Alors que des dizaines de milliers de juifs sont en pèlerinage à Jérusalem à l'occasion de la fête juive de Souccot, les incivilités contre les chrétiens et leurs symboles, se multiplient dans la ville sainte et témoignent d'un climat qui ne cesse de se dégrader depuis plusieurs mois déjà. Dernier exemple en date, cette vidéo, datée du dimanche 1er octobre et qui a fait le tour du monde grâce aux réseaux sociaux.
On y voit un groupe de pèlerins asiatiques sortir du couvent de la Flagellation, sur la Via Dolorosa, pour débuter un chemin de croix avec une grande croix en bois. En sens inverse, arrivent un groupe de juifs ultra-orthodoxes qui reviennent du Mur Occidental après l’office matinal de Souccot, et qui se mettent à cracher au sol en croisant le groupe chrétien.
Depuis le début de la fête de Souccot, du 29 septembre au 7 octobre cette année, qui attire des dizaines de milliers de juifs en pèlerinage, les vidéos et les photos de ces crachats contre des chrétiens sont quotidiennes et inquiètent, devant l'escalade de la violence et de l'intolérance.
"Ces violences doivent cesser", a tweeté le nouveau Consul Général de France, Nicolas Kassianides, ajoutant "par ailleurs, les auteurs de ces attaques – presque toutes filmées et documentées – doivent être tenus pour responsables. En cette période de fêtes et de nombreux pèlerinages, nous exprimons nos plus vives préoccupations. »
Si les autorités israéliennes n'ont pour le moment pas mis en place de sanctions "faute de plaintes déposées", elles ont condamné ces crachats, notamment via un tweet du bureau du du Premier ministre israélien indiquant que "les comportements déviants à l’égard des fidèles constituent un sacrilège et sont tout simplement inacceptables. Toute forme d’hostilité à l’égard de personnes pratiquant leur religion ne sera pas tolérée". Mais ce tweet, écrit en anglais, ne fait pas explicitement référence aux chrétiens. De leurs côtés, plusieurs rabbins se sont exprimés sans équivoque pour condamner ces gestes, notamment le grand rabbin ashkénaze David Lau qui a estimé que "de tels phénomènes sont injustifiés et ne devraient certainement pas être attribués à la loi juive".
Si ces dernières vidéos ont fait le tour du monde, le phénomène n'est pas nouveau, et depuis plusieurs mois, le climat semble se durcir. Déjà à la mi décembre 2022, l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre sainte (AOCTS) avait publié un communiqué s'inquiétant de "la détérioration progressive de la situation sociale et politique générale en Terre sainte", indiquant que les "déclarations faites par des membres qui font partie de la coalition gouvernementale très clivantes envers la communauté arabe ou non juive". Un climat politique qui n'aiderait pas à l'apaisement.
Côté chrétien, la récente élévation au titre de cardinal du patriarche de Jérusalem, Pierbattista Pizzablla donne un peu d'espoir pour avoir une voix forte en Terre sainte. Lors d'une conférence de presse en septembre 2023, suite à l'annonce de sa nomination comme cardinal, il a ainsi confié qu'il était très conscient et très soucieux de ces attaques, et qu'il était en étroite collaboration avec les autorités civiles et religieuses du pays . "Il est très important de travailler discrètement, avec sagesse, et de laisser les autorités religieuses s’adresser à leurs propres fidèles pour leur faire comprendre que le respect de l’autre est quelque chose qui n’est pas facultatif, mais qui est une nécessité pour tous, partout, même ici", avait-il ensuite ajouté.