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À Noël, avec Douce nuit, nous chantons : "Cet enfant dans la paille endormi, c’est l’amour infini". Comment pouvons-nous poser pareille affirmation stupéfiante ? Car enfin, dans la mangeoire de Bethléem, le fils de Marie n’est qu’un simple bambin tout juste né, un simple enfant comme des milliers d’autres dans nos maternités, un bambin sans défense ni parole. Comment savons-nous qu’il est l’amour infini ? Rien ne l’indique en apparence. Un enfant comme les autres : voilà ce que voient nos yeux en regardant la crèche. Aussi, pour croire qu’il est l’amour infini, est-il nécessaire de regarder à la fois en aval et en amont du mystère de Noël.
En aval du mystère, la Passion et la Résurrection
Regarder en aval : en effet, l’amour n’est pas une simple bulle sentimentale mais une réalité qui se prouve par des actes. Aujourd’hui, à Bethléem, Jésus n’est pas encore capable d’agir par des actes. Il les posera plus tard. Voilà pourquoi seuls ceux qui ont ouvert les évangiles sont en mesure de comprendre les paroles du chant Douce nuit. C’est le récit inspiré de la vie de Jésus qui prouve que l’enfant de Bethléem est l’amour infini. La lecture de ses faits, gestes et paroles nous révèle le mystère qui est le sien et qui constitue la substance de son être : l’amour — cet amour que sa mort portera à une lumière incandescente. Si nous nous agenouillons devant l’Enfant de la crèche, c’est parce que nous savons qu’il sera crucifié et ressuscité, Celui qui aura sacrifié sa vie pour les hommes.
Cet enfant vient de Dieu
Est-ce suffisant ? Ne faut-il pas aller plus loin que la mort sur la Croix et la Résurrection pour affirmer de Jésus qu’il est l’amour infini ? Oui, il est nécessaire de tourner nos regards en amont. Pour apprendre quoi ? Tout simplement que cet Enfant vient de Dieu, qu’il est Dieu, qu’il nous a été donné par le Père et qu’il vient de toute éternité. Or, Dieu est Amour. L’Enfant est donc l’amour infini parce qu’il vient de l’infini divin et qu’il est l’infini divin en lui-même en tant que seconde Personne de la Trinité. Telle est la foi de l’Église. L’Enfant de la crèche est l’amour infini parce qu’en lui l’Amour éternel se fait temporel, la richesse se fait pauvreté, le divin se fait humain, l’absolu se fait familier, l’infini se fait fini et petit. Voilà ce que nous apprend un regard porté en amont de l’enfant de la crèche.
Ainsi, deux mouvements sont nécessaires pour saisir dans toute sa profondeur l’infinité de l’amour du nouveau-né de Bethléem. Le premier mouvement va du présent de Bethléem à l’à-venir de Pâques à Jérusalem. Le second mouvement remonte de Bethléem jusqu’à l’éternité du conseil divin trinitaire qui a voulu par amour l’incarnation du Fils éternel. L’événement de la Nativité est encadré par deux infinis d’amour, l’un ancré dans l’éternité, le second manifesté dans l’existence concrète de Jésus de Nazareth. Et ces deux infinis confluent en Jésus, en celui qui est l’enfant de la crèche et qui deviendra ultérieurement le prophète du Royaume, le guérisseur miséricordieux, le condamné du Golgotha et enfin le Ressuscité dispensateur de l’Esprit.
L’amour infini de toute éternité
Chanter « Cet Enfant sur la paille endormi, c’est l’amour infini » demande donc une connaissance assez poussée du mystère de Jésus. On ne saisit pleinement la dimension de Noël qu’en portant nos regards à la fois vers l’éternité qui précède la naissance du Christ à Bethléem et le futur de son existence d’homme vécue en Galilée et en Judée telle que nous la relatent les évangiles.