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S’il fallait résumer le premier chapitre de l’évangile selon saint Marc par un mot, un seul, ce serait sans doute eutùs, "aussitôt". Saint Marc ne l’utilise pas moins de neuf fois dans les quelques lignes de son premier chapitre : poussé par l’Esprit de son baptême, Jésus va d’une aventure à une autre, d’une rencontre à une autre, poussé par une urgence qui le fait littéralement bondir.
Une opération marketing rondement menée
Sur son passage, c’est comme si tout le monde se mettait à bondir à sa suite. Prise par la main, la belle-mère de Pierre se relève de son lit, comme soulevée par une force mystérieuse. Et "toute la ville" de Capharnaüm, dans un joyeux désordre auquel elle a laissé son nom, en l’espace de quelques heures, est bouleversée par la découverte des étonnants pouvoirs de Jésus. La maison de Simon et d’André se transforme en un hôpital improvisé où, jusqu’à très tard dans la nuit, affluent les malades et les possédés. Ce matin-là, peu de gens à Capharnaüm devaient connaître l’existence de Jésus ; ce soir-là, son nom est sur toutes les lèvres. En termes de marketing, c’est une opération exemplaire, rondement menée. Jésus va devenir le grand médecin de Capharnaüm, il va ouvrir une clinique réputée, ses affaires seront florissantes, il fera un beau mariage et, à sa mort, la municipalité inaugurera en son honneur une avenue Jésus-de-Capharnaüm. Sa magnifique carrière est toute tracée.
Or la dernière partie de l’évangile introduit une rupture inattendue. Jésus disparaît, une première, puis une seconde fois. Il disparaît d’abord de la maison, pendant la nuit : au petit matin, son lit est vide, nul ne sait où il est passé ; Simon, à force de le chercher, le retrouve en prière, dans un endroit désert. Puis Jésus invite ses disciples à disparaître avec lui, à quitter Capharnaüm : la mission les pousse, dit-il, à une vie nomade, une vie désinstallée, sans maison, sans famille, sans carrière, au service exclusif de l’évangile. Et les habitants de Capharnaüm en ont été, sans doute, tout étonnés à leur réveil, d’avoir si vite perdu celui qui avait changé leur vie.
Le dimanche, les priorités changent
Ce passage inattendu qu’opère Jésus du succès à l’itinérance, c’est en réalité le passage symbolique du samedi au dimanche. Jésus — nous rappelait l’évangile du dimanche précédent (Mc 1, 21-28) — est venu à la synagogue le jour du sabbat, donc le samedi, et c’est ce même jour qu’il va pour le repas du sabbat à la table de Simon, puis que, dans sa maison, il multiplie guérisons et délivrances. Donc, logiquement, le lendemain matin, c’est dimanche, le premier dimanche dans la vie publique de Jésus, le premier dimanche que l’évangile nous rapporte et qui se révèle un jour décisif. Le dimanche, les priorités changent. Au rythme effréné de la veille succède le calme. À l’action succède la prière. À l’embourgeoisement possible succède la mission indispensable : malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile, car c’est pour cela que je suis sorti ; bonheur à moi si je l’annonce, car c’est pour cela que j’ai été envoyé !
Une vie chrétienne sans dimanche est une vie qui manque du souffle indispensable pour laisser le Seigneur prendre sa place.
Le dimanche n’est pas un jour comme les autres, et nous risquons souvent de l’oublier. Pendant la persécution de l’empereur Dioclétien, en 304, un groupe de chrétiens qui célébraient la messe dominicale au domicile d’un habitant du village d’Abitène, en Afrique du Nord, avait été dénoncé, et arrêté. Devant le proconsul qui leur demandaient pourquoi ils avaient bravé l’interdiction de se réunir autour de l’eucharistie, ils avaient répondu : "Sine Dominico, non possumus." Dominico, en l’occurrence, c’est à la fois le "dimanche", et "ce qui vient du Seigneur". "Sans le dimanche, sans le don du Seigneur, sans l’eucharistie, nous ne pouvons pas vivre." Une vie chrétienne sans dimanche est une vie qui manque du souffle indispensable pour laisser le Seigneur prendre sa place. Il faut ralentir notre "métro-boulot-dodo" quotidien, le laisser nous amener à l’écart, interroger nos priorités et remettre en question nos succès, nous inviter à la prière et nous réorienter vers la mission. Le dimanche, c’est le retour à l’autorité de l’évangile sur notre vie, car, sans lui, nous ne pouvons pas vivre.
L’envoi en mission
C’est pour nous que Jésus, ce jour-là, a inventé le dimanche, comme un présage et un rappel. Le premier dimanche de l’évangile préfigure singulièrement celui de la Résurrection, dans lequel Jésus ressuscite le matin, rencontre ses disciples, et les envoie proclamer l’évangile, non plus seulement dans la maison de Pierre et d’André, dans Capharnaüm et toute la Galilée, mais à toute la création. Prenons soin de ce rendez-vous qu’il nous fixe, et du don qu’il nous fait : jour du Seigneur et Pâques hebdomadaire, évangile proclamé et vécu, aussitôt dit, aussitôt fait !