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Crépol. Avec un nom pareil, on se croirait en Ukraine, tout là-bas vers la Crimée. Si ce village de la Drôme ignore les tranchées, les obus et les drones, le sang y a quand même coulé le temps d’un soir, lorsque le bal vira au carnage. "La salle ressemblait à un abattoir", confia un témoin à BFMTV. Mad Max ou Orange mécanique, ce n’est pas que sur Netflix.
La mort de Thomas n’est pas un fait divers au sens banal du terme. C’est plutôt une séance de rattrapage pour la "douce France" qui se croyait à l’abri des banlieues. L’événement relève plus de l’attentat que de la rixe : armés de couteaux de 25 cm, des jeunes sont venus pour "tuer des Blancs" assurent des témoins. Ils ont entre 16 et 22 ans. La société va devoir se protéger de leurs pulsions, pendant longtemps et à ses frais. Le plus stupéfiant, c’est la grossièreté des pouvoirs politique et médiatique. Pas un seul représentant de l’État n’est venu aux obsèques de Thomas. Une chaise vide pleine de sens : "On vous lâche, ne comptez pas sur nous car vous ne comptez pas pour nous." Voilà le message. La province rurale étant gagnée par le Rassemblement national, Paris s’en déleste, le calcul électoral ne méritant plus l’investissement symbolique. La minute de silence à l’Assemblée tient du service minimum.
Mensonge par omission
Côté médias, on aime conjuguer tuer et taire, à l’indicatif et au participe. Car tue et tu riment quand la censure s’ajoute au meurtre. Les noms des agresseurs à consonance maghrébine ne sont jamais divulgués, à Crépol comme ailleurs, alors qu’ils le sont systématiquement quand un Français de souche est fautif. Cet arbitraire devient outrancier. Il n’est pas nouveau. Depuis combien de temps parle-t-on de "jeunes" pour ne pas "stigmatiser" un profil plus précis ?
Où est la justice quand on immunise les uns en les invisibilisant et qu’on pénalise les autres en les exposant ? Où est l’éthique quand on ne hiérarchise pas les faits et surtout les méfaits ?
Ce mensonge par omission est l’un des visages de la désinformation. Comment ces mêmes médias pourraient-ils en être les remparts, alors que leur non-dit volontaire est de plus en plus flagrant, jusqu’à en être outrancier ? Quand ils citent le prénom de Yannick, ce septuagénaire ayant insulté un jardinier arabe à Villecresnes (Val-de-Marne), c’est pour le couvrir de honte voire attirer les représailles sur lui. Quand ils ne citent pas les noms des agresseurs de Crépol, c’est pour les protéger. Où est la justice quand on immunise les uns en les invisibilisant et qu’on pénalise les autres en les exposant ? Où est l’éthique quand on ne hiérarchise pas les faits et surtout les méfaits ? Le crime de Crépol est factuellement plus grave que l’injure de Villecresnes. Aujourd’hui, un jeune de 16 ans gît dans une tombe.
La dignité des villageois de Crépol
Cette attitude quasi officielle, portée par les médias et par l’État (qui au passage les subventionne), contribue à l’affaissement de tout discours institutionnel, alimente la rancœur et l’esprit de vengeance. Le non-dit, cette abstention volontaire et arbitraire, fabrique la violence.
Tout cela contraste avec la dignité des villageois et "l’appel aux larmes" lancé par le père Dominique Fornerod lors des obsèques de Thomas. Quel décalage entre ce petit peuple venu en silence à l’église et les gesticulations politiques ! En particulier quand on voit le ministre de l’Intérieur focalisé sur la dissolution de groupuscules d’ultra-droite dont la plupart des membres sont des indicateurs de police agissant sur commande. On est en pleine "fait-diversion", le gouvernement détournant l’attention pour qu’on oublie Crépol et que l’événement soit associé non pas à la "racaille" des cités, terme épouvantable qu’on devrait s’interdire, mais aux révoltés radicaux battant le pavé sous les caméras.
L’Église à la hauteur de sa mission
La bonne attitude des autorités eût été de solenniser le drame de Crépol, au côté du discours pacifique et rempli d’espérance que le père Fornerod a griffonné sur une feuille et que je lui ai demandé de réécrire pour qu’il soit mis en ligne. Je crois qu’il y travaille. La bonne attitude eût été aussi de reconnaître que l’Église a été à la hauteur de sa mission, comme amortisseur social, hébergeur de la peine collective, régulateur des passions, le tout bénévolement, parce qu’elle le doit, parce qu’elle le veut, parce qu’elle le peut encore, quand, pendant ce temps, l’État et sa dépense publique incontrôlée n’obtient, sur le front de la paix sociale, aucune victoire.