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Le pape François a effectué les 22 et 23 septembre derniers un déplacement de 27 heures à Marseille afin de conclure les Rencontres méditerranéennes dont la troisième édition se tenait dans la ville depuis le 17 septembre précédent. On attendait un voyage politique avec un discours correspondant du Pape sur la situation des migrants en Méditerranée quelques jours après l'arrivée massive de plusieurs milliers d'entre eux sur l'île italienne de Lampedusa.
On disait aussi que la venue du pape François s'effectuait à Marseille et non en France même si rapidement le président de la République française s'était invité à la messe du samedi célébrée au stade-vélodrome. On prévoyait enfin que l'accent ayant été mis à plusieurs reprises sur la caractère multiculturel de la Cité phocéenne et aussi à cause de la courte durée du déplacement, que le Pape n'irait pas vraiment à la rencontre de la communauté catholique. Tout cela est resté en partie vrai mais François a néanmoins déjoué les pronostics comme il a déjà eu l'occasion de le faire dans d'autres circonstances.
Changement de dimension
Il ne faut pas oublier que le Pape est le chef spirituel des catholiques du monde entier et c'est très logiquement par une démarche religieuse qu'il a commencé son périple en se rendant dès son arrivée à la basilique Notre-Dame de la Garde pour une prière mariale avec le clergé du diocèse de Marseille. C'est après qu'il s'est effectivement rendu au mémorial en forme de croix camarguaise dédié aux marins et aux migrants disparus en mer où, aux côtés des représentants des autres confessions, il a une nouvelle fois martelé son message pour un accueil généreux des populations déplacées, dénonçant "le fanatisme de l'indifférence" et appelant à "un sursaut de conscience pour prévenir un naufrage de civilisation".
Le Pape a rappelé la doctrine catholique de l'option préférentielle pour les pauvres.
Finalement, le lendemain samedi 23 septembre, c'est bien en France que le Pape s'est retrouvé, avec la présence, dès le matin, d'Emmanuel Macron et de son épouse qui l'ont accompagné jusqu'au Palais du Pharo où se sont déroulées les conclusions des Rencontres méditerranéennes. Mais c'est surtout en se rendant l'après-midi au Stade-Vélodrome pour la célébration de la messe que le Pape a pu mesurer la présence du peuple de France venu le saluer pendant sa descente, dans sa célèbre papamobile, de l'avenue du Prado. Il semble bien qu'à ce moment-là, la visite papale a changé de dimension en devenant une véritable manifestation populaire où François a pu mesurer, peut-être à son étonnement, l'affection que les Français portent à la fois à sa personne et à sa fonction. De fait, au-delà de ses prises de position qui restent plus ou moins appréciées de ses auditeurs, on a pu constater, pour la première fois en France, une réelle unanimité en sa faveur.
L’expérience du "tressaillement"
Et son homélie, prononcée au cours de la messe rassemblant quelque 60.000 fidèles, en dépit ou à cause justement de son contenu abrupt, n'a pas démenti cette impression. Commentant le mystère de la Visitation, le Pape a souligné que "l'expérience de la foi, en plus d'un tressaillement devant la vie, provoque aussi un tressaillement devant le prochain". Et d'en tirer les conséquences pratiques :
C'est le contraire d'un cœur froid qui se blinde dans l'indifférence, insensible au tragique rejet de la vie humaine, qui est refusée à nombre de personnes migrantes, à nombre d'enfants pas encore nés, à nombre de personnes âgées abandonnées
En invitant ainsi les catholiques à simultanément accueillir les migrants, s'opposer à l'avortement et refuser l'euthanasie, le Pape a rappelé la doctrine catholique de l'option préférentielle pour les pauvres. Bonne occasion pour les chrétiens de différentes sensibilités, conservateurs et progressistes, de faire leur examen de conscience afin d'apprécier la cohérence de leurs choix. Sans doute le Pape aimerait-il que son appel soit entendu au-delà de la communauté catholique mais là, il y a encore fort à faire. C'est peut-être ce qu'il faut entendre par le mot de conclusion du pape François à l'issue de la cérémonie : "N'oubliez pas de prier pour moi, ce travail n'est pas facile."