Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Dans son audience du 20 avril 2011, Benoît XVI délivre plusieurs enseignements sur la prière à partir du mystère de l’agonie de Jésus au jardin de Gethsémani. Cet épisode dramatique de la vie du Christ se situe peu avant son arrestation et sa trahison par Judas. Après son dernier repas, Jésus part au Mont-des-Oliviers à Jérusalem pour prier avant de souffrir car il sait qu’il va mourir le lendemain.
Prier pour sortir de nos engourdissements spirituels
Benoît XVI nous entretient d’abord du comportement des trois disciples que Jésus a amenés avec lui pour le soutenir dans sa prière. Or, Pierre, Jacques et Jean sont incapables de veiller avec leur Maître et s’assoupissent durant cette heure décisive. Le Saint-Père assimile leur endormissement à un problème qui concerne l’Église de tous les temps. Transposée à tous les croyants, cette déficience des trois disciples traduit un manque de sensibilité au sujet du pouvoir du mal dans le monde. Cette incapacité d’accompagner Jésus dans sa prière constitue également un déficit d’intérêt pour Dieu. Le Saint-Père pointe là deux raisons à nos réticences à prier : l’indifférence au problème du mal et l’oubli de Dieu. "Nous ne sentons pas Dieu — cela nous dérangerait — et ainsi, nous ne sentons pas non plus naturellement la force du mal et nous restons sur notre chemin de confort" dit-il. La prière, loin d’être une occasion d’évasion, nous incite au contraire à porter les soucis des autres.
La prière comme conversion du cœur
Ensuite, Benoît XVI réfléchit à la prière de Jésus qui, tout en exposant sa demande au Père d’échapper à la mort, la corrige aussitôt en lui disant : "Non pas ma volonté mais la tienne." Le pape remarque que ce "oui" douloureux et onéreux de Jésus à la volonté du Père a changé la nature humaine parce qu’il a mis l’obéissance à la place de nos révoltes et de nos "non". Avec ce "oui", Jésus nous invite à entrer dans son mouvement filial de confiance envers le Père, même dans les moments d’obscurité. Ma prière doit être l’occasion d’une conversion afin que je puisse rejoindre celle de Jésus à Gethsémani : "Père, que ta volonté soit faite et non la mienne." Ma prière de demande exige une conversion du cœur afin que je manifeste à Dieu ma disponibilité et que je reçoive de Lui ce qui est essentiel à mon salut. De la sorte, la prière purifie mon cœur en relayant le dessein que Dieu a sur moi. Le mystère de Gethsémani nous enseigne que le salut que Dieu nous prie de demander dans la prière ne passe pas forcément par les voies que nous aurions imaginées. Prier consiste parfois à laisser l’Esprit Saint prier en nous parce qu’il sait mieux que nous ce qu’il est nécessaire de demander à Dieu.
Plus jamais seuls dans nos prières décisives
Enfin, Benoît XVI remarque que l’épisode de Gethsémani nous montre Jésus comme une personne qui se situe à l’opposé des sages de l’Antiquité qui tentaient de mourir dans l’ataraxie, le détachement complet, l’indifférence face à la mort. Jésus, au contraire, se montre angoissé et souffrant. Quel contraste avec Socrate mourant ! Le pape Benoît nous livre la raison de cette différence : la mission de Jésus était de porter notre pauvreté, notre souffrance, pour les transformer. C’est là un enseignement précieux pour nous aujourd’hui : dans les moments de déréliction, d’angoisse extrême et de doute, nous ne sommes plus seuls ; Jésus est avec nous parce que le mystère de Gethsémani s’actualise dans ces moments à notre profit. En effet, ce mystère éternel nous rejoint de telle sorte que dans nos oraisons, Jésus est présent et prie avec nous, mais aussi en nous et pour nous. Jésus a subi cette agonie afin de porter nos angoisses et de soutenir nos appels au secours qui semblent parfois s’adresser à un ciel vide. Voilà pourquoi l’épisode de Gethsémani représente une leçon fondamentale sur la prière.
Un enseignement d’autant plus fondamental qu’en unissant nos oraisons à celle de Jésus, nous nous adresserons à Dieu comme il le fit lui-même au jardin des Oliviers : en l’appelant "Abba", c’est-à-dire "Père" au sens le plus familier de ce terme. Notre prière sera dès lors devenue pleinement filiale comme celle du Fils éternel.