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Jaïre (ou Jaïrus), chef de synagogue ayant eu connaissance des pouvoirs de guérison de Jésus, le supplie de venir guérir sa fille gravement malade. Les Évangiles synoptiques relatent cet épisode entrecoupé de la guérison de la femme hémorroïsse et juste après celui du possédé de Gesara. Malheureusement, alors qu’ils sont en chemin, des serviteurs viennent apprendre à Jaïre que "(Ta) fille vient de mourir", les serviteurs ajoutant : "À quoi bon déranger encore le Maître ?" mais Jésus, en entendant ces paroles désespérées, s’adresse alors au prêtre abattu : "Ne crains pas, crois seulement." (Mc 5, 35-36) Ces derniers mots sont essentiels, car par ces derniers Jésus rappelle à cet homme religieux qu’il ne doit pas craindre et redouter, mais bien seulement avoir la foi, un des piliers fondamentaux du message christique.
Continuant alors le chemin, Jésus parvient à la maison du chef de la synagogue, mais là, Jésus ne souhaite être accompagné que de Pierre, Jacques et Jean. Entrant alors que toute la maisonnée est en pleurs et poussent des cris de lamentation, Jésus leur adresse ces mots surprenants : "Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort." Les Évangiles rapportent qu’on se moqua de lui mais Jésus n’en tint pas compte et demanda à ce que tout le monde sorte à l’exception de ses disciples, du père et de la mère de l’enfant. Viennent ensuite un geste – Jésus prend la main de l’enfant – et une parole "Talitha koum", ce qui signifiait "Jeune fille, je te le dis, lève-toi !"… Alors, la fille de Jaïre se réveilla de son sommeil de mort…
Trois résurrections anticipant celle de Jésus
Instantanément, la fille de Jaïre se lève et se met à marcher, nous apprenons par les Évangiles qu’elle avait douze ans et que toutes les personnes présentes furent frappées d’une grande stupeur. Avec la résurrection de Lazare, l’ami de Jésus, celle de la veuve de Naïm et ce dernier miracle, cela fait trois résurrections accomplies par Jésus, chiffre guère élevé au regard de la multitude des autres miracles qu’Il accomplit alors, mais symbolique pour sa propre résurrection à venir. Une fois de plus, Jésus ne souhaite pas être un faiseur de tours, un jongleur de miracles comme il en y en avait tant à son époque.
Sortir de la mort ne signifie pas revivre comme auparavant mais marcher à la suite du Messie.
Ce n’est pas l’admiration pour ses pouvoirs thaumaturgiques que Jésus recherche mais la résurrection spirituelle de chacun des miraculés qu’Il rencontre sur son chemin. Sortir de la mort ne signifie pas revivre comme auparavant mais marcher à la suite du Messie. Jésus donne en effet une dernière recommandation aux personnes présentes : ne rapporter à personne ce qu’Il venait d’accomplir, signe que là n’était pas ses priorités et que le secret messianique devait encore être préservé avant sa propre Résurrection…
Gustave Doré et la résurrection
L’artiste et graveur français Gustave Doré (1832-1883) est connu pour avoir illustré la Bible en 1866, une œuvre à la fois puissante et jouant des effets de lumière en des contrastes saisissants ainsi qu’il ressort de son évocation de ce miracle, la résurrection de la fille de Jaïre.
L’effet dramatique de la gravure se trouve accentué par la mise en scène en une salle digne d’un palais avec ses drapés majestueux et ses hauteurs de plafond. La lumière provient non pas des hautes fenêtres placées à l’arrière-plan mais de Jésus auréolé de majesté. Sa main touche la jeune morte alors que sa mère pleure son enfant agenouillée au pied du lit. Jésus, est sur le point de prononcer les mots de vie qui la feront sortir des ténèbres, ténèbres que l’artiste sut représenter avec un talent certain à l’image de ses nombreuses gravures, notamment celles de l’Ancien Testament.