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Du soleil méditerranéen, un week-end en amoureux sur une île paradisiaque, des looks qui tiennent compte des dernières tendances. Sur son compte Instagram, Mathilde cultive l’art et l’esthétique de la Dolce Vita. Elle y partage son univers coloré avec près de 40.000 abonnés, qui apprécient son sens expert du style, de la mode et de la déco ainsi que sa passion pour le voyage. Sans oublier "Bey bey Shah", un superbe matou au poil tigré et à l’allure princière, qui occupe une place de choix dans le cœur et sur la page Instagram de sa maîtresse. Mais au milieu de tout cet univers à l’esthétique parfaite, une photo détonne : celle du stade Vélodrome de Marseille, à l’occasion de la visite papale en septembre dernier. En légende, un extrait de l’homélie du Pape, sur l’Espérance et la fécondité.
S’il elle n’en fait pas un étendard, Mathilde ne fait pas mystère de sa foi sur Instagram. "Globalement je ne cache pas que je suis catholique pratiquante, mais je ne cherche pas non plus à le mettre en avant comme une étiquette", assure la jeune femme. "Je ne suis pas créatrice de contenu catho, je suis une créatrice de contenu mode et lifestyle, et je suis catho". Car si de plus en plus de chrétiens investissent les réseaux sociaux pour en faire de véritables plateformes d’évangélisation, d’autres témoignent en montrant leur foi dans la simplicité du quotidien, à travers leur talent, leurs centres d’intérêts, ou leur métier.
Être soi-même et parler de Dieu
"Au début, je ne pensais pas parler de ma foi sur Instagram, ça s’est fait par hasard", explique Albane de Marnhac, photographe et maman de deux enfants qui compte plus de 13.000 abonnés. "En 2013, lorsque j’ai créé mon compte, c’était principalement pour découvrir des bonnes adresses, pour le partage artistique et les voyages". Pour Mathilde, connue sous le nom de Mathouchefrançaise (10.300 abonnés), la foi s’est invitée aussi un peu par hasard sur son compte Instagram, dédié à la mise en valeurs de contenus pour des créateurs français. "J’ai commencé à parler de ma foi spontanément, je travaille parfois avec des créateurs catholiques, qui vendent des bijoux cathos, des livres sur la foi, des statuettes de la Vierge Marie", explique-t-elle.
"Au début, je ne voulais pas qu’on me colle l’étiquette catho, car j’avais peur de ne pas trouver du travail", raconte quant à elle Claire, illustratrice suivie par 15.400 abonnés à son compte Instagram. "Donc j’évitais d’en parler. Puis assez spontanément je me suis dit ensuite que si les gens n’ont pas envie de travailler avec moi parce que je suis catholique, je n’ai pas non plus envie de travailler avec eux. Avec mes dessins, je parle de ce qui est important pour moi, ma famille, l’espérance d’enfant et aussi la foi".
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Qu’il y ait un objectif professionnel ou le simple plaisir d’échanger des réflexions sur le quotidien, ces jeunes femmes ont toutes en commun de vouloir partager sur Instagram de façon authentique. "Je suis assez pudique sur ma foi, j’en parle un peu mais ce n’est pas au cœur de mes deux comptes", explique Albane. "Sur mon compte, il n’y a pas marqué “catholique”, mais si mon quotidien et mon regard de photographe peuvent témoigner de l’amour de Dieu, alors c’est génial".
Avec une belle plume, Joséphine Leroy, 29 ans, partage quant à elle sur sa page Instagram des billets d’humeur très appréciés auprès de ses près de 10.000 abonnés, où elle évoque sa vie de famille, sa foi et sa passion pour la nature. "J'y dépose des souvenirs, des textes, ces "petites choses qui font la vie" que je suis heureuse de garder mais aussi de partager", détaille-t-elle. "Je ne veux pas tout montrer sur Instagram, mais surtout, ne rien montrer qui ne se soit pas vrai ! À partir de là, ma foi faisant partie de ma vie, partie des belles choses de ma vie...ma foi a été évoquée de manière très naturelle."
Casser les codes
Ne pas cacher qui l’on est, sans pour autant vouloir en faire trop. "Si je dois évangéliser je veux que cela soit grâce à ce que je suis, pas ce que je dis, par ma vision de la vie plus que par des leçons de catéchisme", estime Mathilde. Et cela passe parfois par montrer une image dépoussiérée de la foi, en mettant à mal quelques stéréotypes qui continuent de poursuivre les catholiques. "J’aime par le biais de mon compte montrer une image peut-être un peu différente de celle que le monde se fait des cathos", poursuit Mathilde. "De montrer que la profondeur de la foi ne se mesure pas à la longueur de la jupe, comme j’aime le dire ; casser un peu les codes, mettre à mal les préjugés : être catho et branchée, yes you can !"
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Si certaines bousculent les codes, d’autres aiment en jouer, pour faire rire, et parler de Dieu. Sur sa page, Inès d’Oysonville, auteur de livres de spiritualité pour la jeunesse, utilise entre autres l’humour pour évangéliser. "Pendant le confinement, j'ai commencé à faire des vidéos humoristiques, mettant en scène une aristo poussiéreuse mais attachante et complètement décalée", raconte cette maman de 5 enfants. "J’ai vu que ça faisait beaucoup rire les gens, qui me disaient que ça leur faisait du bien. Je me suis dit que si le Seigneur m’a donné la capacité de faire marrer les gens, pourquoi pas en faire rire davantage."
Avec l’humour, l’art, la mode, ou simplement le quotidien, elles parviennent à montrer, chacune à leur manière que Dieu est partout, dans chaque aspect de la vie. Et qu’ainsi, Il a naturellement toute sa place sur les réseaux sociaux. Si son compte a d'abord une fonction professionnelle, Claire S2C assure qu'il est aussi devenu un véritable outil d'évangélisation. "Les posts qui plaisent le plus sont ceux dans lesquels je parle de Dieu", note-t-elle. "Sur les réseaux, comme dans le monde, il y a une vraie soif. Les gens en ont vraiment besoin".
Et les témoignages, bien souvent, affluent. "Je reçois des témoignages extrêmement émouvants", raconte Philippine Chauvin, qui tient le compte Les Grandes Familles. Mère de famille et photographe, elle partage avec ses 10.000 abonnés la simplicité et la poésie du quotidien, où le Christ a toute sa place. "C’est une récompense incroyable des quelques fois où c'est plus dur. À chaque fois que je poste des trucs sur le bon Dieu, j’ai des retours positifs, des gens qui posent des questions, qui sont interpellés. C’est aussi ce qui m’encourage, et qui permet de vaincre le côté un peu vaniteux qu’on peut trouver sur Instagram".
Toutefois, l'exposition implique nécessairement de ne pas toujours plaire, surtout lorsqu'il s'agit de parler de sa foi. "Je me rends compte que ça ne plaît pas à tout le monde, il y a beaucoup de gens qui me suivent pour les créations que je montre, et parfois en voyant un post ou une story catho, certains se désabonnent", remarque Mathilde de Mathouchefrançaise. Donc ça me dessert par moment."
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"Il m’est arrivé d’avoir des vidéos qui dépassent les 100.000 ou 200.000 vues, ce qui fait que l’on atteint des sphères de personnes tellement éloignés [de la foi], qui ne comprennent pas et qui peuvent donc être plus agressifs ou moqueurs", assure Inès d'Oysonville. "Alors simplement quand la vidéo fait trop de vues, je la supprime, parce que je sais que ça ne porte pas de fruit." Le tout est de ne pas perdre de vue l'essentiel : sa relation à Dieu, et sa vie personnelle. "Mon objectif c’est que ma page ne nuise pas à mon humilité et à ma vie de famille", poursuit-elle. "Si mon mari me dit que je prends la grosse tête, ou que mes filles au collège me disent qu’elles n’assument pas, je coupe ma page. J’espère avoir l’humilité de pouvoir tout arrêter si ça nuit à ma vie de femme, d’épouse et de mère."
Témoigner... et recevoir
Si certaines sont très à l'aise pour parler de tous les sujets qui ont un rapport avec la foi, d'autres préfèrent en laisser certains de côté, de peur de ne pas être comprises. "J'essaye de voir Instagram comme un outil global : il y a tout un panel de contenus", explique Joséphine. "Par exemple je n'ai pas forcément vocation à entrer dans des détails de théologie, il y a des prêtres pour cela qui ont reçu toutes les formations nécessaires et qui produisent sur les réseaux un contenu incroyable."
Mais si les commentaires négatifs et moqueurs ne sont pas à exclure, et s'il y a parfois quelques désertions, ces jeunes femmes assurent que les retours sont d'une manière générale, très positifs. "Sur Instagram, les abonnés non-croyants qui interagissent avec moi ont toujours été bienveillants, assure Agnès Auclair, qui partage son quotidien de mère de famille et de photographe sur son compte Instagram. Dotée d'une infatigable créativité, elle confectionne aussi de petites crèches en bois, qu'elle propose à ses abonnés. "Dernièrement, une dame me disait que bien qu'elle ne fut pas chrétienne, elle désirait acheter une de mes crèches, tant elles lui plaisaient. Cela m'a fait plaisir de savoir que la Sainte Famille pouvait s'inviter dans un foyer de cette façon".
Pour beaucoup d'entre elles, qui refusent la plupart du temps de se définir "influenceuses de Dieu", il y a plus de joie à donner qu'à recevoir. Et parfois, la grâce abonde. "Ce qui est beau, c'est que moi aussi, je me reconvertis intérieurement à chaque fois que je reçois ce type de témoignages édifiants, raconte encore Agnès Auclair. Il y a quelques jours, une connaissance du lycée m'a écrit sur Instagram pour me dire qu'elle avait rencontré Dieu à travers la Vierge Marie grâce à un article que j'avais publié sur [le blog] Le Secret de Marie. J'ai pleuré en la lisant. Elle me demandait pardon d'avoir ri de ma foi à l'époque où nous étions adolescentes. Elle me remerciait d'avoir contribué à ouvrir son cœur. Ce sont des perles pour la vie, qui fortifient et affermissent. Maintenant, cette jeune femme et moi serons liées au Ciel."