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Échanges tumultueux entre l’Ukraine et le Vatican. En parlant de "drapeau blanc" dans une interview diffusée sur RTS, la télévision suisse, le 9 mars 2024, le pape François a suscité de vives réactions de la part de l’Ukraine et de ses alliés. Le Pape a plus précisément enjoint les Russes et les Ukrainiens à avoir "le courage d’agiter le drapeau blanc pour négocier" et mettre un terme à cette guerre, "avant que les choses ne s’aggravent". "Je crois que les plus forts sont ceux qui voient la situation, pensent aux gens et ont le courage de hisser le drapeau blanc et de négocier", a-t-il estimé.
Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir, dès le lendemain, le gouvernement ukrainien. Le chef de sa diplomatie, Dmytro Kuleba, a déclaré sur le réseau social X que le drapeau pour lequel les Ukrainiens mourraient était "jaune et bleu" et qu’ils ne hisseraient "jamais d’autres drapeaux". Il accuse le Vatican de suivre la même stratégie que celle poursuivie "dans la première moitié du XXe siècle" – une critique implicite de la position du Saint-Siège et du pape Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale. Toujours sur X, l’ambassadeur d’Ukraine près le Saint-Siège, Andrii Yurash, a lui aussi critiqué les propos du Pape, lui demandant d’être "cohérent" et comparant lui aussi la situation actuelle à celle de la Seconde Guerre mondiale. "Est-ce que quelqu’un a parlé sérieusement de paix à l’époque, en parlant avec Hitler et de drapeau blanc pour le satisfaire ?", s’étonne-t-il.
Face à ces multiples déclarations, le Saint-Siège a essayé de corriger le tir en insistant que la formule "drapeau blanc" signifiait ici "une cessation des hostilités, une trêve obtenue avec le courage de négocier" plutôt qu’une reddition. François a souhaité insister sur "l’importance du dialogue contre la "folie" de la guerre et la préoccupation prioritaire pour le sort des populations civiles" , a encore affirmé le bureau de presse du Saint-Siège, assurant que le Pape "souhaite une solution diplomatique pour une paix juste et durable". Le pape François a également appelé après la prière de l’Angélus, dimanche, à la paix "dans l’Ukraine martyrisée".
Vague de soutien pour l’Ukraine sur les réseaux sociaux
Malgré la tentative de justification du Vatican, les réseaux se sont enflammés et une vague de soutien à l’Ukraine a déferlé. L’ambassadeur de Kiev au Vatican, a écrit sur X que "si nous voulons finir la guerre, nous devons tout faire pour tuer le Dragon !". Les dirigeants européens ont eux aussi affirmé leur désaccord au Saint-Siège. Le président de la Lettonie, ancien pays de l’Union soviétique craint une future agression russe et en soutien aux déclarations ukrainiennes a demandé "à ne pas capituler face au mal" mais à le "vaincre" pour que ce soit ce mal qui "hisse le drapeau blanc".
Le primat de l'Église grecque-catholique ukrainienne a quant à lui réagi sans toutefois mentionner le Pape. "Croyez-moi, personne n’a dans la tête l’idée de se rendre, même là où les combats se déroulent aujourd'hui !", a-t-il déclaré, samedi, lors d’une messe dans une église de New York où il se trouvait en déplacement.