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Durant la campagne électorale de la présidentielle en Argentine, Javier Milei eut des mots très durs à l’égard du pape, évoquant un "imbécile qui promeut le communisme" et un "personnage néfaste". Autant dire que la rencontre le 12 février dernier devait sceller la réconciliation entre deux hommes qui viennent du même pays, mais dont la culture et la vision du monde diffèrent. Il est néanmoins réducteur de les opposer, car derrière leurs différences de style ils ont en commun plusieurs points de convergence.
Javier Milei se présente lui-même comme un "anarcho-capitaliste" avec la ferme volonté de supprimer l’inflation qui lamine son pays et de réduire la pauvreté qui touche un Argentin sur 5. Avec 56% des voix au second tour, c’est le président le mieux élu des vingt dernières années, preuve de sa grande popularité, notamment chez les jeunes, qui ont massivement voté pour lui. Le nouvel élu a séduit dans l’immense capitale du pays, Buenos Aires, comme dans les villes de province et les contrées de la pampa. Hormis quelques quartiers de la capitale, il est arrivé en tête partout dans le pays, effaçant ainsi le clivage entre Buenos Aires et le reste de l’Argentine.
Accord sur l’avortement
L’un des axes majeurs de sa campagne fut la lutte contre la pauvreté, qui passe par le contrôle de l’inflation monétaire. Une politique qui prendra au moins dix-huit mois selon ses dires, alors que beaucoup d’Argentins rencontrent des difficultés à se nourrir. Nombreuses sont les associations, notamment liées aux paroisses et aux diocèses, qui proposent des soupes populaires et des banques alimentaires. Un phénomène amorcé en 2008, lors de la première faillite de l’Argentine et qui n’a cessé de se développer depuis 2020 et l’épisode Covid. Les premières mesures prises pour supprimer le blocage des prix des loyers ont déjà permis quelques succès : le nombre de logements en location a augmenté, engendrant une baisse de 20% du prix des loyers selon la Chambre immobilière d’Argentine. Un premier pas qui est néanmoins encore très loin de régler la situation complexe du pays.
Outre la lutte contre la pauvreté, l’autre sujet d’accord entre Javier Milei et le pape François concerne l’avortement et son abrogation. Le nouveau président argentin a toujours affirmé son opposition à cette pratique, en conformité avec sa pensée philosophique. Défendant la primauté de la propriété privée, il considère que la première des propriétés concerne celle du corps : celui-ci appartient à la personne elle-même et non à une personne tierce. Il n’est donc pas possible de retirer à l’enfant sa vie, car ce serait lui prendre son droit fondamental à la propriété de sa vie. Si aucun calendrier n’a pour l’instant été défini, le président Milei se concentrant d’abord sur les sujets économiques, la question de l’avortement reviendra sur la table politique au cours de son mandat.
Un voyage du pape en Argentine ?
Manifestement, le courant entre les deux hommes est bien passé. Les photos les montrent souriant, très loin du regard crispé et froid du pape lors de sa rencontre avec Donald Trump. L’entretien entre les deux hommes a duré plus d’une heure, alors qu’un entretien habituel avec un chef d’État est d’une trentaine de minutes. Javier Milei a invité François à se rendre en Argentine, voyage qu’il n’a pas effectué en dix années de pontificat, seul pape à ne s’être jamais rendu dans son pays d’origine. Le pape n’a pas fermé la porte à une telle visite, précisant même qu’il se rendra aussi en Uruguay. Toutefois, aucune date n’a été fixée, à l’inverse des visites prévues pour 2024.
Les malentendus de la campagne électorale semblent donc s’être dissipés et les relations entre les deux hommes, venus de la même ville, réchauffées. Reste à concrétiser les encouragements de cette première visite.