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Alors que le projet de loi sur l’aide à mourir doit être présenté ces jours-ci au Conseil d’État avant d’être examiné à partir du 27 mai à l’Assemblée nationale, les contours du texte, révélés par Emmanuel Macron par voie de presse le 10 mars, n’en finissent pas de faire réagir. Vivement et largement. Dans les heures qui ont suivi les soignants et professionnels de santé ouvrant dans les soins palliatifs au premier rang desquels la Sfap ont dénoncé tour à tour "un modèle ultra-permissif", "un calendrier indécent" et un "mépris du travail des soignants". L’Église, par la voix du président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a dénoncé avec force "la tromperie" d’un tel texte. Une dénonciation réitérée ce dimanche 17 mars dans un entretien accordé au JDD. "Jusqu’ici, la fraternité consistait à retenir quelqu’un qui voudrait se suicider, [...] à l’accompagner jusqu’au bout. Cela deviendrait-il désormais de regarder la personne se suicider ou de l’aider à le faire", s’est-il interrogé avant de s’inquiéter "des manœuvres de certaines forces économiques".
Mais la contestation va bien au-delà des convictions politiques ou religieuses. "On aurait tellement besoin d’une loi sur l’aide à vivre, quelque chose qui remet de l’espoir, qui remet de l’espérance, qui remet du positif", a commenté Ségolène Royal sur le plateau de BFM TV le soir même. "Je pense que le problème social numéro un c’est celui de l’accompagnement et de la qualité du grand âge. Le fait que dans ce texte soit mélangé à la fois la question des soins palliatifs et la question de l’euthanasie est une très mauvaise idée." Et l’ancienne candidate à l’élection présidentielle de s’interroger sur "biais social" sous tendu par un tel texte. "Ne va-t-il pas y avoir une pression qui va peser sur les gens les plus précaires ?"
Ne pas s'aligner sur le "moins-disant éthique"
Auteur et coauteur des deux lois qui portent son nom sur les droits des malades en fin de vie, l’ancien député LR Jean Leonetti a exprimé ses inquiétudes le 16 mars dans une interview accordée au Figaro. "La loi actuelle est en effet destinée aux personnes qui «vont» mourir et non pas aux personnes qui "veulent" mourir. Le texte législatif aujourd’hui en vigueur fixe comme objectif de soulager la souffrance en phase terminale "même si" cela doit hâter la mort, mais pas de provoquer délibérément la mort", détaille-t-il. "Les personnes qui se rendent à l’étranger s’y rendent pour qu’on leur administre une substance létale et non pas pour y être accompagnées ou soulagées." Par ailleurs, rappelle-t-il, "ce n’est pas parce qu’un pays autorise une pratique et que certains de nos concitoyens y ont recours que l’on doit légiférer dans le même sens. En suivant cette logique, on autoriserait alors les «mères porteuses» parce que cette pratique est autorisée dans certains pays européens. La France ne devrait pas s’aligner sur le "moins-disant éthique". "La loi nouvelle n’est pas en continuité avec les lois votées en 2005 et 2016 car elle est, au contraire, en rupture avec un projet d’accompagnement et de soins auquel elle met fin."
Ancien ministre de la Santé, François Braun a dénoncé de son côté aussi l’euphémisation des termes. "Je crois qu’on ne peut effectivement pas se cacher derrière la sémantique. On parle de mort", reconnaît-il dans un entretien accordé à Valeurs actuelles. "Quelles que soient les circonvolutions, à la fin, il s’agira de donner ou non la mort." "La formule n’est pas claire […] il s’agit d’un euphémisme", a aussi réagi le professeur Régis Aubry, membre du Comité consultatif national d’éthique et co-initiateur de la "stratégie décennale" qui a inspiré le chapitre du projet de loi consacré à ces soins et favorable à une évolution du cadre légal.