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Il y a 60 ans, le 10 octobre 1963, s'éteignait l'une des plus grandes voix que la France ait connu. Une voix puissante contenue dans un si petit bout de femme à la recherche d'amour absolu. C'est elle, "la Môme", dont les habitants de Belleville se souviennent chaque année fidèlement, et pour laquelle ils veulent prier. Dans ce quartier du XIXe arrondissement de Paris, Édith Piaf a grandi. Elle y a aussi reçu le baptême, en l'église Saint-Jean-Baptiste : c'est là qu'une messe de requiem sera célébrée samedi 14 octobre, pour le repos de son âme.
Depuis le cinquantenaire de sa mort, une messe est célébrée tous les ans pour cette icône de la chanson française. "Son souvenir demeure fort, c'est l’enfant du quartier. Les générations de nos grands-parents ont été bercées par ses chansons, et tous, nous en connaissons au moins une. Elle a marqué la France et même le monde !", relève l'abbé Bruno de Mas Latrie, vicaire et prêtre de la paroisse Saint-Jean-Baptiste qui célèbrera la messe. Si Édith a marqué par sa voix, elle a aussi laissé le souvenir d'une âme tourmentée. Mais cette vie tumultueuse — d'aucuns diront dissolue—, était aussi "un véritable cri vers Dieu", estime l'abbé Bruno. "Toutes ses chansons sont pétries de quelque chose qui relève presque, à mon sens de la foi du charbonnier. Édith Piaf a cherché Dieu toute son existence, un peu comme quelqu'un qui cherche sa route, parfois à l'aveugle. Elle était en quête d'un amour absolu, même dans ses égarements."
Un souvenir indélébile
Beaucoup de monde est attendu pour la messe : outre les paroissiens et les habitants habitués de l'événement, seront présents les membres de l'association des amis d'Édith Piaf et plusieurs des proches de la chanteuse, notamment sa belle-famille. Après la messe, la tombe où repose Édith et son dernier époux sera bénie, et un concert reprenant ses chansons sera donné sur le parvis de l'église. "Édith aurait tout à fait pu, elle aussi, chanter sur le parvis d'une église. Elle a fait ses débuts dans la rue. Il y a aussi évidemment une dimension missionnaire à tout cela : qui sait ? Peut-être que cela permettra à des gens qui n'ont jamais mis les pieds dans une église ou dans cette église d'y entrer", déclare le père Bruno.
Des reliques de sainte Thérèse de Lisieux, initialement conservées à Notre-Dame des Victoires, seront exposées pendant la messe. Rien d'étonnant lorsque l'on connaît la profonde dévotion qu'entretenait la Môme à l'égard de cette petite sainte, à qui elle attribue sa guérison d'un grave problème de vue. Âgée de 6 ans, elle devenait totalement aveugle, et recouvrait la vue après un pèlerinage à Lisieux. Dans les feuilles de chants, se glissera d'ailleurs une image de Thérèse, avec une prière au verso. Une manière de confier le quartier de Belleville à la jeune carmélite, pour l'abbé Bruno. "Elle a promis une pluie de roses. Nous lui faisons confiance."
Prier pour les défunts, un acte de charité
Prier pour le repos de l'âme d'Édith tout comme pour celles des autres défunts : c'est ce qu'invite à faire l'Église catholique, rappelle le prêtre, et ce même en dehors de la Toussaint. "L'Église se divise en trois : l'Église céleste constituée de ceux qui sont au Ciel; l'Église terrestre où nous sommes de passage; et l'Église souffrante constituée de toutes les âmes du purgatoire qui attendent d'être auprès de Dieu pour l'éternité. Prier pour cette Église est un acte de charité. Il est très important de prier pour nos morts qui n'ont pas encore trouvé le repos éternel, car ces âmes souffrent d'être séparées de Dieu. Nous ne prions pas pour qu'Il soit miséricordieux puisqu'Il l'est de tout temps, mais pour que l'âme puisse un jour accueillir cette miséricorde. C'est ce que nous demanderons pour Édith Piaf."