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"Ils furent tous tués, d’abord les huit juifs, ensuite Wiktoria et son mari Jozef, afin que la population du village voie la punition qui attendait ceux qui cachaient des juifs", a rappelé ce mercredi 6 mars le cardinal Parolin, lors de l’inauguration dans les Jardins du Vatican d’un pommier honorant le souvenir de la famille Ulma, massacrée durant la Seconde guerre mondiale pour avoir hébergé des juifs et béatifiée en septembre 2023. Il est ensuite revenu en détail sur les circonstances de ce massacre. "Les six enfants commencèrent à hurler, mais eux aussi furent assassinés. En quelques minutes, 17 personnes moururent, parmi lesquelles le septième enfant des Ulma, encore dans le sein maternel, dans la phase finale de la grossesse. La palme du martyre a été reconnue aussi pour ce petit jamais né, dont le nom est connu seulement au Ciel", a souligné le numéro deux du Saint-Siège. Les membres de la famille Ulma "sont des exemples de l’amour évangélique vécu jusqu’au bout, jusqu’au don de la vie", a-t-il insisté.
Gabriella Gambino, sous-secrétaire du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie, confie à Aleteia son émotion après la cérémonie. "Cette famille est le signe de l’importance de protéger la vie humaine aujourd’hui, dès le moment de sa conception. Leur témoignage est extraordinaire, avec leurs enfants, avec cet enfant qui était encore dans le ventre de sa mère, et qui est le premier martyr reconnu par l’Église alors qu’il n’était pas encore né", précise–t-elle, remarquant que ce pommier est aussi un signe de la vie qui renaît et qui porte des fruits, même en partant d’une souche fragile. "Cet arbre est un signe de renaissance, un signe de la Résurrection. Il doit représenter un témoignage pour toutes les familles du monde, qui ont des souffrances, des douleurs, pour qu’elles puissent retrouver l’espérance", souligne Gabriella Gambino.
Se réveiller contre les "idéologies totalitaires"
Cet arbre représente "un monument vivant, produisant des fruits authentiques, symboliques des fruits apportés par le sang de ces martyrs", a souligné le cardinal Parolin, ajoutant que cette "histoire bouleversante" donne aussi l’occasion de "demander le don de la paix et de la réconciliation dans le monde". "Nous voulons souligner comment toutes les idéologies totalitaires répandent partout et toujours la haine, la souffrance et la mort, et causent des tragédies dévastatrices", a-t-il insisté. "Bienheureuse famille Ulma, Jozef, Wiktoria et les enfants, priez pour nous", a exhorté le cardinal Parolin, dans le contexte de l'offensive russe en Ukraine qui ravive les traumatismes de la guerre en Europe.
L’ambassadeur de Pologne près le Saint-Siège, Adam Kwiatowski, précise à Aleteia que ce pommier rejoint l’histoire personnelle de Jozef Ulma, qui était "un homme incroyable, un innovateur", dans le domaine de l’agriculture comme dans la photographie, son autre grande passion. Le diplomate polonais rappelle que la région Podkarpackie (Basses-Carpates), terre d’origine de la famille martyre, a voulu planter ces arbres dans différents lieux, en Pologne et maintenant à Rome, "afin d’envoyer un signal sur ce que provoquent le totalitarisme, la haine, la guerre. Ce message ne concerne pas seulement la Pologne, mais le monde entier", insiste-t-il.
"Une histoire d’amour qui vainc la peur"
Le président de la République Andrzej Duda a envoyé un message à l’occasion de cette cérémonie organisée dans les Jardins du Vatican. Citant Jean Paul II, il y rappelle que le don de la vie de la famille Ulma montre que "même dans les abysses de la souffrance, l’amour peut prévaloir". "L’histoire de ce martyre est déchirante. Mais surtout, c’est une histoire d’amour qui vainc la peur" et une image "du bien plus fort que le mal", a assuré le chef de l’État polonais.
Le président Duda, qui avait lui-même planté un pommier dans le jardin du Palais présidentiel de Varsovie dans le cadre de la campagne menée en hommage aux Polonais qui avaient sauvé des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, s’est réjoui de la plantation de cet arbre dans les Jardins du Vatican. "Je suis heureux qu’il grandisse, fleurisse et donne ses fruits justement ici, dans la Ville éternelle, au centre du monde chrétien, où chaque année des millions de pèlerins viennent chercher inspiration et nourriture spirituelle", a-t-il insisté.
Les participants à la cérémonie, parmi lesquels de nombreux membres de la communauté polonaise de Rome mais aussi des ambassadeurs de pays aussi divers que l’Ukraine, Cuba ou les États-Unis, ont pu remarquer que l’averse de grêle qui avait retardé les premières prises de parole a rapidement laissé la place à un franc soleil. Un signe aussi, peut-être, de la victoire de la vie sur le chaos et sur la mort.