Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Faut-il parler d’une famille, d’une tribu, d’un petit peuple ou simplement d’individus que rapproche ponctuellement une lecture commune ? Il y a des laconiques et des prolixes, des agressifs et des bienveillants, des éphémères — qu’une seule tentative a éloignés pour toujours ? — et des fidèles — au point d’en devenir prévisibles ? —, des identités qu’on suppose authentiques et des noms qui laissent deviner un pseudonyme. Un duel oppose souvent les gardiens de l’orthodoxie et les champions de la tolérance sans contenu, qui se retrouvent d’une fois sur l’autre. Parfois leurs phrases se juxtaposent, parfois elles se répondent brutalement, parfois elles offrent même un dialogue suivi, jusqu’à ce que l’un se lasse de répéter ou brise-là un peu abruptement, avec coup de pied de l’âne ou bénédiction finale. Ce sont les commentateurs des articles d’Aleteia.
Être mal lu ou mal compris
Qu’il ait le temps et la force de les lire ou non, l’auteur de l’article peut leur être reconnaissant, même quand ils n’expriment ni un remerciement ni un soutien. Non seulement ils jouent un rôle indéniable dans la portée du propos, mais ils signalent souvent des objections inaperçues, des raccourcis injustes et même des confusions factuelles. Parfois, certes, on peine à voir le rapport entre ce qu’ils écrivent et le contenu de l’article, parfois aussi on s’étonne d’être si mal lu ou si mal compris, mais on ne peut nier qu’un "0 commentaire" frappe comme une déclaration d’indifférence plus redoutable que bien des invectives. On se souvient alors avec amertume de la formule de Péguy, pourtant si consolante en cas de commentaires hostiles : un bon article, c’est un tiers de lecteurs furieux (un cinquième, écrit-il ailleurs, sans qu’on ne sache si la différence tenait à l’état des comptes des Cahiers de la Quinzaine).
Au milieu des commentaires élogieux ou féroces, hors-sujet ou pleins d’acuité, il en est un qui n’est pas toujours facile à interpréter. On le retrouve de loin en loin, en général sous la même forme lapidaire et faussement interrogative : "Que fait cet article sur Aleteia ?" Chacun aura compris la réponse attendue : il n’a rien à faire là. Prise au sérieux, la question du périmètre autorisé que délimite implicitement le site est très intéressante, mais comme le commentateur précise rarement ce qui lui semble incompatible avec l’espace « aleteien », on est condamné à des hypothèses.
Le périmètre autorisé
Une fois éliminé ce qui est de toute façon exclu par la loi bien au-delà d’Aleteia (un appel à exterminer les Tziganes ou les chanteurs de pop-louange est a priori peu probable), quels critères suivre pour tamponner "À sa place sur Aleteia" ? Une fois admis également que le site n’accueille pas de textes en contradiction flagrante avec l’enseignement de l’Église, la question n’a rien d’ironique et intéresse au premier chef celui qui doit publier une tribune chaque semaine. Deux hypothèses s’offrent à l’esprit, l’une tenant à la tonalité du propos, l’autre au sujet traité. Sur ces deux points, que doit s’interdire un aleteien labellisé ?
La lucidité sur le mal est tout aussi salutaire que l’action de grâce devant les effets de l’Esprit saint.
Pour la tonalité du propos, on pourra mettre en avant la nécessité d’un esprit dit "évangélique". Une ligne rouge n’est toutefois pas aisée à tracer, dès lors qu’on n’ampute pas les Évangiles d’une page sur deux. On ne peut oublier que le Christ invite autant ses disciples à chasser les démons qu’à guérir les malades, et que la lucidité sur le mal est tout aussi salutaire que l’action de grâce devant les effets de l’Esprit saint. Sans doute l’auteur peut-il tout de même s’imposer une sorte de devoir de réserve ou une exigence de prudence, lorsque le sujet relève du relatif et qu’il peut être immédiatement perçu comme très polémique. À l’approche d’une élection, par exemple, le soutien explicite d’un candidat — à moins qu’on ne démontre de manière certaine qu’il est objectivement le seul qu’on puisse soutenir sans trahir gravement l’enseignement du Christ et de l’Église — peut logiquement être jugé inapproprié, sur un site qui ne pense pas d’abord en termes politiques.
Rendre hommage à la Vérité
"Que fait cet article sur Aleteia ?" La seconde raison de déclarer un article non grata (non gratus ?) tiendrait non plus à sa tonalité, mais au sujet qu’il traite. Confessons que l’idée sous-jacente nous paraît dans ce cas plus qu’hasardeuse, en ce qu’elle tend à confondre un regard chrétien sur l’actualité et un regard sur l’actualité chrétienne. Un écrivain chrétien ne se reconnaît pas à ce qu’il écrit des vies de saints, mais à ce qu’il rend compte d’un monde tiraillé entre la chair et la grâce, d’une humanité déchue que Dieu n’a pas entièrement désertée. De même, à nos yeux, une tribune n’a pas d’abord sa place sur Aleteia parce qu’elle parle d’un pèlerinage national, de la santé du Pape ou de la foi admirable d’un unijambiste, mais parce qu’elle cherche à rendre hommage à la Vérité, où qu’elle se trouve, et à traquer le Mal, quels que soient les masques flatteurs dont il s’affuble. Cela n’exclut a priori aucun sujet, pour qui croit que le Vent souffle où il veut et pour qui sait, à l’inverse, que la tempête peut faire des ravages partout.
Que fait cette nouvelle tribune sur Aleteia ? Elle essaie de comprendre les raisons d’une question de commentateurs et, comme toutes les autres, elle gagnera sans doute à être commentée.