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"Cela me fait drôle de les voir partir car je m’étais habituée à eux, et si je les appelais au début “les migrants”, maintenant ce sont “nos garçons””. Elisabeth, comme de nombreux fidèles de la paroisse du Saint-Sacrement de Lyon, a été touchée par la vie des quelque 170 jeunes migrants installés à proximité de l’église. Une épreuve pour ces mineurs qui a résonné d’autant plus que leurs 40 jours de présence dans l'église, en pleine période de l’Avent et de Noël, correspond à "un long chemin de croix et de souffrance".
La mairie et le diocèse de Lyon ont annoncé lundi 15 janvier mettre à disposition 170 places d’hébergement d’urgence destinées à ces jeunes migrants qui vivaient depuis le mois d’avril dernier dans des tentes installées dans un square face à l’église du Saint-Sacrement située dans le 3e arrondissement de Lyon et dont une dizaine d’entre eux ont occupé l’église. Le diocèse est en effet extrêmement présent et réactif depuis ce soir du 8 décembre quand, après la messe, certains migrants ont poussé les portes et s'y sont installés pour dormir à l'abri. L'archevêque des lieux, Mgr Olivier de Germay, était venu les rencontrer aussitôt, et avait alors décidé de les autoriser temporairement à rester, "le temps de trouver une solution". Après beaucoup de rencontres, de mobilisation, de dialogue et de fraternité, ces jeunes ont donc été placés dans un gymnase chauffé, et pour certains dans des locaux du diocèse. "Par groupe de sept ou huit, ils seront répartis au sein de différents lieux appartenant au diocèse et mis temporairement à leur disposition dans le 6e, le 7e et le 8e arrondissement, ainsi qu’à Dardilly", précise le diocèse.
C’était "les migrants", ils sont maintenant "nos garçons"
Ceux qui dormaient dans l’église et qui, chaque matin, "rangeaient et balayaient derrière eux", partent donc également et laisseront "un témoignage édifiant", si l’on en croit les paroissiens sollicités par Aleteia. C’est ce que confie notamment Elisabeth, l’assistante paroissiale, qui chaque jour, en arrivant, était chargée de les réveiller et de leur rappeler de libérer l'église "vers 9h", pour permettre la tenue des offices. "Ils ont toujours été extrêmement respectueux et gentils, cela ne pouvait pas se passer dans de meilleures conditions", reconnaît-elle, bien consciente néanmoins du drame que vivent ces jeunes. Le curé des lieux, le père Renaud de Kermadec, confirme à son tour. "Cela nous a tous fait grandir, 40 jours c’est le temps d’une conversion, nous tous avons été bousculés et interpellés par la présence de ces frères pauvres parmi les pauvres, et sans cesse me venait à l’esprit cette phrase de l’Évangile “j’étais un étranger et vous m'avez accueilli”".
Toute une paroisse mobilisée
Aussi, passée la surprise de leur arrivée impromptue le 8 décembre dernier, les paroissiens se sont mobilisés. "Nous avons organisé une collecte de couvertures, bonnets, gants et matelas, et tout le monde a répondu présent", reprend Elisabeth, "les paroissiens, mais aussi l’école catholique juste à côté, qui a également organisé une collecte". Même l’immeuble de bureau, jouxtant l'église, s'est mobilisé, et il n’était pas rare le matin, que des salariés viennent distribuer un café chaud. Et chaque samedi matin, les équipes de la paroisse Saint-Pothin (6e) assuraient une maraude pour distribuer un petit-déjeuner et surtout offrir un sourire et de l’écoute, "comme une présence du Christ". "Nous avons vécu vraiment une très belle expérience de fraternité", reprend le curé, "chrétiens ou pas, que ce soit le collectif, les pouvoirs publics, les paroissiens ou les habitants du quartier, nous nous sommes tous rencontrés et mobilisés pour aider ces jeunes, ce fut une expérience assez édifiante". Arthur, 14 ans, en sortie scout ce dimanche dans la paroisse, a été marqué par l'accueil des paroissiens et la discrétion des migrants. "Les matelas étaient posés contre les murs pour ne pas gêner pendant la messe et certains sont restés au fond de l'église, pendant la messe, pour prier", raconte-t-il, encore frappé par la présence de ces jeunes "discrets et si pauvres" et par le message du prêtre et le témoignage des paroissiens.
La nuit de Noël restera également dans les mémoires des paroissiens, car après la messe, tous se sont retrouvés dans le square pour distribuer "chocolat chaud, mandarines et papillotes". "C'était à la fois un moment d’une grande simplicité et d’une grande profondeur", se souvient encore le curé des lieux, qui avait été rejoint par Mgr Olivier de Germay. C’est donc tout un diocèse qui s’est mobilisé à côté des plus pauvres, et toute une paroisse qui a vécu "une expérience spirituelle et même sacramentelle", conclut le père de Kermadec.