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C’est une histoire fulgurante, qui n’est pourtant pas, hélas ! si originale dans notre monde prodigue en barbaries en tous genres. La Marche à la mort est le récit de la déportation de cinq pauvres sœurs carmélites saisies dans la tourmente d’une guerre idéologique et meurtrière au cours de laquelle toutes opposeront le courage et le témoignage d’une foi vive et d’une charité sans faille. De quoi s’agit-il ? Rappelons le contexte historique. En 1945, à la suite de la défaite du Japon, la péninsule coréenne est coupée en deux : le nord sous influence soviétique et chinoise, le sud sous influence américaine. En 1950, la Corée du Nord, dénommée paradoxalement, depuis 1948, République démocratique de Corée, engage une offensive d’invasion contre la Corée du Sud. C’est le début d’une guerre qui va durer trois ans.
Le cilice des poux
En 1953, un armistice est enfin signé, établissant une zone de démarcation sur le 38e parallèle, frontière hermétique qui reste cependant l’un des points les plus sensibles de l’Asie — comme l’attestent encore aujourd’hui les menaces répétées de Kim Jong Un contre son voisin, voire contre tout l’Occident… Cinq carmélites du carmel de Séoul, dont la plupart sont françaises, sont plongées subitement dans l’enfer de cette guerre meurtrière. Leurs bourreaux nord-coréens, biberonnés aux thèses de la propagande marxiste soviétique, les arrêtent et leur font subir une déportation au cours de laquelle deux d’entre elles trouveront la mort.
Imaginez : pendant plus de deux ans, ces sœurs, habituées au silence et à la paix du cloître, vont être ballottées de camp en camp, subissant le froid intense du rude hiver coréen (jusqu’à – 40° C !) ou le "cilice vivant" (p. 46) des poux qui leur couvrent le corps, les interrogatoires interminables de leurs tortionnaires ou les subterfuges auxquels ils se livrent pour effrayer leurs prisonniers ; l’insuffisance d’un régime alimentaire presque exclusivement constitué de riz ou de bouillies infâmes ; et puis surtout cet épuisement physique qui les gagnera bientôt lors de cette marche forcée de plusieurs centaines de kilomètres à travers l’hiver rigoureux de Corée.
Un témoignage de vie spirituelle
Mère Marie-Madeleine, l’auteur de ce récit, presque entièrement aveugle au moment des événements, a fort heureusement consigné les chroniques de ce périple hallucinant, resté pourtant inconnu jusqu’à ce que les Éditions du Carmel les publient, une première, puis une deuxième fois. Le récit n’a pas d’ambition littéraire, et c’est sans doute mieux ainsi. Car il constitue d’autant plus un authentique témoignage de vie spirituelle. En effet, au milieu des épaisses ténèbres dans lesquelles elles se trouvent plongées, alors que leurs geôliers les invitent à l’apostasie en proclamant la mort de Dieu et la victoire du matérialisme marxiste, nos cinq carmélites ne cessent de témoigner de leur foi en Jésus ressuscité, jusqu’au péril de leur vie…
En ces temps troublés que nous vivons, non seulement dans le monde mais aussi dans l’Église, il est bon de lire un tel récit pour y puiser la force que donne la foi dans les épreuves et que nous avons tant besoin de recevoir !
Pratique