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Après deux ans de combat contre le cancer, Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié, est décédé vendredi 8 septembre 2023, à l'âge de 61 ans. L'annonce de sa mort a bouleversé les fidèles catholiques ainsi que de nombreux évêques qui n'ont pas manqué de rendre hommage à sa mémoire. "La tristesse de sa famille que nous partageons, la tristesse de tous les fidèles du diocèse, notre tristesse, bien naturelle en ce moment de séparation douloureux trouve réconfort en la miséricorde de Dieu et en la Résurrection du Christ", avait réagi le diocèse de Saint-Dié au lendemain de sa mort. Dans son homélie prononcée le jour des obsèques de l'évêque, Mgr Daucourt, évêque émérite de Nanterre, a rendu hommage à un pasteur qui "s’est mis résolument à la suite du Christ et a tout misé sur lui". "Sa certitude de la présence de l’Esprit du Christ en lui, dans l’Église et dans le monde, donnait à Didier une joyeuse liberté lui permettant, par exemple, d’être vraiment miséricordieux et en même temps très exigeant en tout ce qui concerne la fidélité à l’évangile et la vérité de la vie en Église", a-t-il encore souligné.
"Proclamation de la Parole de Dieu, intercession pour le défunt, sa famille et ses amis, action de grâce pour tout ce que le Seigneur a fait pour lui et par lui. Voici la liturgie catholique des funérailles. Nous intercédons pour notre frère Didier, pécheur comme nous. Nous croyons que par la prière, nous pouvons nous soutenir les uns les autres non seulement entre vivants sur la terre mais aussi avec ceux et celles qui sont passés par la mort physique. Ils sont vivants parce que, par sa mort et sa résurrection, le Christ a rétabli la communion entre Dieu et l’humanité d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Soyons attentifs car il y a un vocabulaire commun mais qui n’est pas chrétien : "J’ai perdu mon père…il a perdu sa sœur…nous avons perdu notre évêque..." Non, frères et sœurs catholiques des Vosges, vous n’avez pas perdu votre évêque et nous, nous n’avons pas perdu notre frère, notre ami. Selon Augustin, le saint évêque d’Hippone, "jamais nous ne perdons ceux que nous aimons car nous pouvons les aimer en celui en qui rien ne se perd". Il n’y a donc pas interruption totale de la relation avec notre frère l’évêque Didier. Il y a échange de biens spirituels. (cf.Lumen gentium 49) Dans la foi et l’espérance, nous le remettons à la miséricorde du Seigneur et nous croyons qu’il continue de nous aimer, dans et par le Christ, afin que nous ayons la Vie. Se découvrant bénéficiaire de cette Vie dès sa jeunesse, Didier s’est mis résolument à la suite du Christ et a tout misé sur lui. Il a vite compris qu’il était appelé à être non seulement bénéficiaire mais aussi témoin et instrument à la suite de l’unique Bon Pasteur venu pour que les brebis aient la Vie et l’aient en abondance.
Et nous voici entrés dans l’action de grâce. Pour nous aider à remercier le Seigneur de tout ce qu’il a fait pour et par son serviteur Didier, j’ajoute mes quelques paroles aux nombreux témoignages rendus ces derniers jours. Sur le chemin de notre vie, nous avons reçu en cadeau un frère, un oncle, un ami, un collaborateur, un pasteur qui, malgré et avec ses faiblesses et ses fragilités, a fait fructifier les richesses de son humanité et de sa foi afin que nous ayons la vie.
Sa certitude de la présence de l’Esprit du Christ en lui, dans l’Église et dans le monde, donnait à Didier une joyeuse liberté lui permettant, par exemple, d’être vraiment miséricordieux et en même temps très exigeant en tout ce qui concerne la fidélité à l’évangile et la vérité de la vie en Église. Sa capacité de discernement, dans l’ordinaire comme dans l’extraordinaire, m’étonnait et me réjouissait. Il percevait que dans certaines circonstances il valait mieux ne pas citer un verset de la Parole de Dieu mais plutôt une répartie des "Tontons flingueurs". Oui, humour et fermeté, souplesse et exigence, fruits de cette liberté que donne le Christ, fruits qui permettent de rester dans l’amour sans tergiverser avec la vérité quand on est vicaire ou curé, chancelier ou supérieur de séminaire, prêtre ou évêque ou simplement ami.
C’est aussi cette liberté reçue du Christ qui lui permettait de ne pas se laisser impressionner par le pessimisme, la méfiance et les injustes critiques diffusées dans l’Église par les peureux et les nostalgiques. Parfois j’ai pensé qu’il était visionnaire. Lisez ce qu’il a écrit sur les prêtres à faire revenir de leur exil… prêtres trop souvent variables d’ajustement…parfois sacrifiés sur l’autel de la territorialité. Voyez sa prise de position sur l’euthanasie, et son refus qu’elle soit présentée comme une mort dans la dignité. Retrouvez son point de vue respectueux et confiant quand il a rendu compte de sa mission de représentant des évêques de France au synode allemand.
Sa vocation et ses engagements œcuméniques ne lui venaient pas seulement de ses racines chrétiennes protestantes et catholiques. "J’aime aller à la rencontre des peuples et des cultures", disait-il. Dans son cœur et dans sa tête arrivaient en premier les peuples d’Ukraine et de Russie et bien avant les tragiques événements de ces temps-ci. C’est encore sa foi et sa liberté qui lui ont donné de regarder souvent au-delà de son Église et au-delà de la France. Foi et liberté lui permettaient également d’accueillir tout ce qu’il y a de vrai et de bon dans ce que produisent les différentes sources d’information. Par contre les incessantes références médiatiques à une Église en crise…L’effondrement de l’Église… Une Église qui va vers l’implosion… tout cela ne le touchait guère. Les erreurs, les scandales, les problèmes dans l’Église, il les connaissait, il ne les niait pas. L’Église était pour lui, toujours et avant tout ce Corps dont le Christ est la tête et dont l’Esprit assure la communion dans la diversité. Lucidement, calmement, fermement et librement, souvent avec cet humour que nous lui connaissions, il était évêque pour une Église non pas dos au mur mais face au large.
Nous avons, les uns et les autres, tant d’autres motifs pour adresser notre action de grâce au Christ qui, dans cette eucharistie nous prend avec Didier dans son offrande au Père. Je termine en mentionnant encore un de ces motifs : sa persévérance dans l’amour. "Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’ au bout" (Jn 13,1). Imitant son Seigneur, son frère, son modèle, l’évêque Didier a aimé jusqu’au bout. Nous en avons eu une preuve lumineuse et impressionnante ces deux dernières années. Rendons gloire à Dieu !"