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Comment l’Église accompagne quotidiennement le monde agricole

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Agnès Pinard Legry - publié le 30/01/24
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Face à la mobilisation des agriculteurs dans toute la France, des évêques catholiques expriment leur solidarité et multiplient les messages de soutien. Une démarche qui s’enracine dans une pastorale d’accueil, d’écoute et d’accompagnement que l’Église développe auprès du monde agricole depuis de nombreuses années.

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"Béni le labeur des paysans de France, Maître des moissons. Fais que leurs efforts assurent à tous nos frères, le pain quotidien." Cher au cœur de nombreux fidèles, ce bénédicité témoigne de la proximité que l’Église a toujours entretenue avec celles et ceux qui travaillent la terre. Alors que la colère des agriculteurs se fait entendre depuis quelques jours, Gabriel Attal, Premier ministre, a affirmé mardi 30 janvier dans sa déclaration de politique générale vouloir inscrire la « souveraineté alimentaire » dans la loi, et aider financièrement les exploitants. Les évêques ont quant à eux multiplié ces derniers jours les messages de solidarité et de soutien à l’égard des agriculteurs et de leurs souffrances. Des mots qui ne sont pas vains comme en témoignent les nombreuses associations, groupes et actions pastorales développées par les paroisses et les diocèses : Chrétiens dans le monde rural (CMR), Fraternité missionnaire en rural, Journées paysannes, Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) ou encore Terres d’espérance, les premières rencontres nationales du rural, organisées par la Conférence des évêques de France.

Dans chaque diocèse des groupes de chrétiens sont porteurs d’initiatives pastorales innovantes ayant pour but de maintenir une dynamique communautaire et de vivre la mission de l’Église en milieu rural. Fin 2017, à l’initiative des Semaines Sociales de Bretagne, de Solidarité Paysans et du CMR, a été expérimentée la mise en place d’un premier groupe de parole pour des agriculteurs en difficulté. À Locminé (Morbihan), cinq agriculteurs qui ne se connaissaient pas auparavant, se sont retrouvés pour quatre rencontres successives. "L’écoute, la confidentialité, le tact développés dans l’animation ont permis la réussite d’un premier groupe de parole, qui malgré (ou à cause !?) des difficultés importantes de chacun, s’est rapidement soudé", précise le diocèse.

Des journées de rencontre et de partage

Dans le diocèse de Châlons-en-Champagne, des groupes d’échanges entre agriculteurs en difficulté se sont mis en place dès 2018. "Nous avons imaginé, pour des agriculteurs en difficulté, une visite d’exploitation (qui n’est pas forcément trop en difficulté) où l’exploitant raconte l’aventure humaine qu’il vit avec ses joies, ses attachements, ses  réussites, ses échecs", a expliqué le père Joël Morlet, curé, sociologue du rural et chargé de mission à la mission rurale, qui a été appelé pour ce projet. "Après la visite, une discussion s’engage autour d’un pot, où chacun peut dire ce qu’est sa propre aventure."

Des groupes de parole et de soutien pour les agriculteurs se multiplient ainsi dans les diocèses ruraux. Mais cette proximité s’incarne aussi par les messes célébrées pour les agriculteurs, les bénédictions proposées par les curés et les évêques de ces derniers, de leurs outils de travail ou encore de leurs terres. Il y a aussi ces journées de rencontre et de partage avec le monde agricole organisées dans certains diocèses comme à Grenoble. En février 2023, les 33e Journées paysannes ont été organisées au sanctuaire de Paray-le-Monial autour du thème "La vie paysanne, lieu d’exercice de la confiance". "La confiance est actuellement bien ébranlée", avaient déjà prévenu les organisateurs. "Que ce soit vis-à-vis de Dieu, qui est le grand oublié de notre société, vis-à-vis des autres, quand les relations se tendent d’être soumises à un stress trop grand, vis-à-vis de la terre, qui a été maltraitée et se défend." Une confiance brisée, comme en témoigne la colère des agriculteurs, mais que l’Église œuvre inlassablement à réparer.

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