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Chine : au moins 70 sièges épiscopaux restent encore vacants

CHINESE MASS

Photo d'illustration.

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Agnès Pinard Legry - published on 05/03/24
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L’ordination de trois évêques en Chine fin janvier pourrait laisser croire à une détente des relations entre le gouvernement et l’Église. Si certains y ont vu une avancée, l’Église en Chine demeure insidieusement persécutée par le gouvernement. En témoignent les plus de 70 sièges épiscopaux vacants dans le pays. Décryptage.

Si la Chine se distingue par sa puissance financière, scientifique et technologie, elle se distingue également en matière de persécutions à l'égard des chrétiens. L’ordination de trois évêques fin janvier dans le cadre de l’accord entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine n'est pas passée inaperçue. Certains ont salué une avancée, même mineure, pour l'Église dans le pays. D'autres espèrent secrètement une détente des relations. Mais cette nouvelle ne cache malheureusement en rien l'inquiétante réalité de l'Église en Chine. Le pays compte en effet plus de 70 sièges épiscopaux vacants et plusieurs évêques de l’Église souterraine ont été arrêtés par le gouvernement chinois.

Le diocèse de Wuhu, situé dans la province de l'Anhui, comptait ainsi en 1950 plus de 41.000 baptisés sur une population d'environ 5 millions d'habitants. Une communauté certes minoritaire mais bien présente. Et vivante. S'inscrivant dans une stratégie continue d'assujetissement de l'Église au gouvernement, les autorités du pays ont unilatéralement décidé d'intégrer ce diocèse à un diocèse plus vaste : le diocèse d'Anhui. Ce découpage n'a bien évidemment pas été reconnu par le Vatican. Aussi le siège épiscopal est considéré comme vacant car le nouvel évêque, nommé en 2006, l'a été sans l'aval du Saint-Siège.

Zhaoxian, situé dans la province ecclésiastique de Pékin, a été promu diocèse au lendemain de la Seconde guerre mondiale, en 1946. Mais le dernier évêque connu, Mgr John Zhang Bi-de, s'est éteint en 1953, laissant le siège vacant depuis. Le diocèse de Yuci, suffragant de l'archidiocèse de Taiyuan, à l'ouest du pays, comptait pour sa part en 1950 un peu plus de 15.000 baptisés pour 1,5 million d'habitants. Le siège est vacant. Le dernier évêque connu, Andreas Zhu Wenyu, avait été ordonné en 1990 et nommé par l'association patriotique contrôlée par le gouvernement mais finalement reconnu par Rome dans un soucis d'apaisement. Décédé en 2006, il n'a pas été remplacé depuis. Les réalités de ces diocèses sont bien évidemment différentes. Mais elles témoignent toutes du quotidien difficile et douloureux de l'Église dans le pays et des fidèles privés de pasteurs pour les guider.

Des traques quotidiennes

Il existe au moins trois autres diocèses qui n’ont reçu aucune nouvelle de leur évêque depuis plusieurs années. Mgr Joseph Zhang Weizhu, évêque du diocèse de Xiangxiang (sud-est de la Chine, province de Hunan) a été arrêté le 21 mai 2021. Il est reconnu par Rome, mais pas par Pékin. Mgr Augusti Cui Tai, évêque auxiliaire du diocèse de Xuanhua (province de Hebei), a été emprisonné en 2007 par les autorités sans motif. S’il a connu quelques brèves périodes de libération durant cette période, il a disparu des radars depuis le printemps 2021. Mgr James Su Zhimin, évêque de Baoding, a quant à lui été arrêté en mars 1996 et emmené sous escorte policière alors qu’il conduisait une procession de fidèles vers un sanctuaire marial situé à Donglü. Le prélat n’a ensuite plus guère donné signe de vie, excepté en novembre 2003, où il a été aperçu à l’hôpital de Baoding avant de disparaître à nouveau pour de bon. S’il est encore en vie aujourd’hui, il aurait 91 ans.

En Chine, où les religions sont forcées de s’aligner sur le discours communiste, les arrestations soudaines et disparitions forcées de prêtres et d’évêques de l’Église catholique sont monnaie courante. Le Parti communiste chinois traque sans relâche tous ceux qui ne sont pas rattachés à l’Association patriotique des catholiques chinois. Créée en 1957, cette dernière constitue une sorte d’Église officielle, placée sous la coupe du gouvernement. En face, l’Église de Rome, appelée Église clandestine ou souterraine, n’est pas reconnue par le régime communiste et se retrouvent ainsi largement persécutés par le gouvernement chinois.

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