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Il faut, pour rejoindre la Vierge du chancelier Rolin, déambuler au Louvre sous la pyramide de verre et de métal. Comme un pèlerinage au chemin tortueux, il faut ensuite rejoindre l'aile Sully, longer l'ancienne rotonde Goujon, gravir les marches de l'escalier Henri IV, longer la salle 601 et prendre à droite pour, enfin, franchir la porte de la salle de la Chapelle. Face à elle, le temps s'arrête : elle est là, plus belle encore que sa lointaine cousine la Joconde. Il a fallu attendre plus de 200 ans pour que la Vierge du chancelier Rolin de Jan van Eyck retrouve sa superbe. Désencrassée de ses couches de vernis jauni et oxydé, c'est un tableau éblouissant et parfaitement restauré que le musée du Louvre présente dans l'exposition qui lui est dédiée, "Revoir Van Eyck". C'est la première fois, depuis son entrée au musée en 1800, que le tableau est restauré.
Un pont entre Dieu et les hommes
C'est en réponse à une commande de Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne et personnage éminemment influent de son époque, que Van Eyck signe vers 1435 cette œuvre de maître. La France vient de voir mourir Jeanne d'Arc sur le bûcher, tandis que Charles VII sait son royaume déchiré par la guerre civile et voit s'affronter Armagnacs et Bourguignons. On voit ici le mécène, agenouillé en adoration face à la Vierge et l'Enfant, sur le même plan, sans que son saint patron ne l'y introduise comme le veut alors l'usage. La Reine des Cieux est couronnée par un ange aux ailes chamarrées qui tient entre ses mains un véritable trésor d'orfèvrerie.
Construite dans une architecture somptueuse et imaginaire, entre l'église romane et le palais méditerranéen, la scène dévoile, au loin, un paysage merveilleux qui fait place, entre la campagne vierge et sauvage, à la ville idéale d'une sorte de Pays-Bas bourguignons. C'est elle, notamment, que la restauration a révélée et que la technologie sublime grâce aux macrophotographies réalisées par l'Institut royal du patrimoine artistique de Bruxelles. Au-delà de l'infinie délicatesse des tissus et des merveilles d'orfèvrerie, perles précieuses, émeraudes et rubis qui habillent les drapés de velours, le paysage laisse place en miniature à une multitude de détails éblouissants de minutie et de précision. Chacun de ses détails constitue d'ailleurs à lui seul un œuvre à part, fourmillant de vie et d'intensité narrative.
De l'infiniment grand à l'infiniment petit
C'est aussi le sens de cette infinie précision invisible à l'œil nu où souvent, le bleu et le rouge prédominent, couleurs de Dieu et de l'homme qui se rejoignent dans le petit Enfant sur les genoux de sa tendre mère. C'est là d'ailleurs la raison de ce pont qui enjambe le fleuve et qui construit à son tour une passerelle entre le Créateur et la plus petite de ses créatures ; bouton de rose ou lys immaculé. Au-delà de l'œuvre, c'est encore la portée théologique de cette vision qu'il faut considérer et qui relève à son tour de cette kénose d'un Dieu qui a pris notre chair. Par l'art, la Vierge du chancelier Rolin révèle le divin abaissement, c'est là le sens du "c'est tout" - pour qui veut bien le voir - de l'infiniment grand dans l'infiniment petit.
Informations
De 9h à 18h tous les jours. Nocturne le ven. jsq. 21h45. Fermé le mardi. Réservations