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Comment en sommes-nous arrivés là ? De plus en plus de jeunes et d’enfants sont orientés extrêmement rapidement vers des parcours de transitions sociales, médicales voire chirurgicales mutilants, irréversibles, sans avoir été auparavant orientés vers la moindre psychothérapie, ou sans que ne soient explorées les causes conduisant à leur sentiment de mal-être lié à leur sexe. Le fait de mentionner une réalité aussi fondamentale que la division de l’espèce humaine entre hommes et femmes est devenu "offensant" et même qualifié de "discours de haine" et passible de poursuites judiciaires. Pour ne pas contrarier des personnes trans-identifiées, les services obstétriques britanniques parlent désormais de "parent qui accouche" et "d’allaitement au torse", quand les publicités pour tampon s’adressent "aux personnes qui saignent".
La France n’est pas épargnée par ce lâche et pernicieux travestissement des mots. Le très militant Planning familial n’hésite pas à parler de "personnes menstruées", "personnes à vulve" ou encore "personnes porteuse d’utérus", lui qui avait déjà suscité une vive polémique avec sa campagne d’affichage mettant en scène un dessin d’un couple d’hommes dont l’un semble "attendre un enfant", accompagné de ce texte : "Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints"…
Un féminisme qui se respecte
Déjà auteur de plusieurs essais, et d’un podcast sur la gestation pour autrui, La Mère invisible, l’essayiste Pauline Arrighi rappelle une évidence absolue : ce sujet du genre mérite d’être discuté sur des bases rationnelles, parce qu’il touche à la santé, à la sécurité des femmes et aux principes les plus élémentaires de la liberté de débattre et de penser. Au fond, il est normal qu’une féministe qui se respecte ose réaffirmer ce qu’est une femme et ne puisse accepter l’absurdité d’un concept de "femmes à pénis" ou de "femmes trans", comme si trans devenait un adjectif épithète au même titre que belle, ronde ou blonde. Évidemment que le transactivisme s’attaque au féminisme, quand ce dernier se présente comme une lutte pour l’émancipation et l’autonomie des femmes, et quand il rappelle la réalité de la différence biologique entre l’homme et la femme. Sur quoi d’autre se fonderait alors la domination et les discriminations contre lesquelles le féminisme s’évertue à batailler ?
La question de "l’identité de genre" s’est imposée en peu de temps, sans débat, sans fondement.
Il est notable que la question de "l’identité de genre" s’est imposée en peu de temps, sans débat, sans fondement. En réalité, comme le rappelle la journaliste, il s’agit "d’une croyance, en dehors du tangible, du mesurable, du qualifiable, bref du réel". Mais née dans l’imaginaire de quelques-uns, cette notion devrait désormais être admise par tous et s’impose de plus en plus dans toutes les sphères de la société. Ses partisans ont réussi à faire croire deux choses : que cette notion était "inoffensive" et bien sûr, "progressiste".
Multiples régressions
Face à une idéologie qui s’impose à coups de slogans, de chantage affectif, d’intimidation et de victimisation, il faut du courage aujourd’hui, ce dont ne manque pas Pauline Arrighi, pour oser se dresser et démontrer qu’en plus d’être infondée, cette notion d’identité de genre est dangereuse et responsable de multiples régressions, pour les plus jeunes et les enfants, de toute évidence, pour les filles et les femmes, en particulier, et même pour les personnes homosexuelles. Pauline Arrighi montre à quel point cette notion s’appuie, en l’aggravant, sur la croyance en un dualisme corps-esprit, mais aussi qu’elle fait ressurgir et alimente les stéréotypes sexistes, contre lesquels le féminisme s’est battu. Elle ose même poser une question qui fait sens : ce mouvement, qui pousse à "la réassignation de genre", serait une nouvelle forme de "thérapie de conversion" pour jeunes homosexuels. Pourquoi ? Parce que dans certains pays, cultures ou mentalités, changer de genre serait mieux perçu qu’être homosexuel. La chercheuse Lisa Littman, qui a beaucoup travaillé sur la question du genre et a développé le concept de dysphorie de genre à apparition rapide (ROGD) révèle en effet que 41% des jeunes qui entament une transition n’étaient pas hétérosexuels.
Un scandale sanitaire
L’enquête nous amène aussi à penser le lien entre le transactivisme et le transhumanisme, au travers de la pensée et de l’action portées par leurs promoteurs les plus férus. Parmi lesquels, plusieurs milliardaires. Ses révélations sont édifiantes. On y découvre ainsi qui finance le transactivisme. Notre regard se tourne aussi vers ceux qui y trouvent leur intérêt… financier. Pauline Arrighi met à nu des conflits d’intérêt comme les importants intérêts financiers d’industries qui trouvent de nouveaux marchés et bénéfices à se faire sur le corps des hommes, femmes, enfants. Il faut réaliser qu’avec les bloqueurs de puberté, les "transitions" hormonales et chirurgicales, on fabrique de toutes pièces, dès l’enfance, des patients à vie de personnes qui étaient, à la base, en bonne santé. Comment ce scandale sanitaire ne finirait-il pas par éclater ?
Mais ce qui reste le plus poignant, ce sont toutes les révélations autour de l’« enrégimentement", comme le nomme le docteur Nicole Athea, subi par les enfants, et tous les témoignages de jeunes "embarqués" bien trop vite dans une transition, aux conséquences parfois irréversibles, à un âge où la compréhension des enjeux futurs et le consentement réellement libre et éclairé n’est pas possible. Pour la plupart d’entre eux, les réelles raisons de leur sentiment d’incongruence n’ont pas été explorées. Par idéologie, facilité, lâcheté ou silence, on est complétement passé à côté des réelles causes de leurs souffrances : dépression, troubles autistiques, traumatismes vécus dans l’enfance de violences sexuelles et de viols. On a donc évidemment ignoré ce qui aurait aussi pu réellement les aider. Sans jamais généraliser ou simplifier, Pauline Arrighi rappelle qu’il n’existe aucune étude qui prouve que la transition de genre améliore la santé et le bien-être psychologique des personnes. Une fois passée une "période d’euphorie".
Dire non au mensonge
"La logique du révolté est de s’efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel", écrivait Albert Camus dans L’Homme révolté. Or, la densité de l’essai de Pauline Arrighi n’a d’égal que sa clarté. L’auteur est en ce sens, une révoltée. Une révoltée bienvenue pour éclairer l’épaisseur du mensonge qui malgré tout se répand, mais peut-être pas indéfiniment. Et s’il arrive à l’essayiste de tenter parfois de réduire la défense du bon sens aux seuls "féministes" et "conservateurs", on retiendra au contraire qu’il vaut mieux comme elle le fait continuer à lutter contre les stéréotypes, et donc, contre ceux-là aussi. Comme je l’écrivais dans ma dernière tribune, certaines catégorisations artificielles et manichéennes souvent trop simplistes, ne sont, au fond, que dialectique et manipulation. En réalité, pour progresser, il faut avant tout se demander ce qu’il est bon, essentiel, voire même vital, de conserver.
"L’homme ordinaire n’a peut-être pas les moyens de mettre fin au règne du mensonge, mais il peut au moins affirmer qu’il ne sera pas son fidèle sujet", écrivait Rod Dreher en s’inspirant de Soljenitsyne. J’ai choisis pour conclure cette parole de consolation qui est aussi un appel personnel à l’action, que cet essai revigorant renforcera, sans nul doute, chez toute personne sensée et soucieuse de vérité, de liberté de penser et de s’exprimer, et de la protection des enfants.
Pratique