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La gourmandise se reconnaît à un comportement immodéré lié à la nourriture et à la boisson. C'est l'un des sept péchés capitaux mentionnés dans le Catéchisme de l'Église catholique (CEC 1866). Saint Thomas d'Aquin approfondit le sujet dans sa Somme Théologique en citant saint Grégoire Le Grand : "Quand le vice de gourmandise l’emporte, les hommes perdent tout le bien accompli ; et si le ventre n’est pas contrôlé, toutes les vertus s'effondrent ensemble".
Il définit ce vice par opposition à la sobriété et explique que la gourmandise peut être mortelle ou vénielle, selon la gravité de son intention et le contexte dans lequel ce péché est commis. C’est un péché mortel « quand l’homme s’attache au plaisir de la gourmandise au point de mépriser Dieu, c’est-à-dire s’il est prêt à agir contre ses préceptes pour obtenir de tels plaisirs » explique saint Thomas d’Aquin. « Mais si, dans le vice de gourmandise, le désordre de la convoitise ne se rapporte qu’aux moyens, en ce sens qu’on désire trop les plaisirs de la nourriture, mais sans faire pour cela quelque chose de contraire à la loi de Dieu, alors la gourmandise est péché véniel ».
Ainsi, la gourmandise en tant que péché mortel peut entraîner à désobéir à la loi de Dieu, alors que si elle n’est simplement qu’un usage désordonné de la nourriture, elle est seulement un péché véniel. Cependant, un péché véniel renouvelé met en place des vices, et il est donc important de lutter contre toute forme de gourmandise pour éliminer de mauvaises habitudes et continuer à avancer sur le chemin de la vertu.
Cinq formes de gourmandise
Le but de la nourriture est de maintenir une personne en vie. C'est pourquoi saint Grégoire souligne que la gourmandise arrive quand ce but est perdu de vue. Il distingue cinq types de gourmandise : "Le vice de gourmandise nous tente de cinq manières : parfois il nous fait devancer l’heure où le besoin se fait sentir, parfois il nous fait rechercher des aliments exquis,
parfois il nous fait désirer une nourriture préparée avec trop de recherche, parfois ils nous fait dépasser la mesure dans la quantité même, parfois il nous fait pécher par la violence même d’un désir intense."
Bien sûr, ni la nourriture ni la boisson ne sont mauvaises en soi pour saint Grégoire. Toutefois, il est important de ne pas tomber dans l’excès en devançant le temps convenable pour manger, en dépassant les limites de préparation, en recherchant des aliments exquis et coûteux, ou en mangeant excessivement ou avec avidité, car l’objectif premier de la nourriture est alors perdu.
"Les filles de la gourmandise"
Il est intéressant de lire ce que dit saint Thomas de ce péché dans son œuvre. Il cite encore saint Grégoire en mentionnant que la gourmandise a cinq « filles », c'est-à-dire cinq péchés qui en découlent. D'abord, une joie inepte - qui est la maladresse ou la stupidité de l'entendement - qui engourdit la raison à cause de l'excès de nourriture et de boisson. La bouffonnerie, ou une certaine exubérance de mouvement, qui provoque des rires sans raison et une perte de contrôle. Le bavardage excessif, qui amène la personne à délier sa langue et à parler de manière gênante. La cécité mentale, qui déclenche la grossièreté des mots et des gestes, provoquant souvent des bagarres. Et enfin, la luxure qui est l’effet le plus fréquent et le plus pernicieux du vice de gourmandise. (Somme Théologique II-II, q. 148 art. 2, 3)
Tout cela fait perdre le gouvernement et la direction de ses propres actions. Par conséquent, ceux qui modèrent leur alimentation et leur consommation de boisson gardent une plus grande lucidité pour comprendre ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Lorsque la gourmandise devient un vice, il en résulte des péchés graves que l’on vient à regretter, ainsi que des péchés contre la justice ou contre la famille, comme s’endetter et manquer alors d'argent pour subvenir aux besoins de ses enfants et à ses besoins fondamentaux.