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Dans un monde scolaire fortement sécularisé, l’idée d’une finalité inhérente à la nature humaine, et a fortiori d’une vocation surnaturelle adressée à chaque enfant, n’a rien d’une évidence. La culture scolaire est marquée par le relativisme : on étudie l’homme de la biologie, l’homme de l’histoire, l’homme des sciences sociales, mais l’on peine à articuler ces divers plans dans une conception intégrale de la personne. Avec les études de genre, la déconstruction de l’idée de nature humaine s’impose aux disciplines et la liberté est comprise comme émancipation toujours plus radicale du sujet, plutôt que don de soi dans la réponse à un appel. Dans un contexte d’inquiétude marqué par l’angoisse climatique, la crise de la famille, l’isolement affectif, comment une école catholique peut-elle permettre à chaque élève d’entendre l’appel de Dieu à se donner dans le mariage, le sacerdoce, ou le célibat consacré ?
Favoriser un climat vocationnel
Dans une école chrétienne, l’ensemble des savoirs devrait concourir à éclairer le mystère de la personne, dans ses dimensions naturelles et surnaturelles. L’annonce de la foi doit donc s’articuler à l’apprentissage des disciplines profanes, car pour répondre à l’appel d’un Dieu bienveillant, il faut que sa Création nous apparaisse belle, pleine de sens, et confiée à la responsabilité humaine. Simone Weil (1909-1943) donne comme clef d’une conception chrétienne des études l’unité entre la connaissance et l’amour. Dieu est amour et la création est un don que l’on peut accueillir avec gratitude. Étudier les disciplines profanes, c’est explorer ce mystère d’amour inscrit au cœur des choses. L’élève qui le perçoit comprendra mieux que c’est en se donnant qu’il accomplira sa pleine stature d’homme à l’image de Dieu.
Une communauté éducative qui fait signe vers Dieu
Cependant, cette anthropologie du don ne peut être enseignée si elle n’est pas en même temps vécue au quotidien, dans la qualité des relations, la bienveillance qui entoure chaque élève, et l’inspiration chrétienne sans cesse approfondie. Ainsi avons-nous besoin "de maîtres qui soient aussi des témoins" (Paul VI), d’enseignants qui se pensent eux-mêmes comme éducateurs et, pour un nombre suffisant, disciples du Christ. De son côté, la collaboration entre l’école et la famille doit être sans cesse recherchée, dans un souci de cohérence éducative. C’est cette cohérence qui constitue une "communauté éducative" et peut sensibiliser un jeune à la joie de se donner généreusement.
Éveiller des libertés appelées à se donner
Il faut souligner que le travail scolaire est par lui-même éducatif. Chaque discipline concourt à l’éducation morale, en forgeant la volonté, en aiguisant l’attention, la rigueur ou l’honnêteté intellectuelle. Si les difficultés scolaires de l’élève relèvent souvent des faiblesses de sa volonté : paresse, négligence, addictions…, l’enseignant a à éduquer cette volonté, qu’il s’efforce de mettre en mouvement, en ajustant ses exigences à ce que chacun peut raisonnablement réussir.
De même, il y a un enjeu à enseigner les dimensions affectives de l’existence. Tous les jeunes aspirent à aimer et être aimés de manière authentique, mais beaucoup redoutent de ne pas en être capables, comme l’exprime l’éparpillement sur les réseaux sociaux. Ils ont soif de repères pour construire des relations inscrites dans le réel et dans la durée. C’est ainsi l’enjeu d’une sensibilisation à la valeur de l’amitié, ce "baume de vie" (Si, 6) qui les aidera à unifier leur vie dans des relations peu nombreuses mais profondes. Mais aussi à la grandeur de l’amour, chemin de découverte respectueuse de l’autre, dans un lien exclusif, qui reste toujours à construire et à convertir, de sorte que le mariage apparaisse comme une aventure possible en dépit des signaux contraires. Des couples chrétiens pourront répondre aux questions des élèves et témoigner d’une expérience à la fois réaliste et spirituelle de l’amour et de la famille.
Nous savons cependant que l’éducation sexuelle est obscurcie par la banalisation des diverses "orientations", supposées moralement équivalentes. Bien sûr, aucun élève ne doit se sentir jugé ni stigmatisé. Mais peut-on censurer l’idéal chrétien de la conjugalité et cette précieuse unité, toujours à rechercher, entre l’expression de l’amour, l’expérience du plaisir et l’ouverture à la fécondité ? Sans doute faut-il s’inspirer des catéchèses de Jean-Paul II sur le corps qui se centraient sur la grandeur de l’amour entre un homme et une femme et exploraient le mystère de la différence des sexes.
S’impliquer dans des engagements
Promouvoir une pédagogie du don de soi, c’est aussi inciter l’élève à s’impliquer dans des engagements caritatifs inscrits dans la durée. Pour surmonter une conception individualiste de la réussite, il est bon de décentrer l’élève de lui-même pour l’ouvrir au souci des autres, par des activités de service modestes mais régulières.
L’école catholique doit inviter l’élève à s’enraciner dans l’amour de Dieu.
Enfin, l’école catholique doit inviter l’élève à s’enraciner dans l’amour de Dieu. À travers les multiples formes de la proposition de foi, il s’agit de servir la croissance de l’homme intérieur, en révélant aux jeunes des espaces de silence où pourra se fortifier leur relation à eux-mêmes, aux autres et à Dieu. La liturgie, la catéchèse, les pèlerinages ou les retraites en monastères, doivent donner le goût du recueillement et de la prière. C’est l’occasion pour l’élève peu croyant de s’ouvrir à sa vie intérieure et pour le croyant de se poser la question de sa vocation au mariage ou à la vie consacrée. Enfin, la présence plus ou moins régulière de prêtres, de religieux, de laïcs consacrés, dans l’établissement, est infiniment précieuse pour témoigner des vocations particulières dans l’Église et préparer les jeunes à leur propre discernement.
On demande des éducateurs chrétiens !
Mais pour que cette mission s’incarne durablement dans une école catholique, l’essentiel se joue du côté des équipes éducatives. D’une part "il faut préparer des fidèles laïcs qui se consacrent à l’œuvre d’éducation comme à une mission ecclésiale proprement dite" écrivait Jean Paul II (Christifideles laici, 62), donc sensibiliser des jeunes chrétiens à la beauté et aux enjeux spirituels de cette mission, afin qu’ils s’y engagent résolument, comme professeurs ou éducateurs. Il faut d’autre part susciter au sein des écoles catholiques des noyaux communautaires explicitement consacrés à cette mission, unis par la prière, l’amitié et le travail, selon des modalités à discerner : fraternités laïques, communautés religieuses, etc. Ainsi, un témoignage quotidien de vie avec le Christ pourra imprégner la vie scolaire dans l’unité inséparable de ses trois missions : enseigner, éduquer, évangéliser. Prions donc l’Esprit-Saint de faire surgir au cœur de l’Église un nouveau printemps éducatif, adapté à notre temps, afin que la parole du Christ puisse retentir dans le cœur de chaque jeune : "Viens et suis-moi."
Pratique