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Sainte Cécile est considérée comme l'une des plus grandes martyres chrétiennes. Fêtée le 22 novembre, elle est citée au canon de la prière eucharistique, et a été déclarée patronne des musiciens en raison de son chant qui a, dit-on, continué de monter vers le ciel lors de son supplice. Son courage, la constance de sa foi et sa grande pureté de corps et d'esprit en font un exemple pour tous les chrétiens, et particulièrement pour les jeunes femmes. Cela, une autre grande sainte l'avait bien compris, grande sainte paradoxalement surnommée "petite Thérèse".
Alors qu'elle se rend à Rome pour obtenir du Pape l'impossible — son entrée au Carmel à 15 ans —, Thérèse Martin découvre la vie de cette jeune noble romaine qui convertit aussi bien son époux que son beau-frère païens. "Ah, quel voyage ! Il m'a plus appris par moi-même que les longues années d'études", écrit alors la petite Thérèse dans son journal l'Histoire d'une âme. "J'ai vu de belles choses, j'ai contemplé les merveilles de l'art et de la religion, j'ai surtout marché sur la terre même des apôtres, la terre trempée dans le sang des martyrs, et mon âme s'est dilatée au contact des choses saintes".
Un "coup de foudre" spirituel avec Cécile
En arpentant les rues de la ville éternelle, elle entre dans la basilique Sainte-Cécile-du-Trastevere, bâtie sur les restes de la maison de Cécile et Valérien. C'est le "coup de foudre" spirituel pour la jeune fille, qui rêvait encore de partir aux quatre coins de la Terre pour évangéliser et y subir le martyre :
"Avant le voyage à Rome, je n'avais pas de dévotion particulière pour cette sainte, mais en visitant la maison transformée en église [la basilique Sainte-Cécile du Trastevere], le lieu de son martyre, et en apprenant qu'elle a été proclamée reine de l'harmonie non pas à cause de sa belle voix ou de son talent pour la musique, mais en souvenir du chant virginal qu'elle a fait entendre à son Époux céleste caché au fond de son cœur, j'ai ressenti pour elle plus que de la dévotion : une véritable tendresse d'amie... Elle est devenue ma sainte préférée, ma confidente intime."
C'est ainsi que Thérèse consacra tout un poème à Cécile, écrit le 28 avril 1894. Elle l'envoya à sa sœur Céline, qui fêtait alors ses 25 ans tout en s'occupant de leur père, Louis Martin, malade. En voici un extrait :
Ô Sainte bien-aimée! je contemple ravie
Le sillon lumineux qui demeure après toi
Je crois entendre encor ta douce mélodie,
Oui, ton céleste chant arrive jusqu’à moi.
De mon âme exilée, écoute la prière
Laisse-moi reposer sur ton cœur virginal
Ce lys immaculé qui brilla sur la terre
D’un éclat merveilleux et presque sans égal.Ô très chaste Colombe, en traversant la vie
Tu ne cherchas jamais d’autre époux que Jésus,
Ayant choisi ton âme, Il se l’était unie
La trouvant embaumée de toutes les vertus.
Cependant un mortel, radieux de jeunesse,
Respira ton parfum, blanche et céleste fleur!
Afin de te cueillir, de gagner ta tendresse,
Valérien voulut te donner tout son cœur.(...)
Alors Valérien rêvait la jouissance,
Cécile, ton amour était tout son désir…
Il trouva le bonheur dans ta noble alliance
Tu lui montras la vie qui ne doit pas finir.(...)
Cécile, prête-moi ta douce mélodie
Je voudrais convertir à Jésus tant de cœurs!
Je voudrais comme toi sacrifier ma vie
Je voudrais lui donner et mon sang et mes pleurs…
Obtiens-moi de goûter sur la rive étrangère
Le parfait abandon, ce doux fruit de l’amour.
Ô ma Sainte chérie! bientôt, loin de la terre,
Obtiens-moi de voler près de toi sans retour…