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Malgré l’agitation, les détournements plus ou moins futiles de ce qui fait l’essentiel, Noël est un événement qui peut nous replacer, croyant ou incroyant, devant cette question : qu’est-ce qui compte vraiment ? Contempler la crèche, cet événement fondateur qui s’est joué dans la plus grande des pauvretés et des simplicités, c’est plonger profondément notre regard dans l’humilité de Dieu. La fin d’année, elle, est propice au "bilan intérieur", quant à la nouvelle, elle ne manque jamais d’arriver avec son cortège de "bonnes résolutions", enterrées souvent assez rapidement... Et dans ce bilan, plus ou moins inconscient, surnagent sûrement quelques chutes, quelques échecs. Car on en vit tous, plus ou moins graves.
Un potentiel d’accomplissement
Mais l’échec n’est pas toujours dénué d’enseignement — y compris sur l’espérance — et peut même s’avérer salutaire. Car on peut fléchir et réfléchir. L’échec, c’est une expérience du réel, de ce qui nous résiste. Il nous met face à cette réalité : nous ne sommes pas tout-puissants. Nous échouons parce que nous sommes des hommes. Avec ce que cela implique d’humilité. Oui, nous pouvons nous tromper. Tomber. Mais nous sommes des hommes, avec ce que cela implique comme grandeur. Nous pouvons nous relever. Nous corriger. Et finalement progresser. Si Noël nous replace face à l’essentiel, l’échec, lui, nous déplace. Il peut être l’occasion d’une découverte et même d’une fécondité inespérée.
Bien sûr, il ne s’agit pas, a priori, de glorifier nos erreurs et nos défaites, mais d’espérer, et de faire en sorte, qu’elles soient porteuses de vie, a posteriori, par la Grâce. Je crois que si on se fond en elle, l’espérance se rit des échecs. Elle peut en faire un jeu, une tactique, pour que la vie, prenant appui sur eux, les surmonte, soit l’occasion pour nous de déployer une force, un talent qu’on n’aurait jamais expérimenté si l’échec ne les avait pas d’abord convoqués, puis révélés. Il y a dans l’échec un potentiel d’accomplissement.
L’exemple des saints
Si nous prenons l’exemple des saints, nous voyons que leur vie est passée par toutes sortes de défaites. Ils ont aussi douté, hésité, tâtonné. Mais ce qui fait leur merveilleux, c’est leur confiance dans l’Esprit qui les conduit, c’est la qualité de leur réaction spirituelle face aux événements, glorifiant Dieu dans l’épreuve comme dans le succès pour que tout soit dépassé, par la Grâce. Ce n’est pas la difficulté qui renforce, c’est la Source et Ses ressources qui donnent de les surmonter. C’est aussi l’enseignement de saint Jacques : si notre foi reste solide dans les difficultés, elles nous rendent plus solides.
Au fond, chaque erreur rectifiée sur notre Chemin peut constituer un pas de plus vers la Vérité. Et la Vie. Il y a dans chaque douleur dépassée, une possible ascension. Alors, finissons cette année et préparons nos vœux en nous encourageant avec cette piquante, intelligente mais non moins amusante parole du saint Curé d’Ars : "Les saints n’ont pas tous bien commencé, mais ils ont tous bien fini. Nous avons mal commencé, finissons bien." Je vous souhaite chaleureusement, fidèle ami lecteur d’Aleteia, un saint et joyeux Noël.
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.