separateurCreated with Sketch.

Sésame, cette application mobile qui pourrait faire revivre les églises

église, application, patrimoine, portes

L'église Saint Symphorien de Nuars, dans la Nièvre, est dotée du dispositif Sésame.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Cécile Séveirac - publié le 09/02/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
La Fondation du Patrimoine expérimente depuis décembre 2022 Sésame, une application mobile capable d'ouvrir à distance les portes des églises aux fidèles, passionnés de patrimoine ou simples curieux. L'objectif : pousser à la découverte de ce riche patrimoine.

Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.

Je donne en 3 clics

*don déductible de l'impôt sur le revenu

"Sésame, ouvre toi !" Dans le conte Ali Baba et les 40 voleurs, tiré du célèbre recueil Les Mille et Une Nuits, cette phrase magique prononcée devant la grotte permet d'accéder aux innombrables trésors qu'elle recèle. C'est à peu de chose près le mécanisme que pourrait bientôt proposer l'application "Sésame" portée par la Fondation du Patrimoine. Si ce n'est que celle-ci permettra de pénétrer non dans une grotte, mais dans une église.

L'objectif : ouvrir une église n'importe où, sans clefs, et en toute sécurité. Cette idée est le fruit de la réflexion de Jean-Christophe Bonnard, délégué régional de la Fondation du Patrimoine en Bourgogne : "Le but exact est de permettre la visite des églises de campagne, que l'on trouve le plus souvent portes fermées et qui ne sont pas gardiennées. L'application ne concernera pas que les églises, bien qu'elles composeront 80% des sites à visiter", explique-t-il à Aleteia. "S'il y a une dimension spirituelle et touristique, c'est aussi la volonté de protéger les églises qui nous anime", précise encore Jean-Christophe Bonnard, alors que les actes de vandalisme et les vols se multiplient. Outre les églises catholiques, les utilisateurs de l'application pourront visiter des lieux de culte protestants, mais aussi des sites patrimoniaux comme des lavoirs, des musées communaux, des parcs ou encore des châteaux.

Serrure connectée, QR code, télésurveillance...

Comment fonctionnera-t-elle ? Via un système de couplage entre une télésurveillance et une serrure connectée. Une fois téléchargée sur l'"Appstore" pour les Iphone ou sur "Playstore" pour les autres smartphones, il suffira de se présenter devant une église équipée de ce dispositif de couplage, et de scanner un QR code disponible à l'entrée du site. Une fois le site affiché, il faudra appuyer sur "Je visite" et un code éphémère à quatre chiffres sera envoyé, à taper sur un digicode. Les portes du site s'ouvriront alors pour laisser entrer le visiteur.

Toutefois, cette visite ne se fera pas sans présenter patte blanche. "Le téléchargement de l'application nécessitera de donner des éléments d'identité, notamment la CNI, une photo et une carte de crédit", détaille Jean-Christophe Bonnard. "Bien-sûr, tout sera anonyme mais s'il y a le moindre souci, on sera en mesure d'alerter la gendarmerie."

application sésame, patrimoine
Une fois le site trouvé, il suffira de cliquer sur "Visiter maintenant", et de scanner le QR code disponible à l'entrée.

En phase d'expérimentation depuis un an sur dix églises de Bourgogne, l'application pourrait être disponible d'ici le troisième trimestre 2024. Pour la déployer sur l'ensemble du territoire national, la Fondation du Patrimoine a sollicité le soutien de la région Bourgogne Franche Comté et de l'État dans le cadre des aides accompagnant la transformation numérique. "Nous recherchons des opérateurs à qui nous pourrions confier la marque, en transmettant un cahier des charges. Le défi est celui de la cybersécurité et du traitement des données personnelles, donc nous étudions tout cela de très près", déclare Jean-Christophe Bonnard.

application sésame, patrimoine
Une fois le QR code scanné, un code à plusieurs chiffres sera envoyé sur l'application pour ouvrir la porte.

Garder la dimension humaine

La Conférence des évêques de France (CEF), consultée par la Fondation du Patrimoine, souligne elle aussi le caractère sensible des données auxquelles aurait accès l'application. "C'est un point sur lequel nous avons souhaité inviter à la prudence", observe le père Gautier Mornas, responsable de la commission Art sacré de la CEF, qui veut encourager cette initiative. "Nous soutenons tout projet qui tend à aider les églises à ouvrir leurs portes. C'est un outil qui pourrait s'avérer extraordinaire", souligne-t-il. "Mais il ne faut pas oublier que les églises, pour nous chrétiens, ne sont pas d'abord des musées — même si elles sont sûrement le premier musée de France !—, mais des lieux de prière. Par ailleurs, je pense que rien ne remplacera jamais un accueil physique. C'est une initiative qui est un palliatif, non une panacée", pondère-t-il ainsi. "L'église est aussi un lieu de rencontre, de nécessaire altérité. C'est une réponse toujours meilleure qu'une église fermée, mais la mise en place de permanences d'ouverture et de fermeture avec des volontaires nous semble important."

En France, on dénombre environ 70.000 édifices religieux, tous cultes confondus. Selon la CEF, 42.000 sont des églises ou des chapelles catholiques. D’après un rapport d’information publié en 2022 par les sénateurs Pierre Ouzoulias et Anne Ventalon, 2.500 à 5.000 églises sont menacées d’être abandonnées, vendues ou détruites d’ici à 2030. Cette déréliction du patrimoine religieux est, selon eux, une conséquence de la déchristianisation de la France, associée à un manque de moyens et à la désertification rurale. En 2016, la Conférence des évêques de France recensait quant à elle 255 églises communales ou diocésaines désaffectées ou vendues depuis 1905; et 2.190 églises démolies depuis 1905, dont la majorité a en fait été reconstruite, notamment lorsqu’il s’agit de propriétés communales. 

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Aleteia vit grâce à vos dons

Permettez-nous de poursuivre notre mission de partage chrétien de l'information et de belles histoires en nous soutenant. 

Profitez de cette fin d'année pour bénéficier d'une déduction de 66% du montant de votre don sur l'impôt sur le revenu en 2024.

Newsletter
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !