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2023, la diplomatie de l’Église entre guerres et paix

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Jean-Baptiste Noé - publié le 29/12/23
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Quel bilan pour la diplomatie du Saint-Siège en 2023 ? L’année aura été une année de guerres nombreuses dans le monde où les diplomates du Saint-Siège n’ont pas ménagé leur peine. Parmi ses diplomates, toujours au service de la paix et de la justice, le géopoliticien Jean-Baptiste Noé signale deux Français qui ont mérité la reconnaissance de l’Église.

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L’année 2023 fut bouleversée par l’attaque du 7 octobre conduite par le Hamas qui endeuilla une nouvelle fois la Terre Sainte. Pour les chrétiens de Gaza, Noël fut vécu sous les bombes et dans l’incertitude du retour de la paix. Le Saint-Siège ne ménage pas ses efforts pour tenter des médiations et aider à trouver des solutions à ces guerres, mais face au déferlement des armes, la diplomatie s’avère souvent impuissante. 

Combattre la vente d’armes

C’est à la source des conflits que François souhaite agir. À plusieurs reprises cette année il a insisté sur la nécessité du désarmement, thème repris dans son discours de Noël : « Pour dire non à la guerre, il faut dire non aux armes. […] Car si l’homme, dont le cœur est instable et blessé, a en sa possession des instruments de morts, tôt ou tard, il les utilisera. » Un appel au désarmement qui est une constante de son pontificat. En voyage au Japon (2019), il s’était exprimé contre la possession des armes nucléaires et en faveur d’un démantèlement de l’arsenal mondial. Il a aussi tenu à infléchir la vision classique de la guerre juste en expliquant que les cas de guerre juste sont très peu nombreux. Autant de positions qui semblent bien difficiles à mettre en place tant on voit mal les nations renoncer à la possession et, in fine à l’usage, des armes possédées. Ce qui ne décourage pas le pape dans ses appels répétés à réduire les ventes d’armes.  

Dans de nombreux pays, a liberté de la foi recule et les chrétiens sont persécutés dès qu’il s’agit de posséder une église, de faire des cours de catéchisme.

Dans la litanie des conflits évoqués lors de la bénédiction Urbi et orbi, le pape a évoqué l’Arménie et l’Azerbaïdjan, où le conflit semble s’être résolu cette année, au détriment des Arméniens du Karabagh. Pas un mot en revanche sur la Russie et la Chine, où la persécution des chrétiens continue pourtant d’opérer. Car s’il y a des conflits ouverts, et ils sont nombreux, il y a aussi de nombreux pays où la liberté de la foi recule et où les chrétiens sont persécutés dès qu’il s’agit de posséder une église, de faire des cours de catéchisme, de recevoir des subsides de l’étranger. Cela compte parmi les points délicats de la diplomatie pontificale, dossier sur lequel elle n’a que peu de leviers. Dans bon nombre de pays d’Afrique, la liberté religieuse est en recul : Algérie, Soudan, pays du Sahel, à quoi s’ajoutent des régions où les chrétiens subissent des exactions, comme dans le nord du Nigéria, dans l’est du Congo, en Centrafrique. Le Saint-Siège manque de relais de puissance pour parvenir à des solutions. Les chrétiens sont alors persécutés dans une spirale de violence qui génère une forme de fatalisme, comme s’il n’était pas possible d’y mettre un terme. 

Arménie, réfugiés, Haut Karabagh
Une famille de réfugiés du Haut-Karabagh arrive en camion au centre de la Croix Rouge arménienne, près de Kornidzor, le 27 septembre 2023.

Deux diplomates français à l’honneur contre les guerres

Les prêtres qui défaillent font davantage la une des médias que les prêtres qui demeurent fidèles. 2023 aura pourtant été l’occasion de mettre en avant le travail de deux prêtres français au service de la diplomatie du Saint-Siège ; dans une vie discrète, en action dans les coulisses de la diplomatie mondiale. Le premier d’entre eux est Mgr Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis depuis 2016 et créé cardinal par François en septembre dernier. Preuve de la considération que lui porte le pape, il a été maintenu à son poste en dépit de la limite d’âge de 75 ans qu’il a dépassée (il est né en 1946).

Archbishop Christophe Pierre
Archbishop Christophe Pierre, Apostolic Nuncio to the United States

Le second est Mgr François Bacqué, retourné à Dieu en novembre dernier. Né à Bordeaux en 1936, il résidait à Rome depuis sa retraite. Peu connu du grand public, et notamment des Français, il fut un diplomate des missions délicates, ayant été en poste dans plusieurs pays particulièrement sensibles : Chine et Chili au début de sa carrière diplomatique puis, comme pro-nonce au Sri Lanka (1988-1994), alors que l’île connaissait une guerre civile de grande ampleur, ensuite comme nonce en République dominicaine (1994-2001) avant d’achever sa carrière comme nonce aux Pays-Bas (2001-2011). Il est l’un des nombreux exemples de ces prêtres discrets, qui ont mis leur vie au service de l’Église à travers le service de sa diplomatie. Benoît XVI lui confia ensuite une mission tout aussi diplomatique et délicate, celle du suivi des instituts Ecclesia Dei, c'est-à-dire des communautés qui se distinguent notamment par la célébration de la messe en forme extraordinaire. Il mena ainsi plusieurs visites apostoliques à l’Institut du Christ Roi souverain prêtre et à l’Institut du Bon Pasteur, où il laissa le souvenir d’un homme avenant et attentif. Si la diplomatie du Saint-Siège est souvent peu connue des catholiques, et parfois mal comprise, la figure de Mgr Bacqué permet de mettre des visages sur ce travail de l’ombre au service de l’évangélisation et de la paix. Un service parfois ingrat tant les fruits sont longs à venir, mais essentiel, pour l’Église et le monde.

Mgr François Bacqué
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