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La création d'un "congé de naissance" au lieu du "congé parental" actuel, annoncée par Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse ce mardi 16 janvier, parviendra-t-elle à relancer la natalité ? Rien n'est moins sûr. Les derniers chiffres de l'Insee semblent marquer la fin de l’exception française en Europe. Jusqu’à présent, la France était plutôt bonne élève en matière de natalité. Mais l'effondrement des naissances enregistré en 2023 n’en fait plus un modèle. Le dernier bilan démographique de l’Insee démontre une accélération de la chute de la natalité, amorcée depuis 2011. Entre 2022 et 2023, les naissances ont diminué de près de 7%. En 2023, 678.000 bébés ont vu le jour en France. C’est 48.000 naissances de moins que l’année précédente (-6,6%), et près de 20% de moins qu’en 2010, année du dernier pic des naissances.
Depuis 2011, les naissances sont chaque année moins nombreuses, à l’exception d’un rebond en 2021 (conséquence de la crise sanitaire). Fait marquant de 2023, la chute s’accélère : entre 2014 et 2019, la baisse était de 1,6 % par an, elle était de 2,2 % en 2022, et de 6,6 % en 2023.
1,68 enfant par femme
Le passage sous le cap symbolique des 700.000 naissances s'explique par une forte baisse de la fécondité. En 2023, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit à 1,68 enfant par femme, après 1,79 en 2022. "Depuis la Seconde Guerre mondiale, cet indicateur n’a jamais été aussi bas hormis en 1993 et 1994", soulignent les auteurs de l’étude.
Une fécondité qui baisse à tous les âges, y compris pour les femmes âgées de 30 ans ou plus, qui n’étaient pas ou peu concernées par le recul de la fécondité dans les années précédant la crise sanitaire. Le taux de fécondité des femmes de moins de 30 ans s’inscrit lui aussi dans une tendance à la baisse depuis les années 2000. Cette diminution s’est accentuée depuis 2015, et encore davantage en 2023. En 2023, l’âge moyen à la maternité s’élève, comme en 2022, à 31 ans, contre 29,5 ans 20 ans plus tôt.
Nous entrons dans un "hiver démographique".
"Nous entrons dans un "hiver démographique"", alertent les Associations Familiales Catholiques (AFC). Une étude menée par les AFC en juillet 2023 a cherché à connaître les causes du renoncement au désir d’enfant. Il apparaît que la question du mode de garde, trop chers ou inexistants, ainsi que les problèmes d’emploi et de ressources financières, arrivent en premières positions parmi les raisons invoquées. "Le décrochage du nombre des naissances annuelles atteste d’une tendance inquiétante pour le modèle social français qui repose sur la solidarité intergénérationnelle et doit interroger notre société sur les perspectives qu’elle propose aux jeunes familles", concluent les AFC.
Rabotages de la politique familiale depuis 2014
Force est de constater que la chute de la natalité correspond à la remise en question de la politique familiale, qui avait pourtant été globalement maintenue par tous les gouvernements depuis la fin des années 1930. Une corrélation mise en évidence par le démographe Gérard-François Dumont dans un entretien au Figaro : "Quand on regarde l'évolution de la fécondité et la détérioration de la politique familiale sur les dernières décennies, la corrélation est parfaite. Quand il y a eu des mesures positives de politique familiale, la fécondité a augmenté, quand il y a eu des mesures négatives, elle a baissé."
Or au début du quinquennat de François Hollande, en 2012 et 2013, la politique familiale a subi de sévères rabotages, avec l’abaissement par deux fois du plafond du quotient familial et la mise sous condition de ressources des allocations familiales. Des mesures qui ont impacté les familles et envoyé un signal négatif aux jeunes couples. Et le prolongement du congé paternité n'a pas suffi à convaincre les couples.
Rejet de la maternité
Outre l’absence de politique familiale forte, l’imprégnation, de plus en plus visible dans la société, de de la tendance du non-désir d’enfant, semble être une cause non négligeable de la chute de la natalité. En 2022, un sondage Elle-Ifop montrait que parmi les femmes sondées en âge de procréer et n’ayant pas encore d’enfants, 30% déclaraient ne pas en vouloir. Celles que l’on appelle les "no kids", ou les "childree" (libres d’enfants) revendiquent leur liberté et une certaine qualité de vie sans contraintes ni responsabilités. Elles ne sont pas les seules à refuser la maternité. Les GINK pour Green Inclination, No Kids (Engagement vert, pas d’enfants) font quant à elles le choix de ne pas avoir d’enfant pour protéger la planète.
Face à cela, que peut-on proposer ? "Rappeler que les enfants et les générations qui se renouvellent engendrent espoir et vitalité", écrivait récemment notre chroniqueuse Blanche Streb. "Qu’il faut soutenir les couples et les jeunes parents. S’encourager aussi quand on a des enfants à ne pas seulement s’en plaindre, mais à nourrir et transmettre la joie de son foyer, à rayonner, même si donner la vie c’est aussi donner beaucoup de sa vie".