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Le débat pour la protection des ressources de la Terre s’invite dans la journée du dernier vendredi de novembre, dit "Black Friday", lors duquel de nombreuses enseignes commerciales cassent les prix sur une large gamme de produits. Cette grand-messe du surconsummérisme est-elle compatible avec les enjeux écologiques et l’esprit de la fête de Noël ? Y aurait-il une alternative plus vertueuse à cette tradition commerciale importée des États-Unis ?
Le Black Friday est en général apprécié des commerçants car ce vendredi de fin novembre est l’occasion pour eux de vider leurs surstocks et de lancer la campagne des ventes des fêtes de Noël et du Nouvel An. Dans un climat économique morose, dynamiser les ventes est une belle aubaine. Par ailleurs, pour un certain nombre de personnes aux revenus modestes, profiter des baisses de prix du Black Friday peut permettre d’acheter des produits dont le prix est habituellement inaccessible pour leur budget.
Une campagne publicitaire polémique
La semaine dernière pourtant, l’Ademe, l’Agence de transition écologique du gouvernement, a lancé une campagne composée de quatre spots télévisés, mettant en scène des “dévendeurs” au lieu de vendeurs, afin d’inciter les consommateurs à ne plus acheter du neuf, au profit de produits de seconde main ou recyclés. Ceci n’a pas plu à certains acteurs de commerce, au point de demander le retrait des vidéos publicitaires et de menacer l’Ademe d’une action en justice pour dénigrement commercial. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a dû intervenir, jugeant que la campagne n’était "pas très sympa" pour les vendeurs et "maladroite vis-à-vis du commerce, surtout le commerce physique qui se bat et que nous soutenons, particulièrement dans les centres-villes".
De son côté, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a déclaré assumer cette campagne, affirmant qu’aucun des spots ne serait retiré. Les deux ministres ont reconnu une maladresse dans le message, laissant entendre qu’il aurait été préférable de cibler les plateformes en ligne, principales promotrices de ce Black Friday, plutôt que les commerces physiques. Au-delà de cette polémique, pas simple, il faut le dire — car on comprend les commerces de ville — il est bon de prendre du recul et de regarder ce qui se joue dans cette invitation à consommer toujours plus.
La surconsommation relève de l’absurde
Un fait ne peut être nié. Nous consommons trop. Or les ressources de la Terre sont limitées. Je reprends quelques informations du site de la Camif, une entreprise à mission qui promeut la fabrication locale de mobiliers éco-responsables. Savez-vous, explique ce site Internet, que "chaque année, un ménage français consomme 34 tonnes de matières premières, l’équivalent d’une piscine olympique d’eau, de 4 terrains de football de terre" ?
Il rappelle par ailleurs que le bilan carbone d’un Français est d’environ 12 tonnes d’équivalent CO2 par an. Or, pour éviter que la température n’augmente de plus de 2°C d’ici 2050, il faudrait ne pas émettre plus de 2 tonnes par an par habitant. En parallèle, 64% des produits manufacturés sont importés. Mais la moitié de nos émissions de CO2 est liée à nos importations. La surconsommation relève de l’absurde. Réalisons-nous que sur 5 millions de tonnes de vêtements vendues chaque année en Europe, principalement importés d’Asie, 4 millions sont jetées ? Et quand on pense que fabriquer un jean utilise jusqu’à 10.000 litres d’eau, quelle folie au regard des pénuries d’eau de plus en plus fréquentes !
Sans doute qu’il existe une voie entre promouvoir la surconsommation à tout prix et soutenir les productions et le commerce local.
Que faut-il déduire de ce constat ? Sans doute qu’il existe une voie entre promouvoir la surconsommation à tout prix et soutenir les productions et le commerce local. Le Black Friday tel qu’il est conçu ne permet pas cette distinction car il vise à promouvoir la surconsommation de produits d’où qu’ils viennent sans discernement. La plupart des produits vendus sont neufs et proviennent de Chine. Le Point cite la société d'études de marché Kantar Worldpanel selon laquelle en 2022, rien que pour les produits de mode, 5,8 millions de Français ont effectué des achats durant le Black Friday (du vendredi au dimanche). Le succès est tel que les sites de ventes en lignes ont poursuivi leur promotion en créant le Cyber Monday, le lundi qui suit le Black Friday. Nous sommes loin de l’esprit de Noël qui invite à tourner son regard vers le petit, le faible, le pauvre, l’essentiel qui constitue notre vie.
Le Green Friday
Une alternative est-elle possible ? Oui, certains acteurs réagissent. La Camif par exemple ferme son site le vendredi 29 novembre pour cause d’urgence climatique, en posant cette question cruciale : "Quel modèle de société souhaitons-nous ? Notre mission est de s’engager pour une consommation responsable, nous agissons toute l’année pour une économie plus durable, plus locale et plus inclusive." D’autres membres de la société civile, animés par le réseau Envie, ont créé le Green Friday, conçu comme l’anti-Black Friday. Leur première intuition fut de s’associer à cette journée de soldes en proposant l’électroménager recyclé à des prix cassés sur le modèle des grosses enseignes de distribution classiques. L’objectif est de sensibiliser à la consommation responsable, d’encourager la rénovation, la réparation, et le recyclage. Il s’agit de dénoncer la logique du Black Friday sans culpabilisation, mais en remettant les choix citoyens au cœur des enjeux environnementaux et sociaux liés à la consommation pour qu’ils deviennent consom’acteurs.
Au sein d’Armor Group, nous pratiquons le Green Friday toute l’année, en proposant aux entreprises et aux organisations des cartouches d’impression laser remanufacturées OWA, c’est-à-dire recyclées, qui préservent les ressources de la Terre, à des prix de 30% plus bas que les cartouches neuves. Le chaos écologique actuel invite à revoir nos fondamentaux. Il ne s’agit pas de stopper les achats, mais de favoriser l’économie circulaire, les produits recyclés, la réparation des machines plutôt que de les remplacer sans réfléchir. C’est le sens de cette campagne publicitaire de l’Ademe. Désirer plus de sobriété, de simplicité et de créativité dans nos achats s’inscrit aussi je crois dans l’esprit de la fête de Noël !