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Témoigner par la fidélité de notre vie

Le couvent Saint-Dominique de Corbara, en Corse.

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Benoist de Sinety - publié le 28/01/24
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Une âme simple qui prie sans cesse dans le silence fait plus pour l’évangélisation que toutes les théories ou même les reality show à la télévision. Pour le père Benoist de Sinety, curé-doyen de Lille, la fidélité de notre vie dans l’écoute de Dieu ne peut pas tromper.

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Elle est là, assise sur une chaise, face à la longue table où personne ne la rejoint. Le matin, une infirmière vient l’aider à se lever, la prépare et l’installe toujours de la même façon, attablée pour un repas qui ne réunit personne. En fin de journée, une autre infirmière repasse pour des soins et l’aide à se coucher. Du matin au soir, chaque jour, elle est là, entre deux passages, au même endroit, immobile et silencieuse. 

« C’est bien normal de prier »

Ni télévision ni radio, aucun bruit dans cette vieille ferme où même les cris d’animaux se sont tus depuis longtemps. Les enfants ont grandi, ils sont partis. Ils donnent des nouvelles. Le soir, dans son lit, elle leur parle parfois plusieurs minutes. Ils sont gentils. Ils sont loin. Le vieux paroissien qui lui porte la communion le dimanche après la messe, ne se laisse pas raisonner par les mises en garde de son entourage : « Tu n’arrives presque plus à marcher, passe la main, demande à quelqu’un d’autre de lui porter l’hostie ! » Car il sait qu’il visite, chaque semaine, une sainte.

Si elle ne parle pas, si elle ne tricote pas — et comment le pourrait-elle avec ses doigts tous tordus ? — elle prie dans le silence. Tous les jours du matin au soir, sans bouger ou presque. Elle parle avec Lui. Ce qu’ils se disent ? Le secret de son cœur le réserve. Mais ils se parlent, sans manière ni ostentation. Elle n’est pas femme à le crier sur les toits, à vouloir chercher la lumière comme certains qui peuvent se montrer si fiers de prier dans la nuit ou à des moments improbables. Elle ne se prétend pas sujette à des révélations. Elle prie en pensant que c’est bien normal de prier. Et que c’est bien normal aussi de prier tout le temps quand on a tout le temps pour cela. Et c’est bien pour ça que le vieux qui porte la communion préfèrerait mourir que renoncer à boîter jusqu’à elle : il goûte de la contempler, d’échanger avec elle des paroles gentilles et bonnes qui sont comme les fruits de ce compagnonnage si simple de Jésus. 

Que devient cette prière ?

Un jour, elle est morte, après une agonie difficile à vivre pour ses enfants et ses proches : « La voir souffrir comme ça, disent-ils, ce n’est pas chrétien. » Au point que l’un ou l’autre pensait à haute voix que ce Dieu, auquel il ne croyait pas, était bien ingrat envers une pauvre femme qui depuis toujours communiait avec Lui. Elle ne se plaignait pas. Dans son lit de douleurs, elle continuait à prier, s’étonnant qu’on puisse en être étonné, comme avant, près de sa table dans sa ferme.

La vérité de l’évangélisation ne tient pas dans des trucs ou des machins, dans des pédagogies ou des process, mais dans la capacité à se mettre à l’écoute de Celui dont on veut témoigner afin de le découvrir tel qu’Il se révèle et non tel que nous voulons le révéler.

Que devient cette prière ? Que permet-elle ? Que provoque-t-elle ? Depuis un demi-siècle, beaucoup pensent trouver chacun une martingale pour permettre à l’Évangile de triompher de tout sécularisme. Tous se sont trompés. Les vanités du monde et des bonnes réputations finissent toujours par faire craquer le vernis lorsqu’on en recouvre les tartufferies et les déviances. Et ce ne sont sûrement pas les tristes sourires crispés du reality show « Bienvenue au monastère », auxquels certains se livrent, qui sauveront la réputation de communautés frappées par les scandales et les impostures.

La vérité de l’évangélisation

Tous se sont trompés car la vérité de l’évangélisation ne tient pas dans des trucs ou des machins, dans des pédagogies ou des process, mais dans la capacité à se mettre à l’écoute de Celui dont on veut témoigner afin de le découvrir tel qu’Il se révèle et non tel que nous voulons le révéler. Et alors de témoigner non par nos émotions mais par la fidélité de notre vie. De cette vieille fermière normande, il ne reste plus rien de visible. Mais ces années passées attablée avec Dieu, nous disent bien plus quelque chose de ce banquet où tous ont une place, dans le Royaume, que bien des discours et des exhortations. 

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