Ils sont désormais moins de 1.000 dans cette enclave placée sous le feu des bombardements. Les chrétiens de Gaza ont trouvé refuge dans leurs églises et leurs écoles, situées principalement au nord de cette région que l'armée israélienne a demandé aux Gazaouis d'évacuer. Privés d'électricité, sans eau courante, leur seul espoir réside dans l'éventuel acheminement d'une aide humanitaire qui tarde à venir. Parmi les quelque 700 chrétiens, catholiques et orthodoxes confondus, qui survivent dans les locaux de la paroisse de la Sainte-Famille, se trouve une centaine d'enfants. Des enfants qui, dans la tourmente de la guerre, prient avec leur communauté, comme le montre une vidéo du Patriarcat Latin de Jérusalem. Le 28 octobre, les enfants réfugiés à la paroisse catholique de la Sainte-Famille ont été filmés en train de réciter le Notre-Père, le Je vous salue Marie, et le Sub tuum praesidium, prière mariale considérée comme la plus ancienne invocation à la Vierge (avant même le Je vous salue Marie). Son texte fut retrouvé au IIIe siècle, écrit en grec sur un papyrus égyptien.
"Sous l'abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.
Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l'épreuve,
mais de tous les dangers délivre-nous toujours,
Vierge glorieuse et bénie."
"Nous voulons juste la paix, la paix. Nous avons eu six guerres à Gaza. Les enfants ne connaissent que la guerre", se désole de son côté sœur Nabila, religieuse du Saint Rosaire, auprès de l'AED. Après les attaques sanglantes du Hamas dans les kibboutz situés autour de la bande de Gaza, Tsahal a engagé une massive opération de représailles qui n'a pas épargné la communauté chrétienne, dont la présence était déjà fortement affaiblie : 18 chrétiens ont été tués au cours d'un raid qui a touché une partie de l'église orthodoxe Saint-Porphyre, le 19 octobre. Parmi eux, se trouvait une enseignante de l’école des sœurs du Rosaire, ainsi que toute sa famille et d’autres enfants qui assistaient à la catéchèse paroissiale. La veille, les Patriarches et les Chefs des Églises de Jérusalem s'étaient exprimés dans une déclaration commune, rappelant la nécessaire mission des différentes Églises en Palestine :
Malgré les demandes militaires incessantes d'évacuer nos institutions et nos lieux de cultes, nous n'abandonnerons pas notre mission chrétienne, car il n'y a pas d'autre endroit sûr vers lequel les innocents peuvent se tourner. (...) Notre Seigneur Jésus-Christ nous appelle à exercer notre ministère auprès des plus vulnérables. Nous ne devons pas le faire qu'en temps de paix. L'Église doit agir particulièrement en temps de guerre, puisque c'est là que la souffrance humaine est à son apogée.
Dans le chaos, la vie chrétienne tente de suivre son cours : au sein de l'église de la Sainte-Famille, la messe est célébrée deux fois par jour, les catholiques y prient le chapelet et se rassemblent lors d'adorations eucharistiques. Le dimanche 15 octobre, un petit garçon, Daniel Alaa Shaheen, a même reçu le baptême à l'âge de onze mois.