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Film espagnol disponible dans le monde entier sur Netflix, le Cercle des neiges connaît un succès fulgurant, auprès du public américain notamment, avec plus de 55 millions d’heures de visionnage depuis sa sortie le 4 janvier 2024. Il s’agit d’une relecture difficile mais enrichissante du "Miracle des Andes" de 1972. Pour rappel, cette année-là, un avion en provenance d'Uruguay s'approchait du Chili lorsqu'il s'est écrasé dans les montagnes enneigées de la cordillère des Andes, tuant 12 personnes et laissant 33 survivants - pour la plupart une équipe de jeunes joueurs de rugby et leurs familles. Seuls 16 survivront et seront secourus 72 jours plus tard, après que deux coéquipiers, Nando Parrado et Roberto Canessa, aient passé 10 jours à défier la mort dans les montagnes pour trouver de l'aide.
Un premier film “Alive” en 1993
Une histoire mondialement connue, qui a déjà fait l’objet de nombreux livres, documentaires et même de films. On se souvient notamment du film Alive, sorti en 1993, inspiré du livre de l’écrivain britannique Piers Paul Read et qui offrait déjà un aperçu fascinant de cette terrible épreuve. Le froid glacial, les blessures vicieuses, les avalanches mortelles et l'horrible vérité la plus associée à l'histoire : les survivants, après d'intenses délibérations, ont eu recours à l'ingestion des corps des morts pour survivre. Dans le film de 1993, était déjà mis en lumière le contexte spirituel de cette épreuve. En effet, les survivants étaient des catholiques passés sur les bancs d'une école tenue par les Lassaliens. Ils ont par la suite demandé et obtenu le pardon de l'Église pour ce qui s'est passé dans les montagnes. C'est d'ailleurs en raison de sa propre foi catholique que l’auteur Piers Paul Read avait été invité à écrire Alive. Le film montre ainsi des personnages discutant de la réalité de Dieu et priant le Notre Père et l'Ave Maria et il se termine avec Aaron Neville - lui-même fervent catholique - qui chante "Ave Maria" sur l'image d'une croix.
Les vérités édifiantes de la foi
Qu'est-ce que le Cercle des Neiges ajoute donc au tableau ? Tout d'abord, une authenticité accrue : contrairement à Alive, certaines parties du film ont été filmées sur le site même du crash. De plus, le livre sur lequel il est basé contient les récits des 16 survivants. Enfin la talentueuse distribution hispanophone et l'impressionnante réalisation apportent un réalisme vivant et parfois brutal. D’ailleurs, les survivants, après avoir assisté à une première projection, ont eu droit à un "tonnerre d'applaudissements", et en ont pleuré. Mais surtout, ce nouveau film permet d'approfondir les deux dimensions de l'histoire: à la fois les horribles profondeurs de la survie et les vérités édifiantes de la foi.
Qu’aurions-nous fait à leur place ?
La réalisation de Juan Antonio Bayona (L'orphelinat) nous plonge ainsi dans le désespoir croissant de ces jeunes hommes. Lorsque certains membres du groupe, après une série d'intimidations, finissent par craquer et par recourir à des mesures désespérées, la scène sinistre traduit bien le franchissement d'un seuil. L'un des survivants, horrifié, se met à prier intensément depuis l'intérieur du fuselage. Le film n'en fait heureusement pas un spectacle mais il plonge le spectateur dans cette formidable lutte physique et mentale, et dans le combat spirituel qui s'ensuit. Les coéquipiers s'interrogent sur eux-mêmes et sur les autres, ils interrogent Dieu, ils se demandent pourquoi tout cela doit arriver. Et bien sûr, à son tour le public se demande : qu’aurions-nous fait à leur place ?
Il n'y a pas d'amour plus grand que celui qui donne la vie à ses amis
En même temps, cette terrible lutte pour la survie est imprégnée d'une grande foi, d'espoir et d'amour. Au début du Cercle des neiges, on voit les jeunes hommes assister à la messe, où le prêtre prononce une homélie - appropriée - sur la tentation du Christ alors qu'il a jeûné dans le désert pendant 40 jours : "On ne vit pas seulement de pain". Après le crash, les survivants se massent mutuellement les pieds et inventent des poèmes ridicules, évitant ainsi les engelures et la folie. Lorsqu'une expédition trouve la queue de l'avion dans les montagnes, ils ramènent le butin pour le groupe. Fernando Parrado offre triomphalement un morceau de chocolat - et des encouragements, "Il faut essayer" - à son ami. Plus tard, portant les chapelets de ses amis autour du cou, Roberto Cannessa berce silencieusement leurs restes et les enterre en faisant le signe de la croix.
Plus fort encore, le narrateur - Numa Turcatti, qui n'apparaît pas dans Alive - devient une icône de l'amour chrétien. "Il rayonnait de paix", se souvient un survivant. "Il n'abandonnait jamais, et lorsqu'il s'approchait de moi, j'avais l'impression que Jésus-Christ lui-même était parmi nous, avec tant de miséricorde et de compassion dans ses yeux". Numa Turcatti est l'un des derniers à s'opposer au cannibalisme du groupe, mais il écrit dans ses dernières volontés : "Il n'y a pas d'amour plus grand que celui qui donne la vie à ses amis". Numa Turcatti ne survit pas et raconte donc le film de toute éternité - une belle initiative qui non seulement rend hommage aux victimes de l'accident, mais fait aussi un geste vers la vérité de leur foi.