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Daniel Comboni, une vie entière consacrée à l’Afrique

DANIEL COMBONI
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Anne Bernet - publié le 08/10/23
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Fils de paysans pauvres italiens, Daniel Comboni devint le premier évêque de l'Afrique centrale et l’un des plus grands missionnaires de l'histoire de l'Église. L’intuition prophétique de ce prêtre était de « sauver l’Afrique par l’Afrique ». L’Église le fête le 10 octobre.

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Il faut certainement un sens du devoir et une foi hors du commun à la Signora Camboni lorsque, en 1854, son fils Daniele, tout récemment ordonné prêtre, lui confie son rêve de partir porter l’évangile en Afrique. Très modestes métayers de Limone sul Garda, près de Brescia, où Daniele est venu au monde le 15 mars 1831, les Camboni ont eu huit enfants, et les ont perdus un à un, à l’exception de celui-là, le quatrième de la fratrie, qui s’est donné à Dieu et maintenant veut s’exiler sans retour. Stoïque, sa mère se borne à répondre : « Va où Dieu t’appelle. »

Enfant intelligent et brillant, Daniele a été éduqué à Vérone, chez les Missionnaires de l’abbé Mazza, un prêtre qui s’est voué à racheter sur les marchés aux esclaves d’Afrique de l’Est des enfants qu’il ramène en Italie pour les faire baptiser et les éduquer. Il est donc normal que le petit Camboni soit tôt fasciné par cet apostolat et ce continent encore mystérieux, largement inexploré, lent à s’ouvrir au Christ faute de missionnaires. Cependant, lorsque Daniele est en âge de partir à son tour, les buts de son Institut ont commencé d’évoluer et, tout en continuant d’arracher de jeunes captifs aux trafiquants qui les convertissent de force à l’islam, l’abbé Mazza songe de plus en plus à implanter ses prêtres dans des missions locales qui évangéliseront ces populations animistes, parmi les plus pauvres et les plus abandonnées du monde. 

Encore faut-il pour cela des vocations. Elles manquent car le continent noir attire moins que l’Extrême-Orient et ses chances de martyre, moins que l’Océanie. Si l’espérance de vie d’un Occidental n’y excède pas quatre ans, il s’agit de morts sans gloire, victimes de maladies tropicales, de misère, d’accidents, d’épuisement, ou d’assassinat car, entre les marchands d’hommes et les sorciers, les missionnaires ont nombre d’ennemis. Il faut un vrai dévouement pour s’y donner.

Sauver l’Afrique par l’Afrique

Lorsque Daniele débarque à Khartoum, en 1857, il sait à quoi s’attendre, comme il l’écrit à ses proches : « Nous devrons nous fatiguer, transpirer, mourir, mais la pensée qu’on transpire et qu’on meurt par amour du Christ et le salut des âmes les plus abandonnées du monde est trop douce pour nous faire renoncer à cette grande entreprise. » Ce qu’il en coûte, il le constate bientôt, en voyant mourir les compagnons débarqués avec lui. Au soir des obsèques de l’un d’entre eux, il s’exclame : « Ou l’Afrique, ou la mort ! » Telle sera à l’avenir sa seule devise.

En fait, le fonctionnement de l’Institut fait que Camboni revient en Italie à intervalles réguliers afin de ramener les enfants sauvés. C’est au cours d’un de ces séjours, en 1864, alors qu’il prie à Saint-Pierre de Rome et se désole du relatif échec de ses efforts qu’il a une « illumination ». Il faut changer de stratégie d’évangélisation afin de pouvoir, rapidement, « sauver l’Afrique par l’Afrique », autrement dit aider les Africains à prendre l’évangélisation de leur continent en mains. Si les missionnaires italiens s’intéressent d’abord au Soudan et à l’Éthiopie, sur lesquels leur pays à des vues, Camboni rêve d’étendre la mission à toute l’Afrique centrale.

La mobilisation des pères conciliaires

Infatigable, pendant des années, il démarche cardinaux, évêques, têtes couronnées et puissants d’Europe afin de les sensibiliser au sort de l’Afrique, donne des conférences, fonde la première revue missionnaire italienne, Les Annales du Bon Pasteur, puis en 1867 son propre Institut, les Missionnaires camboniens, auxquels se joindra en 1872 une branche féminine, les Sœurs des missionnaires camboniens, les « Pieuses Mères » dont la création est une révolution, voire un scandale, car l’on n’a jamais osé envoyer des femmes missionnaires en Afrique. 

L’Œuvre est malmenée, certes, mais, dans l’intervalle, en 1870, Camboni, conseiller théologien de l’évêque de Vérone, l’a accompagné au premier concile de Vatican et a réussi à intéresser soixante-dix pères conciliaires à la grave question de l’évangélisation de l’Afrique centrale, permettant la signature d’une pétition de soutien à cette tâche. Cette sensibilisation de l’Église permet, en 1877, à Daniele d’être nommé vicaire apostolique d’Afrique centrale, puis d’en devenir évêque l’année suivante. 

Contre l’esclavage

Dès lors, il se partage entre son diocèse et l’Italie, accompagnant régulièrement de nouvelles religieuses venues se former dans la maison qu’il a ouverte au Caire. À l’évangélisation proprement dite, Mgr Camboni ajoute sa participation à plusieurs expéditions d’exploration dans des régions où aucun blanc n’a encore mis les pieds et une lutte inlassable contre la traite et l’esclavage, qui ne lui vaut pas que des amis.

À l’été 1881, il revient à Khartoum pour son huitième et dernier séjour africain. Saisi de fièvre, il doit s’aliter et meurt le 10 octobre, confiant en l’avenir : « Je meurs mais mon œuvre qui est de Dieu ne mourra pas » assure-t-il. Il a raison. Et d’ajouter à l’intention de ceux qui le plaignent : « Je suis heureux dans la croix. » Mgr Camboni a été béatifié en 1996 et canonisé en 2003.

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