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En ce 1er février 1954, la France porte encore les stigmates infligés par la seconde guerre mondiale. Les conséquences sur les logements sont toujours visibles. Tandis que près de deux millions d’entre eux ont été détruits ou sont endommagés, les constructions peinent à sortir de terre. À cela s’ajoute la hausse de la population urbaine en raison d’une accélération de l’exode rural afin de trouver du travail. On estime à 4 millions le nombre de logements manquants.
Les années 1950 et 1960 ont été marquées par l’apparition de bidonvilles. On compte une centaine de bidonvilles dans la région parisienne. Nanterre est un des plus grands avec 10.000 personnes entassées dans des baraquements. À cette situation déjà extrêmement tendue vient s’ajouter, en cet hiver 1954, des conditions météorologiques extrêmement rudes. La France connaît cette année-là un des hivers les plus froids avec des températures pouvant descendre à -15 degrés à Paris.
"L'insurrection de la bonté"
C’est dans ce contexte que l’abbé Pierre, qui a fondé cinq ans plus tôt le mouvement Emmaüs, lance le 1er février 1954 son poignant appel sur les ondes de Radio Luxembourg (qui deviendra RTL). "Mes amis, au secours... Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l'avait expulsée…", déclare-t-il. Ce soir-là, 2.000 personnes dorment dehors à Paris. Le lendemain de son appel, une vague de générosité déferle à l'Hôtel Rochester: couvertures, tentes, nourriture, argent et bénévoles arrivent en grande quantité pour la fondation de l’abbé Pierre. La RATP met à disposition des sans-abri quatre stations de métro désaffectées. C’est ce qu’on appellera par la suite "l’insurrection de la bonté".
Les dons sont si nombreux qu’ils sont stockés dans la gare d'Orsay. 500 millions de francs sont récoltés. Charlie Chaplin, Charles de Gaulle ou encore Yves Montand font partie des donateurs. Cette somme permet de construire des hébergements d’urgence. Trois jours plus tard, le 4 février 1954, le parlement adopte l’affectation de 10 milliards de francs pour la construction de 12.000 logements de première nécessité.
Cet appel est un tournant dans l’opinion publique. Les Français prennent la mesure de la gravité de la situation. Désormais, à la suite d’un abbé catholique, l’État prend sa part pour lutter contre le mal logement. Des dizaines d’associations, chrétiennes ou non, osent dire avec l’abbé Pierre : "Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime."