de pauvre” de celui qui approche". L’oraison thérésienne, "expression la plus simple du mystère de la prière", comme dit le Catéchisme de l’Église catholique (n. 2713), est, en définitive, un don, une grâce, accordés en surabondance à celui qui a désencombré son cœur, sa vie et sait se suffire de la foi, de l’espérance et de la divine charité.
"Alors oui, heureuses nos “pauvres oraisons” qui nous acheminent à petits pas vers une “oraison de pauvre". Heureuse cette oraison du pauvre de cœur, si Dieu veut bien un jour nous en faire le cadeau."
Pratique