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Marseille : la véritable histoire du mémorial des marins où va se recueillir le pape François

Monuments aux disparus en mer Marseille

Le mémorial des disparus en mer, à Marseille.

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Cécile Séveirac - publié le 21/09/23
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Le pape François est attendu à Marseille dès le 22 septembre. À son arrivée, il se rendra presque immédiatement à la basilique Notre-Dame de la Garde, et observera un moment de recueillement près d'une stèle dédiée à la mémoire des disparus en mer. Un monument à l'histoire bien particulière.

C'est une petite stèle humble, surmontée d'une grande croix de Camargue qui semble montrer le ciel tout en embrassant la mer du regard. Elle porte les noms de ceux qui ne sont jamais revenus de leur voyage méditerranéen, et dont on n'a jamais pu repêcher les corps, jalousement gardés par l'eau. On la trouve dans les jardins du Palais du Pharo, lieu emblématique de la cité phocéenne.

Difficile alors - voire impossible - de faire son deuil lorsque le corps de l'être aimé n'a pu être retrouvé, relève Jean-Philippe Rigaud. Diacre des marins et coordinateur de la pastorale maritime diocésaine, ancien marin dans la marine marchande, c'est lui qui, avec le père René Tanguy, Breton de son état, se lance dans la laborieuse entreprise de fonder une pastorale maritime à Marseille à la fin des années 1990, alors inexistante. Elle se met lentement en place, avec la création d'un foyer d'accueil pour les marins d'abord, puis la célébration de messes des marins à Notre-Dame de la Garde et l'ouverture d'une aumônerie à l'École nationale de la marine marchande. En 2003, Sébastien Rigal, 23 ans, disparaissait en mer alors qu'il était embarqué sur un navire de l'École. "Ses parents savaient que leur fils se rendait parfois à Notre-Dame de la Garde. Ils nous ont demandé si un lieu existait là-haut pour les disparus en mer. En leur répondant non, nous nous sommes dits que cela clochait", se rappelle Jean-Philippe Rigaud. Après avoir retrouvé une plaque commémorative située au pied du grand escalier qui mène à la basilique, il organise avec l'aumônerie une procession devant ce petit bout de marbre défraîchi, sur laquelle l'inscription était devenue presque illisible avec le temps.

Marseille, Marins

Aider à faire le deuil

C'est un commandant de la marine marchande qui vient un jour signaler à Jean-Philippe Rigaud un endroit repéré par ses soins pour y bâtir un monument digne de ce nom. Autrefois 15e station du chemin de croix correspondant à la Résurrection, elle aussi est en piètre état car inutilisée, le chemin de croix s'arrêtant à la 14e station. Une croix camarguaise y est dressée. "C'était presque une invitation, car elle est populaire à Marseille. Les gens qui la connaissent l'aiment beaucoup. Avec la Mission de la mer, nous avons donc préparé un dossier pour le diocèse afin de demander à réhabiliter cet endroit pour y mettre un monument", explique Jean-Philippe Rigaud.

En 2008, le mémorial est érigé, et porte son premier nom, celui de Sébastien. Deux ans plus tard, s'ajoute celui de François-Xavier Maurel, disparu après une virée en jet-ski avec sa fiancée Céline dont le corps avait été retrouvé. Puis, en 2010, un commandant de la Marine marchande ayant porté assistance à une embarcation de migrants au large du Maroc demande à faire graver sur le monument une inscription en mémoire de ceux qui n'ont pu être secourus et ont péri lors de leur traversée clandestine. C'est ainsi que figure aujourd'hui la mention "aux péris et disparus en mer, victimes de l'immigration clandestine", sur le mémorial. Neuf ans plus tard, le naufrage du Bourbon Rhode cause la disparition de sept marins dans l'Atlantique. Lundi 25 septembre sera l'anniversaire du naufrage. "La compagnie viendra se recueillir et déposer une gerbe sur la stèle en leur mémoire. Sans qu'on le sache, les gens passent, viennent, prient, mettent des fleurs… C'est devenu un lieu de prière."

Un lieu clé de la visite du Pape

Le 22 septembre, c'est sur ce lieu désormais symbolique que viendra se recueillir le Pape pour un hommage particulièrement orienté vers les migrants morts en mer. Une venue inattendue pour Jean-Philippe Rigaud et les membres de la Mission de la Mer. "Cela paraît absolument incroyable que le seul monument devant lequel le Pape va se recueillir en France soit cette stèle. Nous n'avons jamais voulu en faire quelque chose de spectaculaire, et pourtant le Pape s'y rend, c'est un beau cadeau de la Providence", s'enthousiasme l'ancien marin qui y voit aussi un moyen de donner plus de visibilité à la mission d'accompagnement pastoral des marins. "C'est un merveilleux moyen de montrer que l'Église est présente partout, dans tous les domaines. C'est cela l'Église des périphéries, elle est ouverte sur le monde."

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