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Paris n'a pas le privilège des cathédrales qui renaissent. À Mossoul aussi, après des années de désolation, les blessures cicatrisent : lentement, l'église du couvent Notre-Dame de l'Heure revient à la vie. Le 1er janvier, les dominicains en Irak célébreront une messe à Notre-Dame de l'Heure à l'occasion de la fête de Marie Mère de Dieu. Une façon on ne peut plus symbolique de commencer la nouvelle année, et une étape forte alors que se poursuit la reconstruction de l'église.
Lorsque l'État Islamique s'est emparé de la ville de Mossoul, le couvent a un temps été utilisé comme quartier général des islamistes, servant tour à tour de tribunal, de prison et de centre de formation. "Notre-Dame de l'Heure va retrouver sa vocation de sanctuaire. Elle qui avait été transformée en lieu de violences, elle redevient un lieu de vie, comme la Vie a pris chair en la Vierge Marie", déclare à Aleteia Olivier Poquillon, frère dominicain en charge des travaux. "Cette messe est une magnifique occasion de rassemblement. Ce jour où nous célébrons la mère du Sauveur rappelle que la vie est plus forte que la mort. C'est un moment particulièrement fort après toute la souffrance subie ici", poursuit-il. Loin de tout triomphalisme, cette messe du 1er janvier montre que "Marie ne nous laisse jamais tomber, elle est avec nous 'maintenant, et à l'heure de notre mort' : c'est ce que nous rappelle Notre-Dame de l'Heure. Elle est la lumière au cœur de la nuit."
La messe rassemblera les frères, sœurs et laïcs de l'Ordre des prêcheurs dominicains, dont la présence en Orient est millénaire. En Irak, les dominicains sont présents à Bagdad, Qaraqosh, ou encore Erbil, où ils entretiennent des liens particulièrement étroits avec la communauté chrétienne sur place. C'est donc aussi, pour cette communauté, "une exhortation à poursuivre la mission qui nous a été confiée", rappelle le frère Olivier.
Un lien étroit avec la France
Notre-Dame de l'Heure de Mossoul est un symbole majeur du lien étroit entre la France et les chrétiens d'Orient. C'est en 1856 que huit frères dominicains furent envoyés à Mossoul par la Province de France, succédant ainsi aux Italiens présents depuis 1750. Ils y édifièrent l'église latine entre 1860 et 1873, période pendant laquelle l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, signifia elle-même la grande proximité de la France avec l'Irak en offrant le clocher de l'église. La célèbre horloge qui donna pour la première fois l'heure à toute la ville de Mossoul fut quant à elle financée par le gouvernement français. Aujourd'hui encore, l'église porte en son sein la marque de la France : ses trois cloches, nommées après les archanges Gabriel, Raphaël et Michel, ont été fondues dans la Manche. Elles ont sonné le 7 mars 2023, après avoir été réduites au silence par la guerre pendant sept ans.
Si le point final des travaux était espéré en septembre 2023, le chantier subit quelques retards. Le sol de l'église et de la cour ont été refaits, les vitraux en partie posés, et le maître autel réinstallé. Un peu moins d'un an auparavant, le 20 décembre 2022, les ouvriers irakiens accrochaient de nouveau les grandes croix de métal arrachées par Daesh sur les dômes de Notre-Dame de l'Heure. "Cela prend du temps", reconnaît frère Olivier, "mais c'est comme tout processus de cicatrisation. Notre-Dame de l'Heure panse ses plaies."