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Toutes les occasions sont désormais bonnes pour sortir son portable et prendre une photo : un joli coucher de soleil, un bar entre amis, un plat délicatement présenté, une tenue dont on est fier, une nouvelle coupe de cheveux, le livre qu’on vient tout juste d’acheter – ou de terminer - , l’affiche dans le métro qui nous a fait bien rire, le concert auquel on est en train d’assister… Et qui dit photo prise aussi vite, dit photo partagée dans la foulée sur les réseaux sociaux ou envoyée à ses proches ! À peine le temps de savourer l’instant que le cliché circule déjà et que l’on se retrouve à attendre impatiemment la réaction suscitée chez les autres par son envoi. Vouloir se souvenir des moments de joie, de bonheur ou de douceur et les partager avec celles et ceux qu’on aime est bien normal. Mais tout prendre en photo au risque de passer à côté du moment présent, est-ce vraiment ainsi que l’on souhaite habiter chaque instant de sa vie ?
L’envie de prendre tout le temps des photos renvoie chacun à une question aussi essentielle que structurante : comment choisissons-nous d’habiter le temps ? Vivre le temps qu’il nous est donné de vivre devant ce coucher de soleil, dans ce bar avec ses amis ou dans ce métro à regarder autour de soi, se confronter à d’autres en discutant, à soi-même en contemplant, c’est accepter de devenir pleinement acteur de sa vie et non pas spectateur. Cela permet d’habiter le temps et de ne plus le survoler. Prendre des photos est bien normal. Mais les photos que l’on prend ne devraient-elles pas être d’abord et avant tout celles qui réchauffent le cœur, que l’on conserve et qui, lorsqu’on les regarde de temps en temps, nous font avoir ce cri du cœur : "Merci Seigneur" ?